Interdit de séjour depuis l'ouverture des Jeux olympiques de PyeongChang le 9 février suite à la suspension de la Russie en raison d'un système de dopage institutionnalisé, le drapeau russe flottera-t-il lors de la cérémonie de clôture ? Réponse samedi à l'issue d'une réunion de la commission exécutive du CIO.

Placés sous le signe de la détente entre les deux Corées, ces Jeux pourraient donc également l'être entre le CIO et la Russie. Et ce malgré l'ampleur d'un programme mis en place par Moscou pour manipuler et dissimuler les tests antidopage de ses sportifs, notamment durant les Jeux de Sotchi en 2014.

Ce système avait été mis au jour par un rapport de l'Agence mondiale antidopage (AMA) et avait valu au Comité olympique russe (ROC) une suspension, prononcée le 5 décembre par le CIO.

Exclus des JO, une certain nombre de sportifs russes pouvaient cependant y être «invités» à participer sous la bannière olympique. Un total de 168 sportifs russes y ont pris part, pour un bilan provisoire de 12 médailles, mais aucun titre.

À Sotchi, la Russie avait terminé première nation, mais le bilan a été revu à la baisse à la suite du scandale.

La décision du 5 décembre prévoyait dans le même temps une possible levée de la suspension de la Russie, au dernier jour des Jeux, afin de permettre au drapeau russe d'être brandi lors de la cérémonie de clôture.

Pour ce faire, un groupe «de mise en oeuvre» composé de deux membres du CIO et de son directeur général, va soumettre samedi un rapport à la commission exécutive - le gouvernement du CIO - qui se réunira dans l'après-midi et décidera alors de lever ou non cette suspension. La recommandation sera ensuite formellement entérinée dimanche matin par les membres réunis en session, avant la cérémonie de clôture prévue dimanche soir.

Ce rapport du groupe «de mise en oeuvre» prendra en compte le comportement général des sportifs russes et l'application de «l'esprit et de la lettre» des conditions posées.

Levée «partielle ou totale»

«La levée de la suspension peut être totale ou partielle», a expliqué jeudi Mark Adams, porte-parole du président du CIO Thomas Bach.

Le ROC a déjà rempli une des conditions posées en s'acquittant d'une amende de 15 milliards USD, a appris l'AFP mercredi d'une source proche du dossier.

Mais dans le paysage global, le cas de dopage du curleur russe Alexander Krushelnitsky, contrôlé positif au meldonium, fait tache. Reconnu coupable de «violation aux règles antidopage», le curleur a accepté la sanction et devra rendre la médaille de bronze gagnée en double mixte avec sa femme, récompense qui devrait désormais revenir à la Norvège.

Ce cas de dopage va certes peser, mais la défense du Russe sera aussi prise en compte. Krushelnitsky, qui nie s'être dopé volontairement, accuse une équipe concurrente d'avoir volontairement versé un produit dopant dans une de ses boissons durant un stage de préparation au Japon.

«C'est une explication plausible», a confié à l'AFP une source proche du dossier.

Si la suspension du ROC est levée, les sportifs russes pourront défiler derrière le drapeau russe lors de la cérémonie de clôture.

Déjà taxé par certains de manque de fermeté envers Moscou à la veille des JO d'été de Rio en 2016, le CIO se trouve donc face à un dilemne. S'il maintient la suspension de la Russie, première nation à Sotchi avant de perdre un certain nombre de médailles pour dopage, et seulement 20e provisoire à PyeongChang, le CIO apparaîtra comme le héraut de la lutte antidopage.

Si en revanche, il lève totalement ou partiellement la suspension, le CIO risque alors d'être soupçonné d'avoir cédé face à la puissance sportive et géopolitique du géant russe.

«Il n'est alors pas totalement exclu que certains comités olympiques envisagent un boycott de la cérémonie de clôture», a confié à l'AFP un membre du CIO, sous couvert d'anonymat, ajoutant que «certains membres n'ont pas compris l'empressement de Thomas Bach et du CIO à vouloir se prononcer aussi rapidement sur le cas russe».