Maxence Parrot ne s'en cache pas, il a de très grandes attentes envers l'épreuve de big air. Quatre fois gagnant de l'épreuve aux X-Games, il veut épater le monde entier et, pourquoi pas, devenir le premier champion de big air de l'histoire olympique. Il l'a affirmé plusieurs fois ces derniers mois.

Hier, il le disait toutefois du bout des lèvres. De peur, peut-être, de paraître prétentieux ou d'attirer la malchance. À la lumière des résultats en qualifications, la lutte s'annonce chaude sur le tremplin en finale. Il le sait. « Je veux faire de mon mieux, m'amuser et le résultat viendra avec », a-t-il insisté.

Trente-quatre planchistes, répartis en deux vagues, avaient droit à deux essais pour tenter d'accéder à la finale (top-6 de chaque vague). Parrot n'a pas attendu la seconde manche avant de s'imposer. Sous un ciel bleu, il a exécuté un front side triple cork 1440 qui lui a valu 89,25 points. Seul Canadien de sa vague, il a terminé en tête dès la première manche.

À son deuxième essai, il a exécuté le même saut avec plus d'amplitude, faisant grimper son score à 92,50 points, bon pour conserver la première position.

« C'est certain qu'avec le saut que je planifiais, je savais que ça me placerait top-3 au moins. J'ai choisi de faire un saut différent de ce que je fais normalement en qualifications. J'étais le seul aujourd'hui à faire ce type de saut là. Je pense que les juges ont aimé voir quelque chose de différent, a-t-il expliqué. Je suis super content d'être premier, je vais être un des derniers au départ de la finale. Je pourrai voir les autres descentes et ajuster les miennes. »

Après avoir décroché une médaille d'argent à l'épreuve de slopestyle, il y a quelques jours, le planchiste de Bromont semblait détendu, hier, jouant sur son terrain de jeu favori. Le big air est sa spécialité. En janvier, il est devenu le seul athlète à avoir remporté sept médailles en big air aux X-Games, dont quatre en or. Cette récente victoire lui a permis de devancer son compatriote Mark McMorris (avec six médailles).

« Avec ma médaille au slopestyle, j'avais une petite pression de moins, mais j'ai essayé de mettre ça de côté, de ne pas m'asseoir là-dessus », a-t-il dit. Il n'était pas stressé. « Je savais que j'avais déjà fait ma manoeuvre des milliers de fois. »

« Je suis excité pour la finale »

S'il veut ajouter une médaille olympique à sa collection, tout indique qu'il devra relever le niveau de ses sauts vendredi soir. Dans la deuxième vague, les scores ont été beaucoup plus hauts. Le Néo-Zélandais Carlos Garcia Knight a amassé 97,50 points, obtenant le meilleur résultat de la journée. Le Canadien Mark McMorris a terminé troisième avec 95,75 points. Sébastien Toutant, de L'Assomption, a pris le cinquième rang (91 points).

« Je trouve ça vraiment inéquitable, a dit Toutant. On est près de 40 athlètes, on est aux Olympiques. On se bataille pour être douze en finale. Pourquoi faire deux vagues ? Oui, ça améliore le rythme, mais la majorité des gros riders étaient dans notre vague. Certains ont été éliminés, mais ils auraient facilement passé dans la première vague. » La présentation a notamment joué contre le Canadien Tyler Nicholson (89,25 points), qui ne s'est pas qualifié.

Sébastien Toutant, 25 ans, a dû attendre que le vent se calme avant de s'élancer sur la rampe d'appel. Il a exécuté un cab 1620 triple cork. « C'est vraiment un gros truc, personne ne le fait. J'aurais dû scorer plus haut pour sécuriser ma place, mais le but était de me qualifier », a-t-il dit, en s'interrogeant sur les critères des juges. « Je suis excité pour la finale, je descends bien. »

En raison de la configuration du tremplin, l'écart entre les concurrents est plus serré qu'à l'habitude. Le tremplin est deux fois plus petit que celui des X-Games, note Parrot. « Le niveau des descentes est quand même bon, mais ça limite la grandeur des manoeuvres. » Les planchistes canadiens prévoient néanmoins exécuter des sauts spectaculaires en finale. « Je prépare des sauts que je n'ai jamais atterris en compétition », a dit Toutant.

Mark McMorris songe à faire un quadruple saut. Ça dépendra de la météo, du vent, des sauts des autres concurrents, de l'humeur du matin.

La finale sera présentée vendredi soir à une heure de grande écoute en Amérique du Nord. Les planchistes voudront assurément offrir un bon spectacle. « Plus il y a des cotes d'écoute, le mieux c'est pour nous. On veut inspirer des jeunes à faire du snowboard », a dit Parrot. La relève, prévoit-on, ne sera pas déçue.