Après une année presque sabbatique, Alexandre Bilodeau reprend la compétition cette saison pour ce qu'il considère comme le dernier sprint de sa carrière. Un long sprint, en fait, puisqu'il ne prendra fin que dans 16 mois, à Sotchi.

«Je me vois déjà en haut de la piste olympique pour la dernière descente de ma carrière», a raconté le skieur acrobatique, il y a quelques semaines, avant de reprendre l'entraînement intensif.

«Je suis déjà parfaitement à l'aise avec cette décision. Je suis encore jeune (25 ans) et je pourrais continuer après les Jeux de 2014, mais je crois qu'il sera temps de passer à autre chose. Je ne crois pas qu'il faille s'accrocher à quelque chose de peur de ce qui viendra après.

«Moi, j'ai hâte d'affronter de nouveaux défis. Je ne sais pas encore ce que je ferai, mais je sais que je serai prêt», a ajouté celui qui poursuit des études en affaires à l'Université Concordia.

Le champion de l'épreuve de bosses aux Jeux de Vancouver, en 2010, est devenu une tête d'affiche du sport canadien. Cet été, il accompagnait l'équipe olympique à Londres et on l'a entendu à la télévision, notamment pendant les cérémonies d'ouverture et de clôture. Encore la semaine dernière, il a participé aux célébrations et au défilé des athlètes olympiques à Ottawa et à Toronto.

Préparer la saison et les Jeux

Mais le temps est venu de préparer la saison qui débutera à la mi-décembre, en Finlande.

Déjà très fort techniquement, Bilodeau a poursuivi avec son entraîneur le travail amorcé l'an dernier, quand il a fait l'impasse sur la Coupe du monde pour ne participer qu'à trois compétitions.

«Nous avons apporté plusieurs changements à ma façon de skier afin que je sois encore plus rapide, tout en maîtrisant le passage des bosses, a-t-il expliqué. Cela est plus exigeant, bien sûr, mais c'est de cette façon qu'on peut rivaliser avec les meilleurs. L'hiver dernier, j'ai un peu testé ces changements et je sais qu'on va dans la bonne direction. Reste à poursuivre le travail.»

À court de compétition, Bilodeau n'a pu se faire justice la saison dernière à Mont-Gabriel, à Lake Placid et à Deer Valley, d'autant plus que les conditions n'étaient pas idéales, surtout à Lake Placid sur une piste glacée. Cette saison, il a pris part à tous les camps de l'équipe canadienne, en Amérique du Sud notamment, et il se sent d'attaque pour affronter ses rivaux.

«Je veux faire toute la saison, jouer la Coupe du monde et être au sommet de ma forme pour les grands rendez-vous, les Championnats du monde en mars en Norvège et les Jeux de Sotchi en février 2014», a-t-il expliqué

«La compétition sera très vive. Le Français Guilbaut Colas sera de retour lui aussi et il y a plusieurs jeunes qui poussent, les Russes, entre autres, qui veulent bien faire chez eux pour les Jeux.

«Et il y a tous les jeunes de l'équipe canadienne. Mikaël (Kingsbury), bien sûr, mais aussi Philippe (Marquis), Cédric (Rochon), Marc-Antoine (Gagnon) et d'autres encore. La lutte sera acharnée simplement pour obtenir sa place aux Jeux et il ne faudra rater aucune occasion de marquer des points.»

Révélation de la dernière saison, Kingbury a remporté la Coupe du monde en signant neuf victoires, dont six consécutives, et en ne ratant jamais le podium. Le skieur de 20 ans a pris un ascendant sur tous ses rivaux et ce sera intéressant de le voir contre les «vétérans» Bilodeau et Colas.

«Mikaël a connu une saison exceptionnelle et il continue de s'améliorer, lui aussi. Nous nous entraînons ensemble et sa présence au sein de l'équipe est une belle source de motivation. Je crois qu'on se pousse à aller plus loin et c'est positif pour nous et pour tous les autres skieurs de l'équipe.»

Une Coupe du monde sur «sa» piste

Les amateurs auront la chance d'encourager leurs favoris lors de la manche québécoise de la Coupe du monde de ski acrobatique, les 12 et 13 janvier, à Val Saint-Côme dans Lanaudière. La piste de bosses du Centre d'excellence acrobatique porte le nom d'Alexandre Bilodeau et ce sera la première grande compétition qu'on y disputera.

«Sur le plan sportif, ce sera beaucoup mieux, car la piste est bien plus compétitive que celle du mont Gabriel, a expliqué Bilodeau. Ce n'est pas la plus difficile de toutes celles sur lesquelles nous skions, mais elle propose un bon test et permet aux skieurs de se démarquer.

«Par contre, je m'interroge un peu sur l'éloignement de la station. Il n'y a qu'une petite route qui mène à Val Saint-Côme et ce sera sûrement difficile d'attirer un public aussi important que celui qui venait nous encourager en bordure de l'autoroute des Laurentides. On va tous un peu s'ennuyer de Mont-Gabriel.»

Avec deux victoires et quatre podiums en six participations, Bilodeau aura marqué l'histoire de cette épreuve dans les Laurentides, mais il voudra sûrement aussi inaugurer dignement «sa» piste.