Il y a un an, personne n'aurait parié sur les chances d'Olivier Rochon d'enlever le Globe de cristal de la Coupe du monde de sauts en ski acrobatique. À l'écart de l'équipe nationale depuis près de deux ans en raison notamment de problèmes disciplinaires, le skieur de Gatineau était un «work in progress», selon son entraîneur Daniel Murphy.

Un podium d'entrée à Mont-Gabriel, suivi quelques jours plus tard par une première victoire à Calgary l'ont toutefois placé en orbite. Sûr de lui, bien concentré, «Oli» a enchaîné les bons résultats et il a remporté le précieux trophée en fin de saison.

Cette saison, Murphy sait qu'il travaille avec un champion et ne tarit pas d'éloges sur la nouvelle éthique de travail de son protégé. «Olivier a vraiment bien travaillé cet été. L'introduction d'une nouvelle formule dans les grandes compétitions - Mondiaux et Jeux olympiques - oblige les concurrents à maîtriser trois sauts de qualité (au lieu de deux auparavant) et à faire preuve de beaucoup de stratégie. Ce sera intéressant de voir comment il va composer avec cela.»

La perspective de prendre part aux Championnats mondiaux, en mars prochain, puis peut-être aux Jeux de Sotchi en 2014, n'est pas sans motiver Rochon, tout en lui rappelant de douloureux souvenirs. En janvier 2010, il avait été le dernier skieur écarté de l'équipe canadienne des Jeux de Vancouver et n'avait pas très bien réagi... Ses frasques avaient amené les dirigeants de l'équipe à l'envoyer chez lui pour réfléchir à ses priorités.

Cette fois, Rochon espère éviter toute incertitude. «Le processus de sélection prévoit qu'on puisse assurer sa place dès cette saison avec de bons résultats en Coupe du monde et aux Mondiaux. C'est ce que je vise. Je ne voudrais pas avoir à revivre le scénario de 2010, même si je sais que je suis plus fort mentalement aujourd'hui que je ne l'étais à l'époque.»

Rochon a effectivement prouvé la saison dernière qu'il savait composer avec la pression, mais il garde les deux pieds bien sur terre. «Je suis fier d'avoir gagné le Globe de cristal, mais je sais que les Chinois n'ont pas fait toute la saison et que cela aurait pu être plus difficile.

«J'ai encore bien des choses à améliorer, estime le skieur de 23 ans. Je suis donc content d'avoir eu un bon été à l'entraînement pour développer de nouveaux sauts et devenir plus régulier avec ceux que je maîtrise déjà. Être le champion en titre ne me dérange pas, bien au contraire.»

Rochon croit que ses rivaux seront encore les Chinois, Li Zhongqing en particulier, les Russes et les Ukrainiens. «La compétition sera vive, c'est certain, a-t-il expliqué. Mais je sais qu'avec quelques ajustements, j'ai tous les sauts pour obtenir de bons résultats et défendre mon titre.»

Derrière Rochon, l'équipe canadienne de sauts manque singulièrement de profondeur. La retraite de Warren Shouldice a laissé un grand vide et seuls Travis Gerrits et Jean-Christophe André ont été retenus dans l'équipe A. Tous deux devront faire preuve de plus de constance cette saison pour mériter leurs places dans les grands rendez-vous.

Chez les femmes, la Montréalaise Sabrina Guérin reviendra à la compétition après qu'une fracture à une jambe eut saboté sa dernière saison. La skieuse de 27 ans estime avoir beaucoup progressé à l'entraînement et elle est visiblement impatiente de retrouver les tremplins enneigés.