Deux têtes d'affiche du mouvement olympique canadien ont exprimé leur désaccord avec la décision du Comité international olympique (CIO) de confier aux fédérations de chaque sport le mandat de décider si les athlètes russes pourront participer ou non aux Jeux de Rio.

La présidente du Comité olympique canadien (COC) Tricia Smith et l'ancien vice-président du CIO Richard Pound ont joint leurs voix à celles de nombreux autres acteurs du monde sportif pour dénoncer la décision controversée prise la veille par le président du CIO, Thomas Bach.

Smith a déclaré dans un communiqué que le COC appuie « les athlètes canadiens qui se sont prononcés sur la nécessité de faire en sorte que tous les participants aux Jeux respectent des normes strictes de compétition exempte de dopage, ainsi que sur le besoin d'instaurer des mesures sévères contre les tricheurs ».

Photo André Pichette, Archives La Presse

Tricia Smith, présidente du Comité olympique canadien

Dimanche, l'ancien chef de mission et ex-olympien Jean-Luc Brassard s'est montré très critique envers la décision du CIO, tout comme la vedette canadienne de hockey féminin Hayley Wickenheiser, le kayakiste Adam van Koeverden, qui a remporté l'or en 2004, et la double championne olympique de patinage de vitesse Catriona Le May Doan.

Smith a aussi dit que les « révélations troublantes montrent clairement que d'autres mesures seront nécessaires pour éradiquer le fléau du dopage aux Jeux olympiques ».

L'ex-spécialiste de l'aviron a également déclaré être en faveur de la prolongation du mandat de Richard McLaren et de son équipe d'enquête, « dont le travail est essentiel ».

Lundi dernier, l'avocat canadien et son équipe ont publié un rapport dévastateur dans lequel on soutient que le ministère du Sport russe, avec l'aide des services secrets et des laboratoires antidopage de Moscou et de Sotchi, a « dirigé, contrôlé et supervisé » un système de dopage d'État. Peu après le dépôt du rapport, l'Agence mondiale antidopage (AMA) a appelé à l'exclusion de la Russie de toutes les compétitions internationales.

En ce sens, l'ex-président de l'AMA Richard Pound a déclaré sur les ondes de Radio-Canada que le CIO a manqué l'occasion de faire un geste clair contre le dopage en n'excluant pas la Russie des Jeux de Rio.

Selon Pound, la décision du CIO de ne pas suspendre la Russie est « probablement » liée à des pressions politiques du gouvernement de Vladimir Poutine.

Il a également balayé d'un revers de main les motifs du président du CIO, Thomas Bach, qui a déclaré qu'il ne pouvait punir la Russie puisque des athlètes russes qui ont montré patte blanche auraient pu être sanctionnés injustement. Pound a souligné que des précédents existaient en matière d'exclusion des JO, rappelant d'abord le cas de l'Afrique du Sud (apartheid) aux Jeux de Mexico en 1968 et celui du Koweït (influence politique) à Rio cet été.

Photo Salvatore Di Nolfi, Archives Associated Press

Richard Pound, ancien vice-président du Comité international olympique