La vie de la skieuse acrobatique Jennifer Heil est comme une interminable piste de bosses depuis les Jeux olympiques de Vancouver, c'est-à-dire très agitée.

«C'est la folie. Ça n'arrête pas», a lancé Heil, mercredi, à l'occasion du dévoilement, dans le Vieux-Port de Montréal, d'une nouvelle gamme de soins de santé pour adeptes de plein air, pour laquelle elle agit à titre d'ambassadrice.

Encore quelques jours de ce rythme trépidant et la médaillée d'argent de Vancouver à l'épreuve des bosses et gagnante dernièrement d'un cinquième globe de cristal de sa discipline pourra souffler. La championne doit participer à quelques activités promotionnelles sur les pentes, avant de se rendre dans son patelin de Spruce Grove, en Alberta, où elle est attendue pour une fête grandiose.

«Après, ce sera finalement les vacances. Je partirai avec mon ami (son entraîneur Dominik Gauthier) à l'extérieur du pays pendant un mois, a-t-elle confié. Nous irons en Indonésie faire du surf en plus d'aller en France, dans la région de Bordeaux.»

Gauthier, un ancien skieur acrobatique qu'elle fréquente depuis plusieurs années, saisira-t-il l'occasion pour lui formuler la grande demande?

«Ce n'est pas à moi de répondre à ça», a-t-elle glissé en arborant un large sourire.

La Québécoise d'adoption ne manquera pas de crème et de lotion pour la peau, en tout cas. Heil est une des ambassadrices du Groupe Marcelle, qui a pignon sur rue à Lachine, depuis presque deux ans.

Une saison à la fois

Au retour des vacances, ce sera le retour à l'entraînement en vue d'une autre saison de compétition sur le circuit de la Coupe du monde. Ce pourrait être une dernière saison pour elle. Peut-être.

C'est que, même si elle ne célébrera que son 27e anniversaire de naissance le 11 avril, Heil est rendue au stade de sa carrière où elle aborde les saisons une à la fois. Sotchi 2014, c'est très loin. Particulièrement en ce moment, en raison du tourbillon dans lequel elle se retrouve.

«Je dois tout écrire, tout se passe trop vite, a-t-elle affirmé en français. Je voudrais me rappeler de tout parce que c'est une période incroyable de ma carrière.»

Heil parle encore de son expérience à Vancouver avec des étincelles dans les yeux. Même si elle en était à des troisièmes JO, d'avoir participé à des Jeux dans son pays restera pour elle une expérience marquante.

«Tout le soutien que j'ai reçu des Canadiens, a-t-elle rappelé. La montagne en tremblait quasiment avant ma course. Et quand je me suis rendue en ville après ma compétition, les gens me faisaient des high five partout. Il y avait 40 000 personnes pour la cérémonie de remise des médailles au B.C. Place. J'ai pleuré de joie. J'ai beaucoup pleuré de joie à ces Jeux.»

Si la médaillée d'or de Turin avait été déçue sur le coup d'avoir échappé l'or devant son public, elle constate avec un peu de recul la chance qu'elle a d'être double médaillée olympique.

«Je suis très emballée par cette médaille d'argent, a-t-elle déclaré. C'était difficile de gagner une deuxième médaille d'or olympique de suite. L'Américaine (Hannah Kearney) a fait la descente de sa vie et elle a gagné. C'est ça la compétition. D'être de nouveau médaillée, c'est un rêve, plus qu'un rêve même.»

La conquête du globe de cristal à Are, en Suède, quelques semaines plus tard, a été pour elle comme un produit de soins de santé qu'on s'applique au visage.

«Ce cinquième globe de cristal est la chose la plus satisfaisante de ma carrière, a-t-elle résumé. Je me rappelle à mes débuts d'avoir vu Jean-Luc Brassard en gagner plusieurs et de m'être faite la remarque que ce serait merveilleux si j'en gagnais un seul.»