Même si le suspens était éventé depuis la fin janvier, le Croate Ivica Kostelic a gagné mathématiquement la Coupe du monde de ski alpin 2011 depuis samedi, au terme de la deuxième descente de Kvitfjell remportée par l'Autrichien Michael Walchhofer, de nouveau en rouge.

Cette fois, le gros globe de cristal ne peut plus lui échapper. À cinq épreuves de la fin de la saison, qui s'achèvera le 19 mars à Lenzerheide en Suisse, le grand frère de l'ex-reine du circuit Janica, avec ses 518 points d'avance au classement général, est hors de portée de son dauphin, le Suisse Didier Cuche.

Comme les autres cadors, le vice-champion du monde de descente n'avait d'ailleurs pas la moindre prétention de lui contester, tant les jeux semblaient déjà faits depuis l'incroyable début d'année du Croate, qui entre le 2 janvier à Munich et le 30 janvier à Chamonix s'était adjugé sept des quatorze épreuves au programme -deux slaloms, trois combinés, un super-G et un slalom parallèle.

En Norvège, Cuche était lui bien plus absorbé par la bataille pour le petit globe de la descente avec Walchhofer, et y a perdu des plumes.

En deux courses, le Suisse, 5e vendredi et 7e samedi, a dilapidé ses 65 points de capital pour accuser un déficit de 14 points sur son grand rival, monté lui deux fois sur le podium norvégien, avant leur ultime explication mercredi prochain.

«J'ai gagné toutes les classiques de la Coupe du monde. Mais je n'avais jamais encore gagné à Kvitfjell, et je suis content d'avoir saisi la dernière chance que j'avais de le faire», a souligné l'Autrichien de 35 ans, dont la carrière sportive s'arrêtera dans moins d'une semaine.

Le 4e des Kostelic

Sur la piste des jeux Olympiques de 1994 scintillante sous le soleil, Walchhofer s'est imposé devant son compatriote Klaus Kröll et le Suisse Beat Feuz, vainqueur de la première descente la veille, pour s'offrir le 19e succès de sa carrière sur le circuit, le quatrième de sa tournée d'adieux.

Si Ivica Kostelic commençait à commenter son sacre dès vendredi, le Croate attendra le terme de la saison pour le célébrer. Car il lui reste encore deux chances, avec le globe du super-G et surtout celui du slalom, d'étoffer cet hiver l'impressionnante collection de trophées familiale, qui représente à elle seule tout le palmarès du ski croate.

«Le globe du général, pour nous, c'est la plus grande chose que l'on puisse accomplir dans sa carrière en ski alpin», a estimé le triple vice-champion olympique. Pour mieux assurer son premier grand globe, le quatrième des Kostelic, il avait délaissé une semaine les Championnats du monde en février, après avoir pris la médaille de bronze en super-G.

Désormais libéré, le Croate compte bien ne pas lâcher la Coupe du monde de slalom qu'il a à portée de main, n'en déplaise au champion du monde français, Jean-Baptiste Grange: «Si je pouvais choisir, j'aimerais bien avoir le globe du super-G, car je ne l'ai pas. Mais soyons réalistes, je suis plus proche du globe du slalom. Cela fait neuf ans que j'attends d'en avoir un autre.»

Cuche sanctionné

Le Suisse Didier Cuche a écopé d'un avertissement et d'une amende de 5000 francs suisses (5236 $) à la suite d'un échange verbal musclé jeudi avec le directeur des compétitions masculines de la Coupe du monde de ski, Günter Hujara, a annoncé samedi la Fédération internationale (FIS).

Au soir de l'entraînement sur la piste de Kvitfjell, le vice-champion du monde de descente avait appelé le directeur de courses pour critiquer un saut, selon lui, trop dangereux pour la sécurité des coureurs. «Si vous n'abaissez pas le saut, et que rien ne se passe, je n'hésiterai pas à vous attaquer publiquement», lui aurait dit le coureur, selon les propos rapportés par la FIS.

Le saut a bien été raboté de quelques centimètres en vue des deux descentes du week-end, vendredi et samedi. Mais le jury de course n'a pas apprécié «cette offense» et a décidé, vendredi soir, à l'unanimité de sanctionner le coureur pour «conduite antisportive».

Écoeuré par la tournure des événements, Didier Cuche a décidé samedi de se retirer de la commission des athlètes des disciplines de vitesse: «Je n'ai jamais critiqué toute la piste, mais simplement le saut. Je pense qu'en tant que membre de la commission des athlètes, ça fait partie de mon boulot de dire ces choses et c'est exactement ce que j'ai fait. Et maintenant c'est moi, le seul couillon.»

«Je ne voulais pas en faire une grosse affaire, j'ai appelé Günter pour lui dire que j'étais désolé si on s'était mal compris, mais il en a fait une grosse affaire», a ajouté le triple vainqueur du petit globe de cristal de l'épreuve reine. «Cela me touche plus que de finir septième, et de perdre la tête de la Coupe du monde de descente»

En janvier, le même peu conciliant Günter Hujara avait menacé de sanction le Croate Ivica Kostelic, le leader de la Coupe du monde, qui avait lui aussi critiqué la FIS pour n'avoir pas modifié le premier saut de la redoutable piste de descente de Kitzbühel, au lendemain de la terrible chute de l'Autrichien Hans Grugger.