Le Québec a produit une belle lignée de champions en ski acrobatique et Mikaël Kingsbury, le dernier en date, est peut-être le plus doué. Le skieur de Deux-Montagnes a connu l'hiver dernier la meilleure saison de l'histoire en Coupe du monde avec huit victoires, quatre deuxièmes places et une troisième en 13 courses.

Toujours sur le podium donc, Kingsbury a fait preuve d'une constance d'autant plus étonnante qu'il n'a encore que 20 ans. Et sa saison n'a pas été exempte de blessures ou de maladie...

«J'ai été malade comme un chien en revenant du Japon au mois de février, a-t-il raconté récemment en entrevue. Nous étions à Sotchi pour découvrir la piste olympique et disputer une épreuve de la Coupe d'Europe, mais je n'ai pratiquement pas pu m'entraîner.

«J'ai perdu près de 15 livres et j'étais vraiment mal en point. Puis, le matin de la course, tout allait mieux et... j'ai gagné!»

Kingsbury a aussi dû composer avec un orteil sensible, quelques bobos ici et là, mais dans l'ensemble, il ne se plaint de rien. «Quand je vois le Français Guilbaut Colas (champion de la Coupe du monde en 2011), qui a le dos barré et de gros problèmes aux genoux, je me considère comme en pleine forme!»

Kingsbury devra justement composer cette saison avec les retours de son coéquipier Alexandre Bilodeau et de Colas. Le Français avait fait l'impasse sur la dernière saison afin justement de soigner ses blessures, tandis que Bilodeau n'avait pris part qu'à quelques épreuves, se concentrant sur ses études et la récupération physique.

«Pour moi, ça ne change rien, a estimé Kingsbury. On sait tous ce qu'Alex et Guilbaut peuvent faire en piste et ils seront sûrement compétitifs, même si le Français ne s'est pas beaucoup entraîné cet été en raison de ses douleurs.

«Mais ce n'est pas évident de revenir ainsi à la compétition après une longue pause. Le niveau augmente sans cesse en bosses, il y a maintenant de bons skieurs aux États-Unis, au Japon, en Russie...»

Une force de concentration exceptionnelle

Kingsbury a toujours rêvé de rejoindre les meilleurs skieurs acrobatiques de l'histoire, de les dépasser même. Ce sont les records qu'il vise et sa dernière saison lui a permis d'en rééditer quelques-uns. La suite pourrait évidemment être plus ardue, le jeune champion étant maintenant une cible pour tous ses concurrents.

«Ça ne me dérange pas, assure-t-il pourtant. Je ne me laisse pas influencer par les autres compétiteurs ou par la pression extérieure. La plus grosse pression, c'est moi-même qui me l'impose. Quand je suis en piste, je sais ce que j'ai à faire et je m'applique à le faire à la perfection. À la vitesse où nous descendons, la marge d'erreur est toute petite...»

Doté d'une force de concentration exceptionnelle, Kingsbury semble effectivement insensible à tout ce qui l'entoure lorsqu'il se présente au départ d'une piste de bosses. Réputé pour la qualité de ses sauts, il est également très fort techniquement et continue de progresser.

Bilodeau, qui l'a vu s'épanouir à ses côtés, ne doute pas que Kingsbury soit au sommet pour y rester. «Il a gagné la saison dernière l'assurance qu'il avait déjà en lui, mais qui attendait une telle série de succès pour s'exprimer. Mikaël est très fort et il sera un adversaire redoutable, mais c'est ce qui fait la beauté et l'intérêt du sport.»

Les deux meneurs de l'équipe canadienne ne seront d'ailleurs pas les seuls à viser la victoire. Philippe Marquis, Marc-Antoine Gagnon ou Cédric Rochon ont tous le potentiel pour briller et les places seront très «chères» pour les Championnats mondiaux de Voss, en Norvège, en mars prochain.

Double médaillé des derniers mondiaux, en 2011 à Deer Valley, Kingsbury sait qu'il sera «attendu» en Norvège. «C'est le grand objectif de cette saison, a-t-il reconnu. J'ai un excellent souvenir des mondiaux de 2011 et je crois pouvoir aller plus haut sur le podium cette fois...»