Didier Cuche est vraiment le maître de la Streif. Le skieur suisse a remporté la descente de la Coupe du monde de Kitzbühel, samedi, signant ainsi la quatrième victoire de sa carrière sur la piste la plus renommée au monde.

Avec cette victoire à Kitzbühel, Cuche, 36 ans, entre dans la légende, égalant le record du grand Franz Klammer, l'Autrichien considéré comme le plus grand descendeur de tous les temps.

Une semaine après avoir échappé la première place par 14 centièmes chez lui à Wengen, Cuche n'a laissé aucune chance à ses rivaux en Autriche. Il s'est imposé par l'impressionnante marge de 98 centièmes sur l'Américain Bode Miller, revenu au plus haut niveau après une première moitié saison difficile en descente. Le Français Adrien Théaux, dossard 28, a causé la surprise du jour en se hissant au troisième rang (+1,18 seconde), décrochant le deuxième podium de sa carrière en Coupe du monde, un premier en descente.

Parti tout juste avant, le Canadien Erik Guay a fini 16e (+2,54 s), un résultat conséquent avec les maux de dos qui l'ont mis sur la touche pendant plus de trois semaines.

Cuche a franchi la mythique Streif en 1:57.72 pour déloger l'Américain Miller, meneur jusque-là. En traversant la ligne, il a mis du temps à réagir, croyant à tort qu'il avait commis trop de fautes pour espérer une victoire. Le Neuchâtelois a perdu son bâton au départ et dit avoir emprunté la mauvaise trajectoire dans deux passages clés. «Aujourd'hui, je pense que c'est la première fois que j'étais surpris d'être devant», a réagi Cuche au bas de la piste. «Je savais que Miller était rapide et qu'il serait dur à aller chercher. Alors c'est pour ça que j'en ai douté.»

Cuche a aussi senti un délai dans la réaction des 45 000 spectateurs, probablement sous le choc qu'aucun skieur autrichien ne puisse rivaliser avec le Neuchâtelois. «Incroyable, j'ai envie de secouer la tête. En plus, le public a mis un petit peu long à chauffer, c'est pour ça que du coup, je me suis dit : non, ça n'a pas suffi.»

Et pourtant, Cuche a remporté la descente de Kitzbühel pour la troisième fois en quatre ans. Il avait aussi gagné en 1998 sur une descente-sprint disputée sur un parcours raccourci. Voilà pourquoi Cuche, aussi gagnant du super-G ici l'an dernier, ne se voit pas l'égal de Klammer : «Je considère que j'en ai gagné trois et demi parce qu'il n'a jamais eu à disputer de sprint. Si je ne reviens pas l'an prochain, peut-être alors je pourrai dire que j'en ai gagné quatre...»

Comment Cuche explique-t-il ses succès sur la Streif? «Une des choses les plus importantes est que je ne suis jamais tombé ici, a répondu Cuche. Ça aide beaucoup. Je n'ai jamais dépassé mes limites. Je crois que je me rapproche beaucoup de cette limite, mais je ne vais pas la dépasser. Ça peut laisser penser que je ne tomberai jamais ici. C'est ce que je souhaite.»

Avec cette victoire, la quinzième de sa carrière mais sa première de l'hiver, Cuche est devenu, à 36 ans et cinq mois, le plus vieux gagnant d'une Coupe du monde. Marco Büchel, du Liechtenstein, avait 36 ans et trois mois quand il a enlevé le super-G de Kitzbühel en 2008. «Je suis fier de cette marque, mais pas de l'avoir enlevée à Marco, qui est un ami», a dit le skieur helvète.

L'Autrichien Michael Walchhofer, principal rival de Cuche pour le globe de la descente, a chuté et accuse dorénavant un retard de 10 points.

Avant de s'élancer, Guay a dû attendre quatre minutes supplémentaires puisque la course a été interrompue par une chute apparemment sans gravité du Croate Natko Zrncic-Dim, le coureur qui le précédait au départ.

Le skieur de Mont-Tremblant n'a pas commis d'erreurs majeures, mais il n'a pas été en mesure de s'engager suffisamment dans les passages qui le commandaient.

«Il faut remettre les choses en perspective. C'était un retour plus qu'autre chose. Normalement, une 16e place, je trouverais ça bien normal, mais vu que je n'ai pas skié beaucoup ces derniers temps, je dirais que je suis quand même satisfait de ma semaine ici», a évalué Guay, 11e vendredi au super-G.

Son dos ne l'a pas ennuyé durant la course, mais il ressentait une certaine raideur une demi-heure après sa descente. «J'ai fait trois bonnes manches ici, je pense que ça va dans la bonne direction», a conclu le meilleur super-géantiste au monde l'hiver dernier.

Manuel Osborne-Paradis a poursuivi son hiver frustrant, sortant de parcours un peu passée la mi-course. «J'ai pris une trajectoire trop agressive et je me suis retrouvé dans la neige molle», a expliqué le skieur britanno-colombien. À l'inverse, la recrue Benjamin Thomsen a réalisé une autre prestation impressionnante, se faufilant jusqu'au 26e rang (+3,47) en dépit de son dossard 50. L'Albertain de 23 ans avait fini 16e à Val Gardena en descente. Ryan Semple, de Mont-Tremblant, a réalisé le 46e temps. On le reverra demain pour les deux manches de slalom qui serviront aussi à établir le classement du combiné.

Deux jours après la terrible chute d'Hans Grugger, la descente du Hahnenkamm a été marquée par une autre chute spectaculaire, aux conséquences moins graves cette fois. L'Italien Siegmar Klotz s'est envolé dans la traverse juste avant le schuss final, s'écrasant sur le piste glacée avant de glisser jusqu'en dans les filets de sécurité. Il a été héliporté jusqu'à l'hôpital de St. Johann, où il a été soigné pour une fracture de la main, des contusions sur tout le corps et une commotion mineure. Il passera la nuit à l'hôpital.