Le chiffre trois du dossard de l'Autrichien Benjamin Raich, vainqueur samedi du slalom géant d'Adelboden, s'est décliné en un troisième succès en Coupe du monde de ski alpin cette saison, le 33e de sa carrière, dont trois dans la station suisse.

Chiffre christique, le 33 donne une idée très claire de la valeur de ce skieur de 30 ans, présent sur tous les podiums du classement général depuis cinq saisons, avec notamment une victoire en 2006, et qui a signé samedi sa 13e victoire en slalom géant. Le personnage est si régulier qu'on en oublierait presque ses qualités techniques et son palmarès à rallonge, à l'image de «l'homme élégant» défini par Lord Brummel comme celui qu'on ne remarque pas.

Le «Blitz du Pitz» s'est installé en tête du classement général de la Coupe du monde, 55 points devant le Français Jean-Baptiste Grange, qui a assuré l'intérim pendant quelques jours. Par la même occasion, «Benni» a revêtu le maillot rouge de leader de la Coupe du monde de slalom géant.

Gentleman des pistes, Raich met au service de son talent inné une belle dose de travail. «Je pense que j'ai eu une bonne éducation (sportive), une bonne équipe l'été pour la préparation physique. J'ai pris d'excellentes habitudes et je construis palier par palier chaque objectif», explique-t-il au sujet de sa constance.

«Benni est impressionnant. Il y a des courses où il se loupe mais il ne va jamais au fond», remarque Yves Dimier, directeur alpin à la Fédération française de ski (FFS).

Piqueté par l'aîné

Pour rendre encore plus belle une journée placée sous le signe de la trinité, il fallait la touche familiale. C'est l'entraîneur Florian Raich, frère aîné de Benjamin, qui avait piqueté le premier tracé. «Certes un petit avantage, mais je ne pense pas que cela a été déterminant», a indiqué le vainqueur.

Le Tyrolien a précédé l'Italien Massimiliano Blardone de 24/100. Le Piémontais, spécialiste d'Adelboden (1 victoire pour 4 podiums), n'a pu complètement récupérer dans le mur final, son point fort, le temps perdu sur les parties moins pentues.

Pour le premier podium de sa carrière, à 72/100 de Raich, le Norvégien Kjetil Jansrud (23 ans) a choisi la Chuenisbärgli, ce qui est une marque de bon goût. Et avec Aksel Lund Svindal à ses côtés, Jansrud a un bon maître pour progresser.

Au rayon des flops, il y a celui des Suisses, attendus par quelque 25.000 supporteurs et tout un pays sur la foi de leur doublé de l'an dernier et d'un début de saison tonitruant.

Marc Berthod et Daniel Albrecht - les héros d'il y a un an - Didier Cuche et Carlo Janko ont, à divers titres, failli. Le jeune Sandro Villeta a néanmoins rendu la soupe moins amère en remontant d'une manche à l'autre de la 25e à la 4e place.

Grange a donc abandonné la tête du classement général. Plus embêtant, il s'est perdu à la 19e place du géant après avoir pourtant réalisé le 5e chrono de la manche initiale.

«Il m'aurait fallu skier un ton au-dessus lors de la seconde manche, ce que Cyprien (Cyprien Richard, 5e) a su faire. Alors je suis un peu déçu», a consenti le Savoyard.

«JiBé» a l'occasion de se refaire dès dimanche, avec le slalom. Son domaine, qui est aussi celui de Raich.