Avant le début de la saison, Max Gartner, président de Canada alpin, rêvait d'une première victoire canadienne en slalom masculin. Le triomphe est plutôt venu des femmes. Le 4 mars, Erin Mielzynski, ancienne skieuse nautique de 21 ans, a surpris la planète ski en gagnant le slalom de la Coupe du monde d'Ofterschwang, en Allemagne, pour devenir la première Canadienne à réussir l'exploit en plus de 40 ans.

Cinquième ce jour-là, Marie-Michèle Gagnon a deviné qu'elle serait la prochaine à monter sur le podium. Son pressentiment s'est concrétisé la semaine suivante à Äre, en Suède. Leader provisoire avec trois skieuses dans le portillon, la skieuse de Lac-Etchemin a «crié comme une malade» quand la grande Allemande Maria Höfl-Riesch est sortie de parcours en deuxième manche. Cela confirmait le premier podium de la carrière de Gagnon, qui a fini troisième.

La victoire de Mielzynski, qui n'avait jamais atteint les 10 premières jusque-là, a ouvert les yeux de sa coéquipière. «Ça m'a montré qu'on peut le faire n'importe quand, dans n'importe quelles conditions, qu'il n'y a pas de pattern avant de gagner, a raconté Gagnon plus tôt cette semaine. C'est drôle à dire, mais je savais que mon premier podium viendrait cette fin de semaine-là. Erin a brisé la glace. Je me suis dit: O.K., moi aussi je suis capable.»

Ce premier podium d'une skieuse québécoise depuis les deux de Geneviève Simard en 2006 est aussi la concrétisation d'une minutieuse préparation physique entreprise l'été dernier à Canmore, en Alberta, où elle compte s'établir pour de bon. Plus forte dans le gymnase, Gagnon peut s'exprimer davantage entre les piquets.

«En slalom, c'est vraiment le jour et la nuit, a souligné l'athlète de 22 ans, dorénavant 10e au classement de la discipline (22e en 2011). Le haut de mon corps est plus détendu. Je réussis donc à bouger les jambes plus facilement et à prendre plus de risques.»

Comme lors de cette manche ultime à Äre, où une erreur marquée en haut de parcours ne lui a finalement pas été trop coûteuse. «En étant plus forte physiquement, je suis capable de réussir des récupérations incroyables. Des fois, je suis un peu éparpillée, mais je reviens vite solide sur mes skis. Même qu'il y a beaucoup moins de moments où je fais peur à mes entraîneurs quand je descends!»

Fatigue

Au moment de l'entrevue téléphonique, Gagnon était sur la route entre Kirchberg et Schladming, où sont présentées cette semaine les finales de la Coupe du monde. Seule représentante canadienne avec Mielzynski - les 25 premières de chaque discipline sont invitées -, elle participera aujourd'hui au dernier slalom d'une saison... qu'elle aurait bien aimé prolonger.

«C'est sûr que la saison a été longue, qu'il y a beaucoup de fatigue accumulée parce qu'on pousse les limites à l'extrême, a dit la représentante du club Mont Orignal. Mais honnêtement, on ne fait pas partie de celles qui participent aux quatre épreuves et qui voyagent partout sans arrêter. J'aimerais continuer, mais en même temps, j'ai hâte de m'entraîner cet été et améliorer mon géant. On a un bon plan - des blocs consécutifs de cinq-six jours avec beaucoup de volume - et je veux avoir les mêmes succès qu'en slalom l'hiver prochain.»

En attendant, il y a aura les championnats canadiens du Massif et du Mont-Sainte-Anne, la semaine prochaine, et ce dernier slalom de Schladming, haut lieu de la discipline qui accueillera aussi les Mondiaux l'an prochain. Pour Gagnon et Mielzynski, la confiance est à son comble. De là à prédire un podium conjoint...

«S'il ne nous arrive pas de malchances, on est capables de skier pour ça, a affirmé la Québécoise. Mais il faut garder notre concentration. Il ne faut pas le prédire, plutôt le sentir...»