La skieuse Kim Lamarre a surmonté doutes et obstacles pour réaliser tout un exploit, hier, aux X Games d'Aspen, au Colorado. Grâce à une performance étincelante, l'athlète de Québec a obtenu son laissez-passer pour Sotchi, et ce, moins d'un an après avoir subi une grave blessure et avoir été exclue de l'équipe nationale de slopestyle.

Le parcours de Kim Lamarre n'est pas sans rappeler celui de sa grande amie Kaya Turski, et c'était émouvant de les voir partager le podium des X Games, hier. Les deux skieuses de l'équipe canadienne ont subi récemment de graves blessures aux genoux, et leur présence à Aspen relevait un peu du miracle.

D'autant plus que si Turski a toujours bénéficié du soutien de sa fédération, Lamarre, elle, s'était fait montrer la porte en début de saison. «Je sentais bien qu'il se tramait quelque chose», a rappelé Kim, samedi en entrevue, après une séance d'entraînement en slopestyle.

«Quand j'ai reçu le coup de fil, ça m'a déçue, mais ça m'a aussi donné le petit surplus de motivation dont j'avais peut-être besoin. Je ne suis pas aussi rebelle que je peux en avoir l'air, mais j'ai du caractère!»

Et quel caractère! Hier, elle a sorti le grand jeu dans sa troisième et dernière descente pour passer du huitième au troisième rang et aller chercher sa première médaille aux X Games d'Aspen. «J'en avais déjà gagné une à Tignes (aux Euro X Games), mais celle-là est plus importante, a-t-elle raconté. Et je suis contente de vivre ça avec Kaya. «Je n'avais pas très bien fait dans mes deux premières descentes, mais je me suis reprise dans la dernière. J'ai un peu hésité à la réception de mon deuxième saut, mais apparemment, les juges ne l'ont pas pénalisé. Et en prime, j'ai réussi un saut que je n'avais jamais exécuté jusqu'ici en compétition. Je ne pouvais demander mieux juste avant les Jeux.»

Elle a pourtant bien failli les rater, ces Jeux de Sotchi. Blessée en février 2013 juste avant les Mondiaux de Norvège - où elle espérait gagner des points pour la sélection olympique - , Kim devait encore entreprendre une longue réadaptation. «Un accident bête, une chute en apparence anodine, raconte-t-elle. Mais je me suis encore déchiré le ligament croisé antérieur.

«Au contraire de Kaya (qui s'est blessée plus tard et a opté pour une intervention expérimentale), j'ai subi l'opération normale. J'ai tout de suite repris le travail avec l'équipe médicale du ski acro à Québec. Ces gens-là ont été super et ils m'ont appuyée, même quand j'ai été écartée de l'équipe nationale de slopestyle en début de saison.»

Comme sa grand-mère

Contre toute attente, Kim est remontée sur ses skis et elle a entrepris la saison en tant qu'athlète indépendante. Une deuxième place au Dew Tour, en décembre, lui a permis de revenir en Coupe du monde. Une quatrième place à Breckenridge et une sixième à Park City ont scellé sa sélection.

«On m'avait dit que j'allais à Sotchi après ma quatrième place, mais j'ai reçu un coup de fil m'avisant qu'il y avait eu une erreur et que je devais encore faire un top 7 à Park City, explique Lamarre. Ce n'est qu'après l'épreuve que j'ai vraiment réalisé que c'était fait!

«Bien plus qu'une récompense, aller aux Jeux est un grand accomplissement pour moi. Peu de gens m'en croyaient capable il y a quelques mois encore... Ma grand-mère était allée aux Jeux (à Cortina en 1956, en ski alpin), et voilà que j'y vais à mon tour.» Ginette Gigi Séguin, aujourd'hui âgée de 79 ans, a d'ailleurs ressorti ses vêtements et souvenirs olympiques en l'honneur de sa petite-fille.

Arrivée au slopestyle un peu par hasard, Kim est en fait une passionnée de... hockey! «À Québec, tu aimes soit le ski, soit le hockey, explique Kim. Toute ma famille faisait du ski et j'ai suivi, mais j'adore le hockey. J'ai une collection de chandails et je ne partirai pas pour les Jeux sans mes chandails de Crosby et de Price.

«On nous a dit qu'on pourrait rester dans le village olympique après notre compétition (le quatrième jour des Jeux). Je compte bien en profiter pour faire signer mes chandails par tous les membres de l'équipe de hockey et pour aller les encourager.»

Et qui sait si ses idoles n'iront pas la voir sur les pentes de slopestyle?

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Chez les Gagnier, on skie en toute liberté

Deuxième de l'épreuve du Big Air en ski acrobatique, samedi soir aux X Games, Vincent Gagnier était de retour au mont Buttermilk, hier matin, pour encourager les finalistes de l'épreuve de slopestyle. La camaraderie est très forte dans la communauté des skieurs, qui y trouvent comme une seconde famille.

Non pas que ce soit vraiment nécessaire pour Vincent, troisième champion d'une famille où le ski libre est une passion. Le skieur de Victoriaville suit en effet les traces de ses frères Charles et Antoine, deux athlètes reconnus, comme lui, pour leur grande créativité. Un talent qui n'est malheureusement pas toujours récompensé par les juges, surtout en slopestyle.

«Les compétitions occupent une place importante dans mon calendrier, mais ce n'est pas nécessairement ce qui est le plus amusant. En fait, ça l'est rarement», a confié Vincent, hier matin, entre deux concurrents.

Alors que plusieurs skieurs des X Games sont déjà en route pour Sotchi, lui va plutôt partir sur un tournage pour un de ses commanditaires. Gagnier a été écarté de l'équipe canadienne cette saison. «On ne m'a pas donné de raison, dit-il. On dirait que les gens ont arrêté de croire en moi...»

Vincent reste pourtant un redoutable concurrent, comme il l'a montré samedi en complétant un impressionnant double bio 1620 genie grab, une figure qui exige quatre rotations et demie. C'est la deuxième médaille d'argent pour les Gagnier en Big Air aux X Games, Charles ayant réussi l'exploit en 2008.

Et faute de toujours convaincre juges et sélectionneurs, Vincent peut se consoler avec la faveur du public. Samedi, il était l'un des plus applaudis, et il a aussi pris le deuxième rang d'un concours de popularité sur le site internet des X Games.