Antoine Valois-Fortier avait été la surprise, voire la révélation des Jeux de Londres, dans le camp canadien. La judoka Catherine Beauchemin-Pinard est prête à lui emboîter le pas à Rio de Janeiro.

Médaillée d'argent et de bronze aux Mondiaux juniors de 2013 et 2014, l'athlète de 22 ans de Saint-Hubert a terminé cinquième à ses premiers Mondiaux seniors, en 2015. Comme Valois-Fortier, elle pourrait grimper sur le podium dès ses premiers Jeux olympiques.

« Catherine a une feuille de route beaucoup plus étoffée que celle qu'Antoine possédait avant sa médaille des Jeux de Londres, note Nicolas Gill, entraîneur-chef de l'équipe nationale de judo. Peut-être que pour les médias, les deux situations peuvent se ressembler, mais dans le monde du judo, si elle est sur le podium, ça ne sera pas une surprise. »

Pourtant, rien ne la destinait au judo - ou tout autre sport en fait. La jeune femme, qui habite désormais le quartier Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal, avait un tempérament plus artistique que sportif en bas âge.

« J'ai commencé à l'âge de neuf ans. Mes parents, quand nous étions jeunes, voulaient absolument qu'on fasse un sport, se rappelle-t-elle. Mon frère faisait du taekwondo, ma soeur faisait du soccer et, pour ma part, j'avais essayé plusieurs sports, mais rien ne m'accrochait. »

Sans le savoir, c'est Gill qui l'a lui-même recrutée

« À l'école, nous devions lire un article sur lui, explique celle qui souhaite poursuivre ses études en gestion, à l'Université du Québec à Montréal. On y racontait qu'il avait eu la piqûre pour le judo. Je suis restée accrochée là-dessus. En rentrant à la maison, j'ai dit à mes parents : "Je veux aller faire du judo, je veux attraper la piqûre pour le judo !" Mon père ne m'a pas crue tout de suite. Il a fallu un bon six mois avant qu'il ne m'inscrive ! Je pense que c'est parce que je l'ai tellement achalé avec ça qu'il m'a inscrite. J'ai commencé au club de judo Saint-Hubert ; c'est devenu une deuxième famille pour moi. Ils ont vraiment aidé à ce que j'aime le judo. »

Treize ans plus tard, elle sera l'une des têtes de série du tableau des 57 kg.

« C'est un rêve qui se réalise, mais c'est aussi la suite logique après ce que j'ai accompli ces dernières années. »

À l'image du reste de sa carrière d'athlète

« Nous y sommes vraiment allés par étapes. J'ai commencé par les régionaux, où j'ai connu un peu de succès. Puis, j'ai participé à des compétitions provinciales et je me suis qualifiée pour mes premiers canadiens de justesse. Je n'ai d'ailleurs rien fait qui vaille à ces premiers nationaux, mais tranquillement, je me suis mise à gagner des médailles au niveau national.

«Je n'ai jamais vraiment vu plus loin que la prochaine étape. Je me disais toujours : "Ah ! je peux faire ça, alors je vais essayer de m'y rendre". C'est comme ça que j'ai fini par me rendre à l'international, mais même il y a quatre ou cinq ans, je ne pensais pas encore aux Jeux. »

« Un peu comme Antoine, c'est une judoka dévouée, qui s'entraîne excessivement fort, analyse Gill. Ce n'est pas la plus douée, mais certainement une des plus motivées. C'est une fille qui gagne ses combats à l'acharnement, pas au talent brut. C'est donc tout à son honneur qu'elle ait pu élever son niveau là où elle est en ce moment. »

Un changement de division qui lui pave la voie vers le succès

« Je me battais chez les 63 kg. Quand nous avons décidé de descendre chez les 57 kg, en vue des qualifications olympiques, j'ai commencé à avoir de meilleurs résultats sur la scène internationale et j'ai alors commencé à songer aux Jeux. »

Dans une division très compétitive, Beauchemin-Pinard souhaite revenir du Brésil avec une médaille. Toutefois, rater le podium ne serait pas une catastrophe.

« Je n'aurai aucun regret, je vais savoir que je me serai préparée du mieux possible. Je vais arriver aux Jeux et je vais sentir que j'aurai fait le maximum pour être à mon mieux cette journée-là. Je vais laisser la magie des Jeux opérer ! »