La scène s'est répétée trop souvent cette saison. Érik Guay plonge vers la ligne d'arrivée en allongeant le bras droit, se retourne vers le tableau indicateur, et ne peut retenir un rictus contrarié en voyant son classement.

Cinquième. Ni extraordinaire, ni mauvais. Une tape dans de le dos, mais pas de célébrations. Érik Guay connaît la chanson.

Le skieur de Mont-Tremblant a poursuivi son hiver mi-figue, mi-raisin, prenant le cinquième rang de la dernière descente de la saison, mercredi, dans le cadre des finales de la Coupe du monde d'Äre, en Suède.

«Je ne suis pas déçu, mais pas satisfait non plus, a confié Guay à l'issue de la journée. On dirait que je suis un peu bloqué à cet endroit-là. On cherche toujours comment débloquer, comment progresser. Je suis rendu là.»

Sur un parcours tronqué en raison du brouillard au sommet, Guay a complété l'épreuve à six dixièmes du gagnant, le Norvégien Aksel Lund Svindal, et à deux dixièmes de la troisième marche du podium détenue par le Suédois Hans Olsson. Le Suisse Didier Cuche s'est classé deuxième.

Le plus frustrant, c'est que Guay ne parvenait pas à identifier la section du parcours où il a échappé le podium. Il n'a pas commis d'erreur significative et les trajectoires étaient les bonnes.

«Je ne prenais pas assez de chances, j'étais trop dans ma zone de confort, a-t-il évalué. Il faut que j'apprenne à dépasser cette limite-là, que je prenne plus de chances en restant solide sur mes skis, sans prendre de chances niaiseuses où je peux tomber et me faire mal.»

Exceptionnellement, Guay et 13 autres coureurs ont pris part à un entraînement chronométré en matinée. Ils complétaient ainsi une séance interrompue la veille en raison du mauvais temps. Pour des raisons de sécurité, un règlement de la Fédération internationale de ski stipule qu'une descente officielle ne peut être présentée sans qu'un entraînement n'ait été complété.

Même s'il a dû se lever aux aurores, Guay a trouvé l'exercice «amusant». «On pourrait faire des doubles manches de descente, comme en slalom géant», a-t-il blagué. Il ne croit pas avoir été désavantagé par cette surcharge de travail, estimant même que la reconnaissance du parcours pouvait représenter un avantage.

En neuf descentes cet hiver, Guay a fini sept fois parmi les 10 premiers. Il conclut donc la saison au sixième rang du classement de la spécialité, comparativement à 12e l'hiver précédent. Il a cependant été limité à un seul podium, le 5 décembre à Beaver Creek.

Incapable d'identifier de mettre le doigt sur le bobo, Guay admet se laisser parfois gagner par la frustration.

«J'essaie, je me force, je fais tout ce que je peux pour m'améliorer, pour avancer, mais on dirait que ça ne veut pas, a-t-il lâché. Mais bon, ce sont des choses qui arrivent. Il faut que je continue à travailler fort et à un moment donné, ça va débloquer. Et j'espère que ça va débloquer en lion.»

Guay complétera sa saison de vitesse ce jeudi avec la présentation du super-G. Il s'élancera avec le dossard 9. Son ami Svindal, un presque miraculé depuis sa chute spectaculaire survenue à Beaver Creek en décembre 2007, tentera de consolider sa place en tête du classement général.