Penny Oleksiak nage dans des piscines partout dans le monde, plus vite que pratiquement n'importe quel être humain. Des millions de gens l'ont vue le faire.

Mais c'est une piscine cachée derrière l'autre moitié de la maison jumelée familiale du quartier Beach, à Toronto, où elle a grandi, qui se démarque de toutes les autres.

C'est là qu'elle a appris à nager et qu'elle a découvert son amour de l'eau. C'est la piscine de Marie Cooper. Elle se souvient de Penny et de sa petite-fille qui s'amusaient ferme dans cette piscine.

« Je les sortais toutes les deux le matin, et elles partaient. [...] Ce sont deux bonnes nageuses », indique-t-elle.

Mme Cooper n'aurait pas pu prédire jusqu'à quel point. À 9 ans, Penny a dit à ses parents combien elle aimait nager dans cette piscine.

« Je n'étais qu'une fillette de 9 ans qui aimait nager. Quand j'ai dit à mes parents que j'aimais cela, mon père m'a dit : "OK, tu devrais essayer de le faire en compétition" », a-t-elle déclaré au Metro News.

Pour vous mettre en contexte, c'était après les Jeux olympiques de Pékin.

Sept ans plus tard, Penny est médaillée olympique d'argent (au 100 m papillon) et de bronze (au relais 4 x 100 m style libre) aux Jeux d'été de Rio.

La piscine de ses anniversaires

La piscine de Mme Cooper fait toujours partie de sa vie, affirme cette dernière, alors que Penny et sa famille vivent toujours à côté et lui rendent souvent visite.

« Elle vient de fêter son 16anniversaire, et elle est encore allée dans la piscine », raconte-t-elle.

En fait, presque toutes ses fêtes d'anniversaire ont eu lieu dans cette piscine, dit Mme Cooper. Habituellement, Penny et sa famille, ainsi que quelques amis, se tiennent autour et y nagent comme ils le faisaient quand ils étaient enfants, même si Penny est aujourd'hui presque trois fois plus grande, avec ses 6 pi 1 po.

Les victoires ont fait passer Penny du statut d'inconnue à vedette, surtout dans son quartier de Toronto, Beach, dont les résidants sont fiers de voir l'une des leurs porter la récolte de médailles du Canada aux premiers jours des Jeux. Le maire John Tory a déclaré au réseau de télévision CP24 qu'il aimerait organiser une célébration pour Penny.

Destinée aux Jeux olympiques

Mais aucun de ses professeurs ou entraîneurs n'est surpris, surtout pas Bill O'Toole, l'un de ses premiers entraîneurs.

En 2013, M. O'Toole était venu à une compétition au Toronto Swim Club pour observer une autre fille, qu'il trouvait « plutôt bonne ».

Étonnamment, la fille en question a terminé deuxième, et lorsque M. O'Toole est allé voir qui l'avait battue, il est arrivé face à face avec Penny.

Dès lors, il savait qu'il devait la diriger.

« Penny est sortie de l'eau, je l'ai regardée et je me suis dit : "Oh, mon Dieu, c'est une athlète" », indique M. O'Toole.

Trois mois plus tard, M. O'Toole est allé au Toronto Swim Club pour y être entraîneur, et son souhait a été exaucé. Penny avait 13 ans et battait déjà les records nationaux pour sa catégorie d'âge.

Il affirme que tout de Penny - de l'histoire athlétique de sa famille à son éthique de travail - lui disait qu'elle était destinée à des médailles olympiques.

« Elle est extrêmement talentueuse. Elle a ce je-ne-sais-quoi... Elle est naturellement portée vers la course. Elle est intelligente et travaille dur. Elle possède tout ce que vous voulez voir chez un athlète. »

M. O'Toole entraîne Penny depuis qu'elle a 13 ans. Il l'entraîne encore à l'occasion, bien qu'elle passe la plupart de son temps avec ses entraîneurs olympiques.

Alors que Penny réalise ses rêves à Rio, ses voisins et professeurs à Toronto se souviennent d'elle comme d'une fille terre à terre, drôle et motivée qui était destinée à devenir une grande athlète.

