Mike Smith prévoyait faire faux bond à ses coéquipiers du Lightning de Tampa Bay, jeudi soir, dans le but d'assister au slalom féminin que disputera vendredi son amie de coeur Brigitte Acton.

Même si les joueurs du Lightning ont recommencé à s'entraîner mercredi en vue de la reprise du calendrier de la LNH, la semaine prochaine, le gardien de 27 ans a reçu la permission de rater une séance d'entraînement afin d'aller encourager la skieuse franco-ontarienne.

«Il va être là pour la course et il va repartir tout de suite après, a indiqué Acton lors d'un entretien avec La Presse Canadienne. Il a demandé à l'entraîneur s'il pouvait venir et on lui a dit que c'était correct.»

Ce sera seulement la deuxième fois que Smith assistera en personne à une course d'Acton, une athlète née à Sault Ste. Marie, en Ontario, qui s'est ensuite installée chez ses grands-parents à Mont-Tremblant. La première fois, c'était à Aspen, au Colorado, alors que le gardien avait profité du fait que son équipe jouait un match à Denver, contre l'Avalanche.

Le couple, qui partage une maison à Tampa Bay pendant la saison morte, s'est formé à l'été 2006. C'était à l'occasion du tournoi de golf de Marty Turco, un ancien coéquipier de Smith, à Sault Ste. Marie. Smith faisait partie du quatuor qui suivait celui d'Acton.

«Quand j'ai vu ce gars-là, un grand avec des lunettes blanches... Il m'a parlé une couple de fois et, comme on dit souvent dans ces histoires-là, on ne s'est jamais quitté depuis», a raconté Acton.

L'histoire dit que Smith, qui a un sens de l'humour particulier, a lancé quelques flèches en direction de la jeune blonde pour se faire remarquer. Le stratagème a fonctionné. Acton n'a toutefois pas voulu préciser ce que Smith lui a dit au juste.

«Disons que j'étais à un tournoi de golf, il y avait 180 hommes et j'étais la seule fille, alors je m'y attendais un peu... Ce genre de chose ne me dérange pas», a déclaré Acton.

Une poupée pour Brigitte

Lorsque Acton va disputer le slalom féminin olympique, vendredi, elle aura également droit aux encouragements de sa famille - dont ses parents, ses grands-parents, son frère, son neveu et sa nièce. Mais ils seront aussi plusieurs enfants, des compagnons de classe d'une amie de sa nièce, à suivre sa course à la télé. Ils en profiteront pour encourager deux autres skieuses du Québec, Anna Goodman, de Pointe-Claire, et Marie-Michèle Gagnon, de Lac-Etchemin.

Dans le cadre d'un projet de classe à thématique olympique, ces enfants ont adopté Acton et les Canadiennes de l'équipe technique. L'amie de la nièce d'Acton lui a confectionné une poupée en carton, assortie d'une médaille d'or au cou. Elle l'a confiée à la slalomeuse pendant le camp d'entraînement.

«C'est une belle poupée. Je l'amenais constamment avec moi dans mon sac à ski. Mais j'ai dû la redonner à ma nièce cette semaine», a indiqué Acton.

Un top-10... malgré la douleur

Victime d'une blessure au sacrum qui lui a fait rater la saison 2007-08, Acton doit encore vivre avec la douleur de temps à autre, surtout par temps humide. Mais ça ne l'empêchera pas de donner sa pleine mesure lors du slalom de vendredi, a-t-elle estimé.

«J'ai encore des problèmes, à l'occasion, avec une vertèbre (dans le bas du dos). Je vais devoir composer avec ça le reste de ma vie, a indiqué Acton. Mais en ce moment je me sens à 100 pour cent. Tout a été très positif jusqu'ici. Ca s'est passé super bien à l'entraînement. Je suis très contente de notre camp (à Nakiska, en Alberta).»

Acton avait participé à trois épreuves lors des Jeux de Turin en 2006. Elle avait terminé 10e au combiné, 11e en slalom géant et 17e au slalom. Elle espère terminer parmi les 10 premières à sa seule épreuve des JO de Vancouver.

«C'est sûr que je vise une médaille. Je veux être sur le podium, mais il faut être réaliste aussi», a-t-elle dit, en rappelant qu'elle n'a pas obtenu les résultats escomptés en Coupe du monde cette saison. Elle ne s'est jamais retrouvée parmi les 15 premières, et seulement trois fois parmi les 20 premières.

«Mais j'ai travaillé fort sur mon ski au camp et apporté quelques touches de finition. J'ai eu de bons entraînements et la clé, ce sera de faire la même chose en course.»

Des négligées

L'équipe canadienne technique féminine ne compte pas d'espoirs clairs de médaille à ces Jeux, même si Max Gartner, le chef de la direction athlétique à Canada Alpin, a indiqué qu'elle offrait un niveau de ski relevé «en tant qu'équipe». La formation est jeune puisque Acton a 24 ans, tout comme Goodman. Gagnon a 20 ans. Le trio entend donner un grand coup en 2014 aux Jeux de Sotchi, mais compte créer la surprise dès vendredi si l'occasion se présente.

«Aux Jeux olympiques, tout peut arriver, a souligné Acton. C'est tout ou rien. En slalom, quand on skie bien, on a toujours des chances de gagner. On est des négligées, mais on n'a pas de pression. Pas beaucoup de gens nous connaissent et savent à quel point on a du potentiel.»

Acton a par ailleurs louangé les efforts à l'entraînement de Goodman, qui skiera avec une orthèse malgré une déchirure ligamentaire au genou droit.

«C'est incroyable ce qu'elle a fait pour revenir. De voir ça, ça me motive au plus haut point, a affirmé Acton. C'est dommage qu'elle ait subi cette blessure, mais je n'ai aucun doute qu'elle va tout donner.»