Le Suisse Daniel Albrecht veut recourir «au plus vite» en Coupe du monde mais l'encadrement de l'équipe helvète préfère toujours freiner l'allant du Valaisan, près de deux ans après sa violente chute à Kitzbühel (Autriche) qui lui a valu trois semaines de coma.

«Je n'en peux plus d'attendre», affirmait Albrecht lundi à Aspen après avoir servi d'ouvreur dans un géant de catégorie inférieure afin de se tester dans l'espoir de courir dimanche le géant de Coupe du monde de Beaver Creek (Colorado).

Le Suisse avait déjà clamé à Lake Louise (Canada) sa volonté d'être au départ des premières épreuves de vitesse de la saison mais avait dû se ranger à l'avis de l'encadrement, qui préfèrerait que son retour se fasse en géant.

Sa participation au géant de Beaver Creek ne semble néanmoins pas entrer dans les plans de l'encadrement suisse.

Lundi à Aspen, Albrecht a en effet chuté après avoir enfourché à cause d'un problème de visibilité alors qu'il ouvrait la première manche de la course.

«Ce n'est pas bon signe, ça prouve qu'il n'est pas prêt, il n'a pas encore atteint le niveau qu'on lui demande», tranche l'entraîneur Autrichien Sepp Brunner, qui dirige le groupe des coureurs polyvalents suisses.

Le 22 janvier 2009, une terrible chute dans le saut final de la Streif, à près de 140 km/h lors d'un entraînement de descente, avait laissé Albrecht avec un traumatisme crânien assorti d'une hémorragie cérébrale et d'un aplatissement du poumon. Après trois semaines de coma artificiel, il avait subi plusieurs mois de rééducation pour réapprendre à parler et à se mouvoir normalement.

«Son retour se fera en géant, pas en descente, assure Brunner. Mais lui donner sa chance en géant dès maintenant peut être prématuré car il a encore une marge de progression et sera plus fort en janvier. Si on lui donne le feu vert maintenant, on va peut-être le regretter dans deux mois...»

L'encadrement suisse, prudent et calculateur, veut protéger le statut de départ d'Albrecht. Près de deux ans après son accident, il fait en effet encore partie du petit lot de coureurs qui bénéficient des premiers dossards et donc profitent des meilleures conditions de course. La Suisse veut qu'Albrecht soit à même de défendre son statut dès ses premières courses pour ne pas le voir dégringoler dans les abysses des dossards élevés et pénalisants.

Le Valaisan, lui, voit les choses différemment: il veut (re)faire son métier, coûte que coûte, et savoir où il en est.

«Je veux prendre un départ en Coupe du monde au plus vite, j'ai envie de passer ce nouveau pallier, dit-il. Je ne sais pas vraiment si je suis prêt mais à un moment il faut arrêter de tergiverser. C'est certain que j'aurai beaucoup de problèmes à me qualifier pour la seconde manche lors de mon premier géant. Mais si on ne court pas, on ne sait pas où l'on se situe.»

«En montrant ma volonté de prendre un départ, j'ai provoqué un débat avec les entraîneurs et maintenant on peut discuter de ce qu'il est judicieux de faire», analyse aussi le champion du monde 2007 du super-combiné.

«Je veux courir le géant de Beaver Creek, assure Albrecht, mais il faut savoir si cela a un sens et si les entraîneurs me font confiance.»