Cinq mois de duels intenses entre Maria Riesch et Lindsey Vonn se sont terminés brutalement au saut du lit samedi à Lenzerheide, avec l'annulation du géant de clôture qui a permis à l'Allemande de gagner pour la première fois, à 26 ans, la Coupe du monde de ski alpin.

Comme le craignait Lindsey Vonn, qui s'était fait déloger la veille de la tête du classement général deux jours après sa propre prise de pouvoir, brouillard et précipitations ont empêché la tenue d'une ultime explication.

Par trois points, Maria Riesch a ainsi mis fin à trois années de domination de sa meilleure ennemie sur le circuit féminin et rapporte à l'Allemagne son premier grand globe de cristal depuis sa grande Katja Seizinger en 1998.

«Je me suis battue tout l'hiver pour l'avoir. Ne dites pas que je l'ai gagné sans me battre», a insisté la Bavaroise, infiniment soulagée d'avoir résisté à la belle remontée du mois de mars de sa rivale.

Avec 16 podiums -dans chaque discipline- dont six victoires en 33 courses, la double championne olympique a réalisé de loin sa meilleure saison en Coupe du monde, durant laquelle elle a inscrit au total 1728 points. Lindsey Vonn a signé une victoire de plus, mais un podium de moins, et n'est pas repartie bredouille avec ses trois petits globes des disciplines (descente, super-G et super-combiné).

Et si...

«Gagner ou perdre, je voulais juste avoir la chance de le faire. Je suis effondrée», a lâché la championne olympique de descente.

Et même si l'Américaine aurait bien aimé que l'épreuve par équipe dimanche soit remplacée par une des deux courses féminines annulées en Suisse cette semaine, le règlement de la Fédération internationale de ski (FIS) stipule bien qu'aucune épreuve des Finales ne doit être reportée... Dans le but justement d'éviter d'infinies querelles et tractations entre les nations.

«Il y a plusieurs manières de le prendre. Il n'y aura peut-être pas un seul jour qui passe sans que je repense à cela et que je me dise «et si..» Mais la première chose, à laquelle je pense maintenant, c'est à quel point j'ai besoin de travailler fort cet été pour continuer à gagner des courses de ski», a raconté la star du circuit féminin. En soulevant ses haltères, elle pourra méditer notamment sur ce super-G en Suède qu'elle a perdu d'un centième derrière Riesch.

L'Allemande Viktoria Rebensburg s'est elle aussi fait souffler une victoire en géant d'un centième par la Française Tessa Worley cette saison. Mais la championne olympique pouvait se féliciter d'avoir repris le dossard rouge de leader au petit bolide français la semaine dernière, pour pouvoir brandir le globe de géant samedi, sans chausser les skis.

Dans le brouillard le plus complet et dans de la neige mouillée, le slalom masculin a bien eu lieu, lui. Le champion du monde du slalom, le Français Jean-Baptiste Grange, s'y est perdu les spatules dès la première manche. Et sans flamboyance, loin du vainqueur l'Italien Giuliano Razzoli, le Croate Ivica Kostelic (18e) a terminé son incroyable saison avec le troisième globe de l'année.

«Je suis comme une batterie vide», a lâché le Croate de 31 ans, ému aux larmes. Lui n'a pas gagné de trois points le classement général de la Coupe du monde -sa championne de soeur Janica avait perdu le grand globe en 2005 du même écart- , il a écrasé toute concurrence dès janvier pour finir avec 400 points d'avance sur son dauphin, le Suisse Didier Cuche.