Quarante centimètres de neige fraîche, un petit moins 4 degrés à la montagne, une journée fantastique pour le ski, hier. Sauf que le ski de vitesse étant ce qu'il est, il fallait préserver le parcours et permettre aux bénévoles et à la machinerie de le dégager. Le premier entraînement de descente de la Coupe du monde de Lake Louise a donc été annulé.

La plupart des athlètes, reconnaissables à leur moustache de novembre, sont allés se délier les jambes dans la poudreuse avant de rentrer au Château pour le lunch.

Quelques membres de l'équipe canadienne se sont ensuite présentés à la salle de presse. Les Canadian Cowboys ont déjà eu plus fière allure. Même le relationniste de Canada Alpin a un pied dans une attelle.

«Oui, mais ça s'améliore, a précisé l'entraîneur-chef Paul Kristofic. Ils sont sur la bonne voie.»

Encouragé par le comportement des siens lors d'un récent séjour au Colorado, où ils se sont mesurés aux Américains, Autrichiens et Norvégiens, Kristofic ne se raconte cependant pas d'histoires. La Coupe du monde de Lake Louise, dont la descente prévue samedi lancera officiellement la saison de vitesse, ne risque pas d'être une occasion pour célébrer, comme ce fut souvent le cas depuis cinq ou six ans.

Erik Guay accuse du retard

Erik Guay, le leader de l'équipe, accuse du retard après avoir manqué les entraînements estivaux sur neige pour soigner son dos. Physiquement et techniquement, le champion du monde de descente montre des signes encourageants. Mais il aura besoin de temps pour retrouver ses marques en vitesse.

«Je ne m'attends pas à un grand week-end de sa part, a admis Kristofic. J'aimerais le voir solidement dans les points, un top 15 est certainement réaliste, mais je ne m'attendrais pas à le voir se battre pour un podium ici. C'est prématuré.»

Les attentes sont aussi modérées pour John Kucera (fractures), Robbie Dixon (commotion) et Jan Hudec (dos), qui étaient en convalescence.

L'histoire de Kucera est la plus intrigante. L'ancien champion mondial de descente n'a pas disputé une seule course depuis sa terrible blessure subie ici lors du super-G en novembre 2009. Il s'était infligé une double fracture ouverte tibia-péroné à la suite d'une chute qui a mal tourné. Des dommages aux tissus ont compliqué sa guérison.

En février, Kucera était sur la bonne voie quand il a subi une fracture au même tibia. Il ouvrait le parcours d'une descente du circuit Nor-Am et l'un de ses skis a bêtement décroché. Il s'est retrouvé sur sa jambe faible et il est tombé. Retour à la case départ pour le skieur de Calgary. Heureusement, l'opération a permis de solidifier le tibia grâce à une vis et à une greffe d'os de la hanche.

«Je skie sans douleur, ce qui représente une avancée immense, a souligné Kucera. Je ne pense plus à ma jambe quand je skie, ce qui est fantastique. C'est plus naturel, je dirais. Cela dit, je n'ai pas fait beaucoup d'entraînements de vitesse et j'ai vraiment besoin de plus de temps pour revenir au plus haut niveau.»

Kucera a appris à skier à Lake Louise. Il y a connu parmi ses plus beaux moments en course, comme cette première victoire en Coupe du monde en 2006 et cette deuxième place en 2008 en super-G. L'athlète de 27 ans sera nerveux lorsqu'il s'élancera sur la Men's Olympic Downhill avec le dossard 23, aujourd'hui, mais rien d'inhabituel, croit-il. L'an dernier, il est repassé sur les lieux de son accident sans émotion particulière.

«Je n'ai aucun ressentiment contre cette piste», a affirmé Kucera, qui décidera après les entraînements s'il prendra le départ de la course samedi. «Avec l'histoire que j'ai ici, bonne et mauvaise à la fois, à la maison, devant les miens, ce serait vraiment un retour spécial.»

À l'image de Kucera, Dixon et Hudec parlent d'une année de «reconstruction» en vue de la saison 2012-2013 et des Championnats du monde de Schladming, en Autriche. Si l'équipe reste en santé, le coach Kristofic espère «quelques podiums» en vitesse plus tard cet hiver.

En attendant, il se tourne vers ses jeunes, qu'il juge prêts à percer le top 30 et ainsi marquer des points. Il a nommé Benjamin Thomsen, Dustin Cook et le Québécois Louis-Pierre Hélie, qui se remet, eh oui, d'une grave blessure à un genou.