À l'aube des Mondiaux de Garmisch-Partenkirchen, les bonnes nouvelles sont rares pour l'équipe canadienne de ski alpin. Depuis quelques semaines, le directeur médical est la personne la plus souvent citée dans les communiqués de presse.

Mais tout n'est pas noir dans le cirque blanc. Après une pause salutaire d'une semaine à la maison, Marie-Michèle Gagnon est de retour en grande forme. La skieuse de 21 ans a fini septième du slalom de la Coupe du monde d'Arber-Zwiesel (Allemagne), hier, son meilleur résultat à vie entre les piquets.

«Je suis vraiment contente et même un peu surprise parce que j'espérais un top 30 aujourd'hui. Un top 10, c'est vraiment autre chose. Ce n'était pas dans les plans, mais on les prend toujours», a commenté Gagnon, jointe au téléphone en début de soirée.

Sa réalisation n'est pas banale. Aucune slalomeuse canadienne n'a fait mieux en Coupe du monde depuis la cinquième place de Betsy Clifford à Berchtesgaden (Allemagne) en janvier... 1976. Karen Percy s'était aussi classée septième d'un slalom à Aspen en 1988. «Je n'étais même pas née!» a réagi Gagnon lorsque mise au fait de cette statistique. Son meilleur résultat jusque-là en slalom était une huitième place à Ofterschwang il y a deux hivers.

Partie avec le dossard 31, Gagnon a réalisé le 19e temps de la première manche, disputée dans le vent et le brouillard. Les organisateurs avaient d'ailleurs choisi d'intervertir le slalom et le géant prévu aujourd'hui compte tenu des prévisions météo. «On savait que ce ne serait pas une belle journée, que ce serait une bataille du haut jusqu'en bas», a dit la Québécoise, qui a néanmoins souligné la qualité de la neige.

Soulagée de participer à la deuxième manche, son objectif initial, Gagnon s'est permis de tout lâcher à son retour dans le portillon. «Je savais que je pouvais faire encore mieux. En deuxième manche, c'est sûr qu'il y a moins de traces sur le parcours. Comme on sait qu'on part avant les meilleures, on se dit que c'est notre chance de montrer ce qu'on est capable de faire. On peut y aller à fond. Il n'y a rien qui nous retient.»

Gagnon a signé le troisième chrono de cette deuxième manche. Au total, elle a complété l'épreuve en 1:58,05, cédant 2,86 secondes à la gagnante, l'Autrichienne Marlies Schild, auteure d'une cinquième victoire en sept slaloms cette saison. La Slovaque Veronika Zuzulova et la Finlandaise Tanja Poutiainen ont respectivement fini deuxième et troisième.

«Je skie bien, j'ai beaucoup d'énergie, je me sens beaucoup plus forte sur mes skis», a dit Gagnon.

Elle attribue ce regain à un séjour d'une semaine chez elle à Lac-Etchemin, dans la région de Bellechasse. Ça lui a fait un peu mal au coeur de rater les épreuves de super-G de Cortina, mais elle admet qu'elle avait besoin de ce ressourcement. Après un excellent début de saison, dont une cinquième place au géant de St. Moritz en décembre, la fatigue commençait à la rattraper. Elle avait vécu le même genre de creux de vague avant les Jeux olympiques de Vancouver, l'hiver dernier.

«Des fois, on a vraiment besoin de retourner à la maison pour se changer les idées, ne pas être autour des mêmes personnes, sortir du milieu du ski, a souligné Gagnon. C'est vraiment rafraîchissant. Ça peut paraître simple à dire, mais ça fait vraiment une grosse différence.»

Gagnon est retournée sur les pentes du Mont-Orignal, où une surprise de taille l'attendait. Par un samedi glacial, les gens de la montagne ont procédé à l'inauguration d'une piste portant son nom, surnommée le «Pitch à Mitch». Tout un honneur pour celle qui se souvient avoir skié sur la piste «Mélanie Turgeon» au mont Sainte-Anne. «Je me disais que ce serait tellement le fun d'avoir une piste à mon nom un jour...»

Après un slalom géant prévu aujourd'hui à Zwiesel, Gagnon s'attaquera aux Mondiaux de Garmisch, qui s'ouvrent mardi. Un menu copieux l'attend. La polyvalente athlète prendra part à quatre épreuves, peut-être cinq si les entraîneurs décident de l'inscrire à la descente.