Après un hiver cauchemardesque marqué par une avalanche de blessures, Canada Alpin a pris le taureau par les cornes et tient présentement à Calgary son tout premier Sommet sur la sécurité. L'objectif est de réduire le nombre de blessures sur le circuit compétitif national, mais aussi de proposer des mesures à la Fédération internationale de ski (FIS).

Participant et observateur attentif, Erik Guay s'intéresse surtout à la façon dont les résultats des travaux seront soumis à la FIS. Ancien représentant des athlètes, le champion du monde de descente semble sceptique quant à la possibilité d'influencer les bonzes de la fédération internationale.

«C'est important d'avoir de bonnes discussions, mais si on veut que la FIS nous écoute, il faut qu'on soit concentrés sur deux ou trois éléments concrets. Ensuite, il faudra faire une présentation qui a de l'allure», a prévenu Guay en entrevue téléphonique, hier.

À ses yeux, la préparation des pistes est l'élément le plus prometteur pour améliorer rapidement la sécurité des skieurs sur le circuit de la Coupe du monde. Les pistes injectées d'eau, lisses et ultradures, ont contribué à l'hécatombe au cours des dernières années.

Guay est d'avis que des pistes aux surfaces plus inégales permettraient de réduire les vitesses tout en contribuant au spectacle. «Quand on pense aux années 70 et 80, il n'y avait pas d'injection, pas de dameuses, a-t-il rappelé. Les pistes étaient un peu plus bosselées, les vitesses moins élevées, mais c'était aussi plus excitant à regarder à la télé. Il y avait plus d'action.»

Un uniforme qui permettrait une plus grande pénétration de l'air et réduirait la vitesse des skieurs, est aussi une avenue privilégiée par Guay. Le matériau composant l'uniforme pourrait aussi être «abrasif», ce qui augmenterait la sécurité des athlètes lors des chutes. «Ce serait simple et facile à mettre en place, a-t-il souligné. En ce moment, ça accélère quasiment!»

Des changements aux skis et aux fixations ont également fait l'objet de discussions à Calgary. Guay y croit moins. «Il y a déjà eu des changements de règlements, comme les skis plus larges, et on a vu que ça n'a rien changé par rapport à la vitesse. Ce n'est pas l'avis de tout le monde, mais je trouve qu'on perd un peu notre temps là-dessus.»

Guay veut éviter l'opération

Depuis décembre 2009, l'équipe canadienne a perdu 10 skieurs pendant une période prolongée, dont plusieurs vedettes comme John Kucera, Manuel Osborne-Paradis, François Bourque et Kelly VanderBeek. L'équipe autrichienne a aussi été particulièrement éprouvée avec les blessures sérieuses à Mario Scheiber, Hans Grugger, Georg Streitberger et Benjamin Raich.

De son côté, Guay a été ralenti par des maux de dos, qui n'ont rien à voir avec la sécurité, plutôt avec l'usure du temps. Espérant une amélioration, il n'a strictement rien fait sur le plan physique depuis le 18 mars, date de la dernière Coupe du monde de la saison. «Habituellement, je recommençais après une semaine. Je trouve ça long.»

Le skieur de 29 ans a sollicité plusieurs opinions médicales, consultant entre autres un médecin des Oilers d'Edmonton. De retour à Mont-Tremblant aujourd'hui, il prévoit rencontrer d'autres médecins québécois et ontariens.

Pour l'heure, Guay écarte l'idée d'une opération, la jugeant «trop risquée». À son retour à l'entraînement, à la mi-mai, il a déjà prévu changer son approche, évitant les charges trop lourdes et privilégiant le conditionnement en piscine plutôt que la course à pied. «Ce sont de petits changements, mais j'espère que ce sera plus facile pour moi, a-t-il dit. Il n'y a pas grand-chose à faire, sinon d'essayer de protéger mon dos.»