Trente-quatre secondes! C'est la durée d'une épreuve de 500 mètres en patinage de vitesse longue piste, et c'est tout ce qu'il faudra à Alex Boisvert-Lacroix pour lui permettre de concrétiser son rêve.

Après deux tentatives ratées, aux Jeux de Vancouver en 2010 et Sotchi en 2014, Boisvert-Lacroix représente enfin son pays aux Jeux olympiques de PyeongChang.

«La persévérance, c'est un mot qui revient souvent lorsqu'on pense à mon parcours, a résumé Boisvert-Lacroix, qui est âgé de 30 ans. J'ai toujours cru en mes chances, même dans les moments les plus sombres. Mais ces dernières années, les choses se sont plutôt bien déroulées et j'avais vraiment la certitude de pouvoir me qualifier pour ces jeux-ci.»

Le déclic s'est fait après les Jeux de Sotchi, alors qu'il songeait à mettre un terme à sa carrière de patineur.

«J'étais à Calgary à ce moment-là, et j'ai pris la décision de rentrer au Québec pour reprendre mes études à temps plein, s'est souvenu le Sherbrookois. C'est là que je me suis dit: "Alex, tu as une dernière année pour montrer ton potentiel" et j'ai décidé de m'entraîner différemment.»

Il a alors tenté d'innover, en retournant à ses racines de patineur de vitesse courte piste. Cette discipline, qu'il a pratiquée de 2007 à 2012, ne lui convenait pas particulièrement en raison de son physique, qui s'apparente davantage à celui d'un secondeur au football qu'à un patineur de vitesse.

«Je suis un gros bonhomme, avec un gros gabarit - six pieds, trois pouces, un peu plus de 200 livres. Donc dès que je me retrouvais sur une patinoire de courte piste qui était la moindrement molle, mes performances en étaient affectées. Ma course était finie avant même d'avoir commencé», a-t-il expliqué.

Rapidement, Boisvert-Lacroix a réalisé que son entraînement hybride deviendrait sa planche de salut pour obtenir son billet pour les Jeux olympiques.

«Étrangement, c'est à ce moment-là que j'ai recommencé à progresser, a-t-il confié. J'étais meilleur que jamais auparavant. Et c'est cette année-là, après Sotchi, alors que les choses étaient très sombres, que la lumière est apparue au bout du tunnel.»

Cette renaissance a aussi coïncidé avec l'arrivée de son entraîneur, Gregor Jalonek, pour lequel il ne tarit pas d'éloges.

«Il a été l'un des premiers à croire en moi, a rappelé Boisvert-Lacroix. Il m'a appelé pendant l'été 2014 et m'a dit: "Cette année, Alex, tu vas faire un podium sur le circuit de la Coupe du monde", alors que j'avais peut-être fait un seul top 10 en carrière avant ça. C'était surprenant à entendre. Mais dès la première course de la saison, je suis monté sur le podium. Quand ton entraîneur croit en toi, ça fait la différence.»

Tous leurs efforts ont finalement porté fruit cette saison. Après un mauvais début de campagne aux Pays-Bas, Boisvert-Lacroix a notamment battu le record du monde en sprint par équipes messieurs (1:19,52) avec Vincent De Haître et Gilmore Junio, le 19 novembre, à Stavanger, avant de remporter sa première médaille d'or en carrière en Coupe du monde (500 m) à Calgary, le 3 décembre, et de récidiver à Salt Lake City, la semaine suivante.

«Pour une raison inexplicable, j'ai connu des contre-performances lors de la première Coupe du monde de la saison aux Pays-Bas, a-t-il convenu. Avec "Greg", nous avons simplement pris le temps de replacer certains éléments de base - c'est-à-dire mon départ, et certains trucs techniques. Puis en arrivant à la Coupe du monde suivante (à Stavanger), j'ai repris confiance et c'est ça, selon moi, qui a permis le déclic.»

Il a couronné sa préparation olympique en décrochant le bronze sur 500 m lors de la Coupe du monde d'Erfurt, en Allemagne, le 21 janvier. Même s'il est conscient que les attentes seront élevées à PyeongChang, le principal intéressé ne s'en fait pas trop.

«J'ai de très bonnes chances de médaille à PyeongChang, mais il va me falloir une course parfaite et tout donner jusqu'au bout parce que chaque centimètre va compter en raison du niveau de la compétition, a-t-il évoqué.

«En fait, j'attaque cette compétition l'esprit tranquille, a-t-il rectifié. Mon rêve se réalise. Le reste, c'est un bonus. Je ne me mets pas de pression, je veux juste m'amuser, et c'est dans ce temps-là que je connais mes meilleures performances.»

Boisvert-Lacroix tentera de grimper sur le podium lors de l'épreuve de 500 m qui sera présentée lundi le 19 février à l'ovale de Gangneung.