Rio de Janeiro a lancé mercredi soir ses Jeux paralympiques en samba dans son mythique stade Maracana archicomble et en liesse, mais qui a massivement conspué le nouveau et contesté président brésilien Michel Temer.

Autre fausse note dans cette festive cérémonie d'ouverture des premiers paralympiques d'Amérique latine, l'absence remarquée du patron du CIO Thomas Bach qui alimentait les spéculations des médias brésiliens.

Dix-sept jours après la fin des JO, la vasque olympique s'est de nouveau embrasée dans le fameux «temple du football», alors que le Brésil se débat au milieu d'une récession économique et d'une crise politique.

Jusqu'au 18 septembre, 4342 athlètes de 159 nations vont rivaliser dans 22 disciplines, avec pour objectif d'oublier et de faire oublier leur handicap.

La cérémonie a commencé aussitôt la nuit tombée par une vidéo humoristique du président du Comité paralympique international, Philip Craven, dévalant les rues de Rio dans son fauteuil roulant à la rencontre des cariocas.

S'élançant ensuite à toute vitesse d'une rampe de 17 mètres de haut, l'Américain Aaron Wheelz a effectué en fauteuil un saut vertigineux pour finir sa course dans le stade sous les hourras du public, tandis que les premiers feux d'artifice illuminaient la nuit de Rio.

Une journée à la plage

Danseurs, musiciens et comédiens se sont emparés de l'espace pour interpréter différents tableaux: un ballet rouge et blanc en fauteuils roulants, des jeux de ballon, une belle journée à la plage...

Au rythme de la musique brésilienne, dans des tenues estivales et bariolées, certains avec des parasols d'où pendaient des soutiens-gorges de maillots de bain, ils ont recréé le passe-temps favori des Cariocas qui se réunissent sur les plages pour s'amuser, peu importe la catégorie sociale, le physique, le handicap.

Emmenés par le nageur syrien Ibrahim Al Hussein, membre de la première équipe de réfugiés paralympique, les athlètes des 159 nations participantes ont ensuite paradé, agitant des petits drapeaux de leur pays et saluant un public carioca ravi, qui hurlait encore davantage au passage de l'équipe du Brésil, et de la Palestine.

La chanteur Seu Jorge a conclu le spectacle sous une pluie battante, et des milliers de cotillons.

Seul Michel Temer n'était visiblement pas bienvenu à la fête. Il a succédé la semaine dernière à la présidente de gauche Dilma Rousseff, destituée par le Sénat au milieu d'une vive controverse politique.

Il a été brièvement conspué une première fois par quelques milliers de spectateurs aux cris de «Dehors Temer», lorsqu'il est apparu fugacement sur l'écran géant du stade au début de la cérémonie.

Mais lorsqu'il est monté à la tribune d'honneur pour déclarer en à peine quelques secondes les Jeux paralympiques «ouverts», une immense clameur hostile s'est élevée des tribunes. 

Absences, dopage, huées

Ancien vice-président devenu rival de Mme Rousseff, M. Temer avait déjà été hué à la cérémonie d'ouverture des JO, le 5 août.

L'absence du président du Comité olympique international (CIO), l'Allemand Thomas Bach a l'ouverture des Jeux paralympiques, une première depuis 1984, a également commencé à faire couler beaucoup d»encre.

M. Bach était officiellement retenu en Allemagne pour les obsèques officielles de l'ancien président allemand, Walter Scheel.

Mais le CIO a surpris en précisant dans un communiqué que «pour le moment il n'est pas prévu que le président (Bach) se rende au Brésil».

Selon la presse brésilienne, la justice voudrait l'entendre dans le cadre de la procédure engagée contre l'Irlandais Patrick Hickey, membre influent du mouvement olympique arrêté le 17 août à Rio et accusé d'avoir participé à un réseau de revente illégale de billets des JO.

Le CIO n'a pas souhaité commenter ces informations de presse, pas plus que la police qui a néanmoins convoqué une conférence de presse jeudi à Rio.

Les nuages s'accumulent sur ces Jeux, dont la préparation a déjà souffert des grosses difficultés financières du Comité d'organisation Rio-2016, en raison de dépenses imprévues pendant les JO, d'un manque de commanditaire et de ventes de billets pour les paralympiques qui ont tardé à décoller.

Tout ceci alors qu'un scandale de dopage a éclaboussé la puissante Russie, exclue pour toute la compétition, et qui a décidé d'organiser jusqu'à vendredi ses propres paralympiques à Moscou.

Pourtant les médias sont présents en nombre et l'IPC espère atteindre les quatre milliards de téléspectateurs dans plus de 154 pays, un record. À Londres, 115 pays avaient suivi l'événement.

«Vous allez voir le véritable sens du sport et la définition de l'habileté. Ces sportifs vont vous inspirer, vous faire vibrer et aussi vous changer», a déclaré le président l'IPC.

REUTERS