Elle n'est peut-être pas encore considérée parmi les candidats au titre d'athlète canadien de l'année, mais elle le mériterait bien, et peu de nos champions feront davantage parler d'eux au cours des 15 prochains mois que Kaya Turski.

Immense vedette dans les milieux du ski freestyle - elle est commanditée par Red Bull, Nike, Head, Oakley... -, plusieurs fois championne aux X Games ou sur le Dew Tour, la Montréalaise domine depuis quatre ans les compétitions de slopestyle en ski acrobatique, une discipline qui sera au programme des Jeux olympiques pour la première fois en 2014 à Sotchi.

Mon collègue Simon Drouin, qui l'a rencontrée avant le début de la saison, l'a décrite comme un «électron libre» et c'est vrai que la femme de 24 ans témoigne d'une formidable créativité, aussi bien sur les pentes que dans sa vie quotidienne. De retour dans la métropole pour passer les fêtes «en famille», elle en a profité pour faire le point avec les médias.

«Revenir à la maison et vraiment important pour recharger mes batteries, a raconté Kaya, vendredi midi, en entrevue. Je n'ai pas souvent l'occasion de voir ma famille, mes amis et chaque fois que j'en ai la chance, je passe quelques jours au Québec.»

Formée en roller dans les skatepark de NDG et de Montréal, Turski a découvert le ski acrobatique à l'adolescence et a tout de suite compris que le slopestyle était fait pour elle.

«Il y a une grande communauté autour de ce sport et je m'y suis tout de suite sentie à l'aise, raconte-t-elle. Je suis allée m'installer en Californie pour m'entraîner et je passe maintenant plusieurs mois par année au Colorado, car c'est là que les installations et les conditions de neige sont les meilleures. En fait, je reste un peu un papillon qui se déplace continuellement d'un endroit à l'autre, là ou se posent mes valises...»

La rigueur d'une championne

Invaincue en compétitions depuis près de deux ans, Kaya rêve d'ajouter à son palmarès au cours des prochains mois les rares titres qui manquent à son palmarès. Et elle se prépare en conséquence. Derrière son image un brin rebelle, Kaya cache la rigueur d'une authentique championne.

Elle s'est jointe au groupe B2Dix, avec d'autres champions du monde de plusieurs disciplines, pour s'assurer les meilleures conditions d'entraînement. «Ce soutien me permet notamment d'être accompagnée plus souvent par mon entraîneur montréalais Jaime Livingstone, tout en me donnant accès à d'autres ressources intéressantes», explique-t-elle.

«J'ai beaucoup travaillé sur l'aspect mental cet été, avec l'appui d'un spécialiste en psychologie sportive. La saison dernière a été pleine de succès, mais aussi d'épreuves... [avec la disparition tragique de sa grande amie Sarah Burke].

«J'ai toujours été solide au plan physique et je maîtrise bien la technique du ski en slopestyle - elle est encore la seule à avoir réussi le Swich 1080, un saut de reculons avec trois rotations complètes -, mais je sentais que je pouvais améliorer ma préparation psychologique, question de mieux contrôler le stress et de pouvoir me détendre.»

Le processus de sélection de l'équipe canadienne des Jeux olympiques de Sotchi, qui est en marche depuis le début de la saison hivernale, impose justement une grande pression aux athlètes. En remportant la première épreuve qualificative de la saison, la semaine dernière à Breckenridge, au Colorado, Turski a déjà pris une option sur son billet pour la Russie.

«J'ai encore six épreuves cette saison : les Coupes du monde de Copper Mountain, Davos et Sotchi (une épreuve-test pour les Jeux), les X-Games à Aspen et les Euro X-Games à Tignes et les Mondiaux de Voss (Norvège). J'espère assurer ma sélection le plus rapidement possible pour me concentrer sur mes autres objectifs et la préparation des Jeux...»

Parmi ces «autres objectifs», Turski tentera notamment la passe de quatre dans les deux épreuves des X-Games. Elle y a tout balayé depuis 2010 et est déjà considérée comme la grande dame de cette compétition mythique.

Loin d'avoir la grosse tête, Kaya reste d'une extrême gentillesse, et porte fièrement les couleurs de son pays et de sa ville d'origine partout où «se posent ses valises».

Retenez son nom, vous ne le regretterez pas.