Vincent Marquis était sur son vélo, en route vers un cours à l'Université Laval, quand il a répondu: «Il faut bien que je vive des sensations fortes encore un peu. Parler au téléphone à vélo, c'est pas pire!»

Le ton est à la rigolade. Vincent Marquis vient d'annoncer sa retraite de façon officielle. Pas de grands épanchements émotifs pour lui. Il y pense depuis des mois, sinon des années. Sa quatrième place aux Jeux olympiques de Vancouver l'a fait hésiter un peu, sans plus. L'athlète de 26 ans n'était pas prêt à se réengager pour un autre cycle de quatre ans. Surtout avec l'incertitude liée à une spécialité aussi exigeante que les bosses.

«J'ai passé proche, et c'est sûr que sur le coup, je me suis dit: j'en veux une médaille. Mais tout de suite après la saison, j'en ai eu assez. J'étais prêt à retourner dans le vrai monde», a expliqué Marquis, qui a passé sept saisons dans l'équipe canadienne.

À Vancouver, Marquis était resté dans le fauteuil des médaillés jusqu'à ce que son compatriote Alexandre Bilodeau ne le déloge en fin d'épreuve. Une contre-performance en qualifications - 13e - l'a peut-être privé d'un podium olympique et d'une occasion de passer à l'histoire.

«Ça, on ne le saura jamais », a dit le bosseur de Sainte-Foy. «Plein de monde m'en ont parlé, mais je n'ai aucun regret. Je me suis entraîné du mieux que j'ai pu. L'année a été difficile et j'ai réussi ma meilleure performance au plus gros événement de ma vie.»

Mine de rien, seuls Bilodeau et Jean-Luc Brassard ont fait mieux que lui aux Jeux olympiques. Sans s'en plaindre, Marquis a d'ailleurs toujours évolué dans l'ombre de champions comme Bilodeau et Pierre-Alexandre Rousseau. «J'ai réussi à tirer mon épingle du jeu», a-t-il souligné. On se souviendra d'ailleurs que Marquis avait mené un triplé québécois historique à la Coupe du monde de mont Gabriel, en janvier 2009, devançant Bilodeau et Rousseau.

Si Vancouver restera le moment marquant de sa carrière, Marquis tire une grande fierté de ses trois dernières années, où il a notamment cueilli le bronze aux Mondiaux d'Inawashiro, en 2009. «Ces trois saisons ont été au-delà de mes espérances.»

Il se décrit d'ailleurs comme le «petit gars dont personne n'attendait grand-chose», surtout après une reconstruction du ligament croisé antérieur gauche en 2004, opération menée par son père, François Marquis.

C'était sans compter sur un tempérament compétitif hors du commun, comme l'a d'ailleurs souligné Alexandre Bilodeau, qui fut son partenaire de chambre pendant trois ans: «Pour que Vincent sorte d'un parcours, il aurait fallu qu'il ait la tête coupée! Il se battait jusqu'à la fin.»

Marquis poursuit ses études en physiothérapie à Laval et se verrait bien oeuvrer dans le domaine du sport. Ancien quart-arrière au collégial AAA, ce grand sportif aux multiples talents est retourné à ses anciennes amours puisqu'il occupe un poste d'entraîneur au cégep de Limoilou.

Le nouveau retraité ne sera jamais très loin du ski de bosses puisque son frère Philippe, 21 ans, est lui aussi membre de l'équipe canadienne. «À la base, il a plus de talent que moi. C'est un travaillant, il s'entraîne bien et il a une bonne attitude. S'il a un point faible, c'est peut-être le côté batailleur. Il lui reste à tout mettre ça en place.» Pourquoi pas aux Jeux de Sotchi de 2014, où Vincent compte bien être là pour l'encourager.