UNE FAMILLE D'ATHLÈTES

Penny, qui a eu 16 ans le 13 juin, est la plus jeune membre de l'équipe olympique canadienne à Rio de Janeiro.

Celle qu'on surnomme l'« enfant » est issue d'une famille d'athlètes. Son frère aîné Jamie est défenseur pour les Stars de Dallas, dans la LNH, tandis qu'un autre frère aîné, Jake, a joué au hockey dans la NCAA. Hayley, sa soeur plus âgée, pratique l'aviron à l'Université Northeastern. Son père Richard était un athlète multisport et sa mère Alison était aussi une nageuse.

Mme Cooper suit aujourd'hui Penny, surtout à la télé, mais les deux familles demeurent proches. Une clé est accrochée dans la maison de Mme Cooper, de sorte que si un membre de la famille Oleksiak oublie la sienne - et Penny est souvent cette personne -, elle peut le faire entrer. Mme Cooper s'assure également de venir féliciter la famille chaque fois que Penny gagne une médaille.

Elle est frappée de voir à quel point Oleksiak est « nonchalante » après chaque victoire. « Mais c'est Penny », souligne Mme Cooper. 

« Je ne crois pas qu'elle s'attendait vraiment à gagner à son âge. »

L'humilité est une chose que d'autres ont remarquée à son sujet. Penny a suivi en personne un cours au Monarch Collegiate lors du dernier semestre - les autres ont dû être suivis en ligne en raison des exigences de son entraînement. Il s'agissait, à juste titre, d'un cours de conditionnement physique, et son professeur, Bryan McAlpine, explique qu'elle a toujours été humble par rapport à son succès international, même dans un cours où elle était de toute évidence la meilleure.

Après qu'elle s'est qualifiée pour les Jeux, elle est revenue en classe, qui effectuait justement des rotations dans la piscine. Penny est entrée en retard, et toute la classe s'est mise à applaudir. Mais Penny est demeurée humble par rapport à ses victoires, précise M. McAlpine.

« Elle était si humble, timide et gênée par cela », indique-t-il.

L'humilité cache également un grand sens de l'humour, selon certains. Sur Twitter, sa biographie demande aux gens de lui « saucer un abonnement » [sauce me a follow]. Une vidéo sur YouTube présente une Penny blagueuse qui enseigne à d'autres nageurs comment faire le Dougie, un geste de danse.

C'est suffisant pour faire oublier aux gens qu'elle est une fille de 16 ans qui fait aussi des choses ordinaires, et M. McAlpine avoue qu'il doit aussi se le remettre en tête parfois. Il y a des aide-mémoires occasionnels à sa disposition, comme lorsqu'il voit Penny dans son quartier, puisqu'il demeure près de sa famille.

« Vous croyez qu'elle ne mange rien d'autre que des vitamines et des mélanges de protéines, mais elle marchait avec ses amis un dimanche matin, et je l'ai vue avec un sac de McDonald's dans la main », relate-t-il.

Avec autant de succès si tôt alors qu'elle rivalisait avec des athlètes beaucoup plus âgées, il est facile d'oublier à quel point Penny est encore jeune. Elle voyage toujours avec une petite couverture grise qu'elle décrit comme son porte-bonheur.

Mais elle a indiqué au Star que dimanche soir, c'était sans ses médailles, et non sa couverture, qu'elle ne pouvait pas dormir.

- Traduit par Jean-Philippe Arcand, La Presse

Photo fournie par la famille

La piscine dans laquelle Penny Oleksiak a passé ses étés lorsqu’elle était enfant n’a pas vraiment changé. Sa voisine, Marie Cooper, se souvient de Penny comme d’une petite fille normale, une bonne amie de sa petite-fille Emily, que Penny faisait toujours aller à l’eau en premier.

Photo fournie par la famille

Oleksiak et la petite-fille de Marie Cooper, Emily, étaient inséparables lorsqu'elles étaient jeunes.