Cette fois, Alexandre Bilodeau n'a laissé aucun choix aux juges. Il y avait la vitesse, la hauteur, la technique. Un peu de rage aussi.

Sur la piste qui porte son nom à la station Val Saint-Côme, le skieur de Rosemère a offert deux dernières descentes extraordinaires pour enlever la dernière épreuve de bosses avant les Jeux olympiques de Sotchi, dimanche après-midi.

«Les deux meilleures descentes de ma carrière», a affirmé le champion olympique en titre après cette troisième victoire consécutive décrochée sur la glace, sous les flocons et dans le vent. «C'est la dernière Coupe du monde à la maison de ma carrière, a rappelé Bilodeau. Finir comme ça, c'est exceptionnel. Je suis vraiment content. J'ai poussé la limite.»

En finale et en super finale, Bilodeau (26,49 points) a sorti le grand jeu - saut périlleux avec deux vrilles et 1080 «désaxé» - pour devancer son inévitable rival et compatriote Mikaël Kingsbury, qui a fini deuxième après une descente ultime sans faille, mais moins rapide. L'Américain Bradley Wilson a complété le podium.

«Je n'ai pas poussé à 100% au niveau de la vitesse, mais j'ai suivi mon plan de match», a noté Kingsbury, qui a reçu 25,66 points. «Je n'ai pas fait d'erreurs. Il fallait qu'Alex réussisse une grosse descente. Il en a fait une incroyable.»

«Il a tout le mérite», a poursuivi le skieur de Deux-Montagnes, avant-dernier à s'élancer en super finale. «Moi, j'ai skié comme je le voulais. J'étais le premier en bas. C'est ce que je voulais entendre. Après, je n'ai aucun contrôle quand Alex descend.»

Les deux bosseurs québécois se sont félicités dans une aire d'arrivée déjà festive avec le doublé des soeurs Chloé et Justine Dufour-Lapointe quelques minutes plus tôt.

Mais qu'on ne s'y trompe pas: la rivalité entre Bilodeau, 26 ans, et Kingsbury, 21 ans, sera intense le 10 février à Sotchi.

Kingsbury, champion du monde en titre, a remporté les trois premières épreuves de la saison, chaque fois devant Bilodeau. Ce dernier a exprimé son mécontentement sur la façon dont les juges évaluaient son travail, jetant une ombre sur le duel entre les bosses.

Gagnant des trois dernières compétitions, Bilodeau semble être dans une position favorable avant Sotchi.

Kingsbury ne le voit pas ainsi: «Moi, ça ne me dérange pas. C'est trois à trois, c'est un quatre de sept! On est en finale, là. Le timing est parfait pour les Jeux.»

De la même façon, Bilodeau est conscient que son statut de leader de la Coupe du monde ne lui conférera aucun avantage au moment de sortir du portillon en Russie. «J'ai le maillot numéro un en allant aux Jeux, mais je ne me considère  pas numéro un, a-t-il assuré. Mikaël est tellement exceptionnel! Une petite erreur et je finis deuxième, et loin derrière. Parce qu'il n'en fait pas, des erreurs. Il y a encore du travail à faire.»

À deux, Bilodeau et Kingsbury ont maintenant remporté les 16 dernières épreuves de bosses en simple, Mondiaux et Coupes du monde confondus. Il leur reste la plus importante à gagner.

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Le drame de Philippe Marquis

Philippe Marquis était agenouillé près de l'aire d'arrivée, les mains sur le visage. Il savait que son sort se jouait sur la descente en finale de l'Américain Bradley Wilson. Il n'a même pas eu à attendre les notes pour comprendre que celui-ci le devancerait. Marquis a enlevé son casque, effondré, et les sanglots ont fusé.

Huitième, le bosseur de 24 ans avait besoin d'une septième place pour se qualifier pour les JO. Ce sera plutôt Georgia Simmerling, spécialiste du slopestyle, qui recevra un billet pour Sotchi, à cause d'un système de qualification alambiqué qui met en compétition les cinq disciplines du ski acrobatique.

Photo Bernard Brault, La Presse

Philippe Marquis