Place aux Paralympiques ! À peine trois semaines après la fin des Jeux olympiques, la flamme va de nouveau briller à Rio le 7 septembre pour les XVes Jeux paralympiques d'été, les premiers d'Amérique du Sud, qui s'annoncent comme un défi financier et sont en quête de ferveur populaire.

Après une quinzaine olympique mitigée et en pleine crise politique et économique, la mégapole brésilienne accueille jusqu'au 18 septembre plus de 4300 sportifs handicapés venant de 161 nations tous prêts à en découdre sur les terrains pour faire oublier leur handicap.

Cécifoot, athlétisme, rugby-fauteuil, natation, escrime, volleyball assis, équitation : 22 sports sont au programme de cette nouvelle édition, soit deux de plus qu'en 2012, le canoë-kayak et le triathlon. Et pour la première fois, la compétition aura une équipe de réfugiés composée d'un athlète iranien et d'un nageur syrien.

En 2012, le Royaume-Uni, berceau du paralympisme, a placé la barre très haut en organisant dans sa capitale des Jeux record et sans fausse note, avec des compétitions qui s'étaient disputées à guichets fermés et dans la ferveur.

Mais la vedette incontestée de Londres, chouchou du public et des médias, ne sera pas à Rio : le coureur sud-africain Oscar Pistorius est en prison pour le meurtre en 2013 de sa petite-amie Reeva Steenkamp.

Restrictions budgétaires

À Rio, les difficultés s'accumulent. En pleine période de destitution de sa présidente Dilma Rousseff, le Brésil ne s'est pas franchement passionné pour ses JO et l'engouement ne s'annonce pas non plus au rendez-vous pour les Paralympiques.

De plus, les caisses sont vides. Pour pallier des dépenses imprévues pendant les JO (réparations dans les appartements des athlètes, nettoyage de la piscine devenue verte), le CIO a pioché dans le budget global de Rio 2016. Et les recettes n'ont pas permis de combler le déficit, notamment à cause des faibles ventes de billets pour les Paralympiques et du manque de commanditaires.

Vendredi, 1,4 million de billets avaient été vendus sur un total de 2,5 millions, un chiffre en « nette progression », a indiqué à l'AFP le Comité international paralympique (IPC).

Le manque d'argent menaçant la participation des pays les plus pauvres, la ville de Rio a offert de débourser 150 millions de réais 59,8 millions de dollars) et le gouvernement brésilien a proposé 100 millions de réais (39,9 millions de dollars) supplémentaires via des parrainages d'entreprises publiques.

Des sommes conséquentes mais insuffisantes pour le président du comité organisateur qui a dénoncé une « situation inédite » et annoncé des coupes budgétaires : cérémonies d'ouverture et de clôture plus modestes, services de transports réduits ou encore installations mutualisées pour réduire les frais de fonctionnement.

Autre coup dur, la puissante Russie, deuxième à Londres, a été sanctionnée pour cause de dopage et exclue de toute la compétition, une première dénoncée jusqu'au sommet de l'État russe.

« Catalyseur »

Pas de quoi doucher les ambitions de plus de 4000 athlètes surmotivés qui attendent depuis quatre ans de voir le Corcovado et d'avoir enfin les médias du monde entier tournés vers eux.

Ces Jeux seront ceux « de la performance athlétique », a estimé Philip Craven, président de l'IPC, pour qui cet événement peut être le « catalyseur » d'un changement au Brésil et en Amérique latine vis-à-vis des personnes en situation de handicap.

La Chine, qui a écrasé la compétition en 2012 avec 231 médailles, dont 95 d'or, pourrait à nouveau s'imposer et la lutte pour les places d'honneur devrait se faire notamment entre le Royaume-Uni, les États-Unis, l'Ukraine et le Brésil, pays organisateur qui compte 285 athlètes et vise la cinquième place au tableau des nations.

Avant d'arriver mercredi dans le mythique stade du Maracana, la flamme, relayée par 700 porteurs, traversera cinq villes brésiliennes symbolisant chacune une valeur paralympique : Brasilia pour l'égalité, Belem pour la détermination, Natal pour l'inspiration, Joinville pour le courage, et São Paulo pour la capacité d'adaptation.