À la surprise générale, les skieuses de l'équipe canadienne ont éclipsé leurs collègues masculins l'hiver dernier. Elles sont montées sept fois sur le podium, chaque fois dans des épreuves de vitesse. Le retour à la compétition de Geneviève Simard, spécialiste du slalom géant, devrait dynamiser l'équipe technique. Après une longue absence de 19 mois, la Québécoise retrouve le circuit de la Coupe du monde, samedi, en Autriche. Elle trépigne.

Geneviève Simard revient de loin. À pareille date l'an dernier, elle rechaussait les skis pour la première fois à la suite d'une opération majeure au genou gauche subie au printemps 2007. Elle visait alors un retour en Coupe du monde à la fin janvier. Un mal de dos l'a toutefois obligée à ralentir ses ardeurs. Lorsqu'elle s'élancera pour le slalom géant d'ouverture de Sölden, samedi, la skieuse de Val-Morin en sera à sa première course en un an et demi. Autant dire une éternité quand on est dans la fleur de l'âge, qu'on a été au sommet et qu'on carbure à l'adrénaline.

 

Pour tout dire, Simard compte les jours, partagée entre l'excitation et la nervosité. «J'ai hâte que samedi arrive, le compte à rebours est commencé», a raconté l'athlète de 27 ans lors d'une entrevue téléphonique en début de semaine. «Jusqu'à présent, tout va bien. Je serai au départ. C'est déjà un accomplissement en soi. Ça a juste été plus long qu'on pensait. Ça ne fait que démontrer que c'était toute une affaire.»

L'affaire en question est une ostéotomie, soit la section d'un os pour en changer la forme, une opération inédite pour une skieuse active sur le circuit de la Coupe du monde. Simard s'est fait enlever un morceau de sept millimètres du tibia gauche afin de modifier l'alignement de son genou. L'opération avait un double objectif: prolonger sa carrière et lui permettre de garder un mode de vie actif à la retraite.

L'intervention a été un succès et le médecin est «ravi» des résultats, aux dires de Simard. Ce qui ne veut pas dire qu'elle foncera sans aucune appréhension sur le glacier de Sölden, l'un des parcours les plus difficiles sur le circuit. Bien que complètement guéri, son genou n'a pas été testé dans un contexte compétitif. Il a aussi fallu ajuster la charge à l'entraînement. «Je ne suis pas encore à 100%, reconnaît-elle. Je ne peux pas faire le même volume d'entraînement que si j'avais 19, 20 ou 21 ans parce que je n'ai pas un nouveau genou. Il est un peu magané...»

Devant l'inconnu

Simard dit bien s'accommoder de ce nouveau régime, qui a rempli ses promesses lors de deux camps sur neige estivaux en Nouvelle-Zélande et au Chili. «Je n'ai pas manqué une journée parce que j'en avais trop fait, note-t-elle. Et à mon âge, je n'ai plus besoin de faire des tonnes de volume. Je recherche davantage la qualité.»

Ce qui ne veut pas dire qu'elle a été économe de ses efforts, confirme Mark Sharp, l'entraîneur qui l'accompagne dans ce retour à la compétition. «Elle a travaillé extrêmement fort, a-t-il dit hier. On ne savait pas comment le genou allait tenir et je dirais que ce fut une agréable surprise. Il reste qu'on est devant l'inconnu quant à la façon dont il réagira à des forces comme celles qu'on retrouve sur la piste de Sölden. Ici, c'est comme descendre sur une patinoire à 20 degrés d'inclinaison. C'est fou. Elle n'a pas couru dans ce genre de conditions depuis un moment, mais on a travaillé très fort sur sa technique et elle est confiante de pouvoir attaquer sans problème en première manche.»

La longue absence de Simard lui a fait perdre son statut de coureuse «protégée» pour cause de blessure. Fini le privilège de partir parmi les 15 premières. Samedi, elle devra donc se contenter d'un dossard supérieur à 30 et d'un parcours entamé.

L'auteure de cinq podiums en Coupe du monde n'a pas l'intention de s'éterniser à cette position. «Je réalise que ça prendra une, deux voire trois courses avant de me remettre dedans à 100%, prévient Simard, néanmoins ambitieuse. À la fin de la saison, je veux être dans le top 10 en géant. C'est sûr que j'aimerais monter sur le podium, mais ce que je veux vraiment, c'est retrouver le niveau d'il y a deux ou trois ans. Je sais que c'est possible. Je ne m'attends pas à faire des choses que je n'ai jamais faites. Il reste à voir comment mon genou va me supporter.»

À la n de la saison, je veux être dans le top 10 en géant, a avoué Geneviève Simard. C'est sûr que j'aimerais monter sur le podium, mais ce que je veux vraiment, c'est retrouver le niveau d'il y a deux ou trois ans. Je sais que c'est possible.

 

Bleu Québec

Le parcours de Sölden, traditionnel théâtre du lancement de la saison de Coupe du monde, comporte un mur de glace bleue artificielle. Ce mur sera bleu Québec ce week-end. Huit des 10 coureurs canadiens qui prendront le départ en slalom géant sont en effet québécois. Samedi, Geneviève Simard sera accompagnée d'Émilie Desforges et de la prometteuse Marie-Pier Préfontaine. Dimanche, le spécialiste François Bourque cherchera à entreprendre la saison sur une bonne note après un dernier hiver plutôt difficile. La famille Guay sera bien représentée avec le vétéran Erik et son jeune frère Stefan, qui effectue un retour à la compétition après une sérieuse blessure à un genou. Julien Cousineau, champion de la coupe Nor-Am, et le vétéran Jean-Philippe Roy seront aussi de la partie.

Simon Drouin