Le vol de retour a peut-être été éreintant, mais le bruyant accueil réservé aux athlètes canadiens à l'Aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau de Montréal a assurément valu les quatre années de dur labeur, lundi soir.

Se sentant un peu seule comme porte-drapeau lors des cérémonies de clôture des Jeux de PyeongChang, la patineuse de vitesse courte piste et triple médaillée olympique Kim Boutin était cette fois suivie d'une délégation canadienne composée d'une vingtaine d'athlètes.

Véritable révélation lors des deux dernières semaines, Boutin n'a pas caché avoir vécu des montagnes russes émotives, tant positives que négatives, mais maintenant que la poussière est retombée, l'athlète de Sherbrooke est heureuse de remettre les pieds au pays.

«Je suis excitée d'aller voir mes proches et j'ai hâte de pouvoir partager ces beaux moments avec eux. Je vais prendre les prochains jours pour me reposer physiquement et mentalement. On essaie toujours de se préparer à ce genre d'événements et les quatre dernières années étaient chargées afin que je puisse gérer des situations semblables», a affirmé Boutin, à propos des menaces de mort qu'elle a reçues après avoir remporté la médaille de bronze à l'épreuve de 500 mètres.

Boutin ne profitera que d'un repos de deux semaines, car elle renouera avec la compétition à l'occasion des Championnats du monde de patinage de vitesse courte piste, qui se dérouleront à Montréal les 17 et 18 mars. Le double médaillé à PyeongChang Samuel Girard, les médaillés en relais masculin sur une distance de 5000 mètres Charles Hamelin, Charle Cournoyer, Pascal Dion ainsi que Marianne St-Gelais se retrouvent dans la même situation.

Hamelin et St-Gelais, qui prendront part à leur dernière compétition en carrière, ont connu quelques déceptions lors des derniers Jeux d'hiver et ils ont vécu leur expérience en deux temps.

L'athlète de 33 ans a essuyé quelques éliminations hâtives avant de décrocher la cinquième médaille olympique de sa carrière, lui permettant d'égaler Marc Gagnon et François-Louis Tremblay en tant que patineurs de vitesse courte piste les plus décorés de l'histoire du Canada.

«Les Jeux de PyeongChang ne définiront pas qui je suis en tant qu'athlète. Notre médaille de bronze obtenue en équipe goûte un peu l'or parce que nous avons fait une course incroyable. Les émotions que nous avons vécues en tant qu'équipe sont venues effacer mes déceptions lors des compétitions individuelles. Je reviens à Montréal la tête haute et avec une médaille au cou», a affirmé Hamelin.

St-Gelais avait elle aussi espoir de conclure sa carrière olympique en ajoutant quelques médailles à sa collection, mais à défaut d'avoir pu monter sur le podium, elle a pris son rôle de mentor au sérieux, faisant figure de proue pour les patineurs de la relève.

«Je ne peux pas le cacher, je suis encore déçue et il y a peu de choses qui me consolent en ce moment. Je suis heureuse de faire mon dernier tour de piste à la maison. Le sport est en santé et c'est un peu ce que tu veux quand tu es vétéran. Tu veux pouvoir passer le flambeau et le rôle de mentore vient avec plusieurs belles choses. J'ai appris à être heureuse pour les autres et je suis vraiment contente pour Kim», a mentionné St-Gelais.

C'était plutôt l'euphorie qui attendait Sébastien Toutant et Maxence Parrot à leur retour au Québec. Les deux planchistes ont remporté la première médaille olympique de leur carrière et ils ont donné tout un spectacle en slopestyle et en big air.

Celui qui est surnommé «Seb Toots» a terminé 11e en slopestyle, mais il s'est repris en raflant l'or en big air. D'ailleurs, Toutant peinait encore à réaliser tout ce qui venait de se produire lors des derniers jours.

«C'est si récent encore. J'ai gagné la médaille d'or et je le réalisais un peu en Corée du Sud, mais de revenir ici et de revoir mes proches, c'est comme si je la recevais une seconde fois. Je crois que ce sera comme ça pendant encore quelques semaines ou quelques mois. J'étais tellement stressé pendant la compétition de big air, mais j'étais très confiant lors de mes descentes», a expliqué Toutant.

Parrot est quant à lui monté sur la deuxième marche du podium en slopestyle et il a chuté lors de son dernier saut en big air, alors qu'il était en bonne position pour obtenir une autre médaille. Pour une première fois après les Jeux olympiques, il a pu vivre un accueil triomphal de la part de ses partisans.

«Je ne suis resté qu'une semaine aux Jeux de Sotchi, en 2014, et après, je me suis envolé vers le Japon. Je n'avais pas vécu un accueil semblable. Je m'attendais à voir deux ou trois médias, mais quand j'ai descendu les marches, j'entendais les cris et je me suis vite rendu compte que c'était sérieux, a avoué en riant Parrot. Je suis un peu fatigué parce que nous avons fait la fête à Séoul, mais ce n'est pas fini parce que nous ferons aussi la fête au Québec.»

Le planchiste de 23 ans ne croyait pas si bien dire.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Maxence Parrot et Sébastien Toutant.