Sombre, glacé, pentu à l'extrême. Le glacier de Sölden n'est pas le théâtre le plus invitant pour ouvrir la saison de la Coupe du monde de ski alpin. Surtout quand on revient d'une déchirure du ligament croisé antérieur.

Mais Jean-Philippe Roy et François Bourque ne sont pas responsables de la programmation du Grand cirque blanc. Ils feront donc leur grand retour dimanche prochain à l'occasion du traditionnel slalom géant d'ouverture de Sölden, en Autriche. L'épreuve féminine est présentée dès demain.

Roy, 31 ans, sait très bien ce qui l'attend dans le mur principal du glacier Rettenbach: «Ça pousse longtemps et ça tape beaucoup. Vu que c'est à pic, ce n'est pas un ski qui est smooth. Des fois, on ne voit plus rien et on dirait que notre casque va se sortir de notre tête!»

Au bout du fil, le skieur de Sainte-Flavie se permet de rire. Comme tous les cracks du ski, ce genre de défi l'emballe. Peu importe si sa préparation a été limitée par l'opération à un genou qu'il a subie au début de l'année. En Nouvelle-Zélande, l'été dernier, et à Tignes, depuis le début du mois, Roy a pu faire les trois quarts du volume d'entraînement prévu sur la neige. Il doit se limiter pour prévenir l'inflammation. Au moins, les sensations sont bonnes quand il peut s'élancer. «Je suis quand même chanceux, j'ai 10 ans d'expérience derrière moi, fait remarquer celui qui est devenu papa d'un deuxième garçon en mars dernier. L'instinct revient à l'entraînement. Sinon, j'essaie de le faire mentalement quand je ne peux pas le faire physiquement. Je fais des descentes dans ma tête.»

Roy peut ainsi penser à sa neuvième place obtenue l'an dernier à Sölden. Ce résultat lui avait permis de se qualifier pour les Jeux olympiques de Vancouver. Il n'a cependant pas pu honorer sa place puisqu'il s'est déchiré un ligament croisé du genou lors du slalom géant de Val d'Isère, le 13 décembre, sa deuxième blessure du genre en cinq ans.

Une semaine plus tard, à Val Gardena, François Bourque tombait lui aussi au combat pour une déchirure du croisé. Dans son cas, il s'agissait d'une récidive après seulement 13 mois. De quoi inciter à la prudence, surtout en l'absence d'une échéance olympique cette saison. Mardi dernier, le Gaspésien ne savait donc pas s'il prendrait le départ à Sölden, où il a fini 28e l'an dernier. «Je n'ai pas l'intention d'y être juste pour être un figurant, prévenait-il. Si je suis prêt, je vais y aller, sinon ce n'est pas plus grave que ça.»

Il semble que les derniers jours d'entraînement l'ont convaincu puisqu'il est annoncé pour dimanche. Chose certaine, son genou a extrêmement bien répondu à l'opération. «C'est le jour et la nuit comparé à l'an passé, a noté le skieur de 25 ans. Je suis super positif, ça va super bien à l'entraînement.»

Son seul souci était son manque de constance. Rien de surprenant quand on a raté deux saisons presque complètes. Bourque, qu'on ne verra pas en descente cet hiver, prône donc la patience, encouragé en ce sens par ses entraîneurs. «Je trouve que ç'a pas mal changé avec eux, a-t-il constaté. Ils nous écoutent un peu plus. Je vieillis aussi... Je commence à me connaître plus.»

Erik Guay

Il fallait s'y attendre, Erik Guay, champion de la Coupe du monde du super-G, sera aussi de la partie à Sölden. Le skieur de Mont-Tremblant avait fini 16e dans cette discipline aux JO. Son dernier géant en Coupe du monde remonte à celui d'Äre, en mars 2009. Des points en géant pourraient lui permettre d'accéder au top 10 du classement général, voire mieux. Plus surprenante est la présence de Manuel Osborne-Paradis, véritable spécialiste de la descente. Robbie Dixon et Dustin Cook compléteront la sélection canadienne.

Chez les femmes, demain, trois jeunes Québécoises défendront les couleurs canadiennes: Marie-Pier Préfontaine, à peine 22 ans, Marie-Michèle Gagnon, 21 ans, et Victoria Stevens, 20 ans, membre du «groupe prospect» qui fera ses débuts en Coupe du monde.