Avec déjà tous les titres imaginables, 53 victoires en Coupe du monde et tous les records de sa discipline, Mikaël Kingsbury pourrait ralentir un peu. Ce serait bien mal connaître le skieur acrobatique de 26 ans, qui sera la tête d'affiche de l'épreuve de bosses de Tremblant, demain, en Coupe du monde.

«C'est la seule fois de l'année où je peux skier devant toute ma famille [il a grandi dans les Laurentides], mes amis et tous mes partisans, a-t-il souligné hier en point de presse au pied des pentes. L'année dernière, j'avais bien skié, mais Ikuma [Horishima] avait réussi une descente exceptionnelle et j'avais dû me contenter de la deuxième place.

«C'était correct, mais c'est sûr que j'arrive ici avec une petite motivation supplémentaire, d'autant plus que je viens de finir cinquième à Lake Placid et que je veux rebondir de ce résultat décevant.»

Kingsbury avait remporté les trois premières épreuves de la saison et aligné 23 podiums d'affilée depuis 2017, avant d'effectuer une faute à la réception d'un saut, la semaine dernière, à Lake Placid.

«Une petite faute d'inattention, estime-t-il. J'ai peut-être pris une bosse un peu pour acquis, alors qu'on ne peut se permettre la moindre perte de concentration dans notre sport. Il faut prendre toutes les bosses à la perfection si on veut espérer gagner, et j'ai eu droit à Lake Placid à un petit rappel. Ça ne pouvait mieux tomber, juste avant Tremblant et les Championnats du monde.»

Le métier de Kingsbury risque de l'avantager ce week-end. Le cocktail météo des derniers jours a forcé l'annulation de la séance d'entraînement prévue hier, et les skieurs n'auront qu'une journée pour se familiariser avec le parcours avant la compétition de demain.

«On ne connaît pas beaucoup cette piste puisque nous n'y avons skié que trois jours, l'année dernière, a rappelé le meneur de la Coupe du monde. On devra trouver notre manière de skier plus rapidement et il faudra sans doute être un peu plus stratégique. C'est toutefois une piste relativement facile et, même si les conditions sont difficiles, on pourra s'adapter.»

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Un dernier tour de piste pour Marquis

De retour à la compétition depuis deux semaines après une grave blessure à un genou, Philippe Marquis s'estime chanceux de pouvoir s'offrir encore quelques compétitions avec ses coéquipiers et ses rivaux du circuit de la Coupe du monde. Remarquable finaliste à Lake Placid la semaine dernière, il s'étonne lui-même de son niveau.

«Je croyais que ce serait beaucoup plus long avant que je puisse obtenir de tels résultats, a-t-il raconté. Là, les attentes sont plus élevées, même si j'ai encore beaucoup de travail à faire avant de retrouver tous mes moyens. Je pensais tirer ma révérence après les Mondiaux [dans une dizaine de jours à Deer Valley], mais j'hésite un peu maintenant à l'idée de prendre part aux dernières épreuves de la Coupe du monde, en Asie.

Quelle que soit sa décision, le skieur de 29 ans, qui a profité de sa convalescence pour explorer d'autres avenues pour la suite de sa carrière, dans les communications notamment, va laisser un grand vide derrière lui.

«Il a été à mes côtés tout au long de ma carrière, a rappelé Mikael Kinsgbury hier. On a passé à travers tous les moments ensemble, les hauts comme les bas, et sa présence a toujours été un grand atout pour moi et pour toute l'équipe. C'est bien d'avoir la chance d'être encore avec lui pour son dernier tour de piste.»

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Justine Dufour se sent d'attaque

Championne en titre de l'épreuve de Tremblant, Justine Dufour-Lapointe n'a pas encore pu se faire justice, cette saison, en raison surtout d'une blessure à l'épaule droite. «En principe, j'ai terminé la période habituelle de convalescence pour une telle blessure, a-t-elle expliqué hier en point de presse. J'ai vraiment fait tout ce qui était possible pour me rétablir et je me sens prête à y aller à fond.»

La double médaillée olympique explique aussi qu'elle a beaucoup travaillé sur de nouveaux sauts, l'été dernier, question d'élever le niveau de difficulté de ses descentes. Très méticuleuse dans sa préparation, elle n'a pu accorder la même importance à son ski et peine à rattraper le temps perdu.

«Notre sport évolue rapidement, et je savais que je devais effectuer des sauts plus complexes. Avec Chloé [sa soeur], on a vraiment beaucoup progressé. Il y a quelques jours, j'ai mis sur internet une vidéo où j'effectue un Cork, et les gens ont beaucoup réagi. Je sens que je suis près de pouvoir le réussir en compétition, et ce serait super de profiter de notre présence ici, devant tous nos partisans bruyants, pour le faire!»

Michel Hamelin, entraîneur-chef de l'équipe canadienne de bosses, estime d'ailleurs que les Dufour-Lapointe sont sur le point de retrouver les avant-postes: «Elles ont fait un gros travail technique, et cela commence à donner des dividendes. On voit à l'entraînement qu'elles commencent à mettre ensemble tous les éléments de leurs descentes, de bons sauts, du bon ski... Les résultats vont suivre bientôt!»