Sportif masculin le plus médaillé de l'histoire des Jeux olympiques d'hiver, le légendaire biathlète norvégien Ole Einar Bjoerndalen a annoncé mardi qu'il raccrochait les skis et la carabine à l'âge de 44 ans.

« J'aurais bien continué quelques années de plus, mais c'est ma dernière saison », a déclaré, au bord des larmes, le « roi Ole » en invoquant des motifs de santé et familiaux, lors d'une conférence de presse dans le club de ses débuts, à Simostranda, à l'ouest d'Oslo.

Sur le circuit du biathlon professionnel depuis mars 1993, le Norvégien compte pas moins de 13 récompenses olympiques (8 or, 4 argent, 1 bronze) à son palmarès.

Cela en fait l'athlète le plus médaillé dans l'histoire des JO d'hiver chez les hommes et le numéro deux, tous sexes confondus, sa compatriote Marit Bjoergen l'ayant tout juste détrôné en février aux JO de PyeongChang (Corée du Sud) auxquels il n'a pas pu lui-même participer.

Bjoerndalen a aussi remporté 20 championnats du monde, six gros globes de cristal --un record qu'un autre roi, le Français Martin Fourcade, vient d'effacer-- et 95 victoires individuelles, dont une en ski de fond, pour un total de 179 podiums en Coupe du Monde...

Parmi ses grands faits d'armes, un remarquable « grand chelem » aux JO de Salt Lake City (États-Unis) en 2002, où il empoche 4 médailles d'or en autant d'épreuves.

Mais son meilleur souvenir remonte à ceux de Nagano (Japon) quatre ans plus tôt : privé par la météo d'un premier titre olympique sur le sprint 10 km qu'il était sur le point de décrocher, il parvient à se remotiver pour gagner l'épreuve le lendemain. « L'expérience la plus folle de ma vie », a-t-il confié.

C'est aussi à cette époque que commencent ses duels féroces avec le Français Raphaël Poirée, qui contribueront à sortir le biathlon des cénacles et à donner à ce sport une large visibilité médiatique.

La désillusion de PyeongChang

Amère désillusion pour lui, après une saison médiocre, il n'a cependant pas été retenu dans la sélection norvégienne pour PyeongChang, le privant de la possibilité de participer à ses septièmes JO.

À la place, il a joué le coach pour son épouse bélarusse Darya Domracheva qui est repartie de Corée avec une médaille d'or en relais et une d'argent en individuel.

« La saison ne s'est pas déroulée comme prévu avec des performances inférieures à ce que nous attendions, moi et d'autres », a dit mardi l'athlète réputé pour la minutie et le sérieux de ses préparations.

Le quadragénaire a expliqué avoir été rattrapé par des troubles du rythme cardiaque (fibrillation atriale).

« J'aurais bien voulu dire que je suis repu et blasé, mais je ne le suis pas. Je vais maintenant baisser de régime sur les conseils de l'équipe médicale et de ma famille », a-t-il ajouté.

Sa personnalité aussi bien que son palmarès forcent en tout cas le respect dans un pays qui a accouché d'énormément de talents (les frères Tarjei et Johannes Boe, Emil Hegle Svendsen...) et au-delà.

« Ole Einar Bjoerndalen est l'un des plus grands de tous les temps », a réagi le président du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach. « Il l'a prouvé à maintes reprises en compétition. Mais plus important encore : il s'est imposé comme un véritable Olympien et un modèle pour les jeunes athlètes du monde entier », a-t-il ajouté dans un courriel à l'AFP.

Le grand rival Raphaël Poirée a salué « une personne tout à fait spéciale durant les compétitions et en dehors ». « C'était une machine quand le coup d'envoi était donné et quelqu'un de marrant qui blaguait beaucoup hors des pistes », a-t-il dit à TV2.

Et la suite ? Alors que certains voient déjà Bjoerndalen prendre les rênes de l'Union internationale de biathlon (IBU), l'intéressé, d'ordinaire prompt à ferrailler contre la montre, dit vouloir s'accorder le temps de la réflexion.

Vidar Ruud, Reuters

Ole Einar Bjoerndalen a grimpé sur une statue à son effigie après avoir annoncé qu'il raccrochait ses skis.