«Beau petit spectacle aujourd'hui, hein?» Erik Guay avait envie de jaser. Sa semaine de compétition à Kitzbühel était finie et il semblait délesté d'une tonne de pression. Il avait l'air heureux d'un explorateur qui fait découvrir un univers caché. Les 45 000 spectateurs massés à l'arrivée, la musique, les drapeaux, les fumigènes. Ce schuss final où il venait de plonger à 135 km/h.

Heureux de faire découvrir son sport, sa vie: «C'est bon que tu voies ça. C'est dur à expliquer au monde, ils ne comprennent pas. On ne peut pas comprendre avant de le voir.»

Guay venait de finir 16e de la descente, remportée avec maestria par le Suisse Didier Cuche, qui entre dans la légende en égalant le record de l'Autrichien Franz Klammer, quatre fois victorieux sur la Streif. La veille, le skieur de Mont-Tremblant avait pris le 11e rang au super-G. Invité à évaluer ces résultats, il s'est accordé une note de «5 sur 10». «Mais parce que c'est un retour et que c'est Kitzbühel, je me donne 8 sur 10», a-t-il dit.

La semaine a été compliquée. Après le ski, il travaillait d'arrache-pied avec la physiothérapeute pour renforcer les muscles stabilisateurs autour de son dos. Le soir, il sautait dans sa voiture pour se rendre à St.Johann, en Tyrol, où l'attendait un acuponcteur.

Pendant les courses, son dos ne l'a pas embêté. Sur la Streif, il pensait à autre chose. Mais aussitôt les skis enlevés, la raideur le regagnait.

Un examen d'imagerie par résonance magnétique passé à Innsbruck lui a appris qu'il a une jambe plus courte que l'autre. Un centimètre et demi. Rien d'inusité, mais cela lui occasionne néanmoins un déséquilibre au niveau des hanches. Avec les impacts et les forces générées en ski alpin, ça pose problème. Pour le moment, il se contente de porter une semelle compensatoire dans un soulier. L'été prochain, il compte fouiller la question davantage. Un ami et ancien entraîneur lui a parlé d'un spécialiste à Montréal. «Ce sont des blessures de skieur, a dit l'athlète de 28 ans. Le dos est tellement sollicité en ski. Souvent, quand on se fait mal une fois, on dirait que c'est difficile de revenir à 100%.»

D'ici la fin de la saison, il devra se contenter de gérer. Le temps presse avant les Mondiaux, qui s'amorceront le 7 février à Garmisch-Partenkirchen (Allemagne), là où il s'est emparé du globe du super-G la saison dernière. Il ne lui reste que la descente de Chamonix, samedi prochain, et le super-G d'Hinterstoder, la semaine suivante, pour s'y préparer.

Confiance

La clé sera de rebâtir sa confiance. Sans quoi il est difficile d'attaquer et de réprimer l'instinct naturel qui commande d'adopter des trajectoires plus prudentes. Une réaction imperceptible à l'oeil, mais que Guay sent très bien dans ses bottes.

«Il y a un niveau où c'est facile de skier, a-t-il expliqué. Après, pour se dépasser, c'est là que ça devient dur. Il faut qu'on se fasse confiance, qu'on se dise: oui, je vais le faire. C'est facile de le penser, mais quand arrive le moment, ce l'est moins...»

Guay reprend l'entraînement aujourd'hui et demain, dans le cadre de séances avec les Norvégiens dans le Sud Tyrol italien. «Je vais pousser comme un malade toute la semaine pour être capable d'y aller à fond à Chamonix.»

Le «meilleur sur la planète»

Ivica Kostelic continue d'engranger les points. Deuxième du slalom hier, derrière le Français Jean-Baptiste Grange, électrique en deuxième manche, le Croate s'est facilement imposé au combiné (la descente et les deux manches de slalom), en conclusion de la Coupe du monde de Kitzbühel. «C'est le meilleur week-end de ma carrière», a dit Kostelic, surprenant gagnant du super-G vendredi. «Personne ne s'attendait à cette victoire en super-G. Moi non plus. Il n'y a que de bonnes choses qui m'arrivent en ce moment.»

Si Kostelic reste en santé, il sera très difficile à rattraper dans la course au grand globe de cristal. Avec 17 courses à faire, il détient une priorité de 401 points sur le Suisse Silvan Zurbriggen. «Il est tellement dans une zone incroyable, c'est le meilleur skieur sur la planète», a dit Julien Cousineau, 15e du slalom, tout juste derrière son compatriote Brad Spence. Ralenti dans sa préparation par des soucis à un genou et au dos, le slalomeur de Lachute, 17e à Wengen une semaine plus tôt, a confié que la confiance n'est pas au maximum. Il s'en promet demain pour la classique nocturne de Schladming, où il avait fait cinquième l'an dernier, prélude à une remarquable poussée. Ryan Semple, de Mont-Tremblant, s'est classé 11e du combiné.