Le couple de patineurs nord-coréens Ryom Ta Eok et Kim Ju Sik s'est exprimé avec réussite sur la glace olympique mercredi aux Jeux de PyeongChang. Il est ensuite rapidement redevenu silencieux ou presque.

Sans surprise, leur entrée sur la glace de Gangneung, la ville côtière qui accueille les sports olympiques de glace, a été saluée par les applaudissements et les encouragements nourris des meneuses de claque nord-coréennes, dans leur désormais habituelle tenue rouge et bonnet rouge et blanc.

Aux cheerleaders envoyées par le voisin de la péninsule qui scandaient le nom des deux patineurs en agitant frénétiquement le drapeau de leur pays, répondait depuis une tribune opposée un groupe de spectateurs, drapeau de l'unification de la Corée en main.

Ryom (19 ans) et Kim (25 ans) se sont montrés à la hauteur des attentes: en obtenant 69,40 points, ils ont fait progresser de plus de quatre points leur score de référence (65,25), ce qui leur vaut une onzième place avant le programme libre jeudi.

Une performance qui n'a pas rendu le couple plus bavard. Ryom et Kim ont certes répondu, très brièvement, à quelques télés triées sur le volet, mais ils ont ensuite traversé la zone mixte réservée à la presse écrite au pas de course, précédés par un officiel nord-coréen, long manteau strict bleu marine.

«Peuple coréen»

Les rares mots prononcés par Kim ont essentiellement porté sur le soutien reçu par le couple.

«Les encouragements communs des Sud-Coréens et des Nord-Coréens nous ont énormément aidés. On a vraiment pu ressentir la force et l'énergie du peuple coréen», a-t-il déclaré.

Pour en savoir un peu plus sur les seuls athlètes de la délégation nord-coréenne à s'être qualifiés sportivement pour les Jeux de 2018, on se tourne alors vers l'entraîneur canadien Bruno Marcotte, qui les a reçus pendant deux mois l'été dernier à Montréal et les accompagne aux Jeux de PyeongChang.

Le plus compliqué quand leur venue s'est confirmée? Gérer la logistique pour des patineurs qui ne parlent pas anglais, n'ont pas de permis de conduire... et débarquent quatre jours plus tard.

«Chaque été, on reçoit des couples étrangers. On leur donne des contacts et ils organisent tout. Avec eux, j'ai joué un peu le rôle de parent, j'ai dû tout organiser, trouver un appartement, organiser les transports... Ils ne peuvent pas juste aller sur Expedia, Airbnb et tout!», lance Marcotte.

«Strictement sportif»

À Montréal, Ryom et Kim sont accompagnés par leur entraîneur et un membre de la Fédération nord-coréenne de patinage - «un ancien patineur, le seul qui parlait anglais, tout passait par lui», raconte le Canadien.

Sur la glace, tout se passe bien. «Ce sont des élèves de rêve, qui veulent apprendre, très reconnaissants de la chance qui leur est offerte de travailler avec nous, de s'entraîner avec Meagan [Duhamel] et Eric [Radford]. Ce sont des jeunes très expressifs dans leur humeur, je savais toujours s'ils étaient heureux, déçus... C'était très facile de travailler avec eux», se souvient-il.

Ils n'en restent pas moins très secrets.

«Ils n'étaient pas très ouverts à partager leur histoire en tant que patineurs, a déclaré au Monde Meagan Duhamel, double championne du monde en couples, associée à Eric Radford (et mariée à Marcotte). Quand je leur demandais depuis quand ils patinaient, la conversation changeait de sujet.»

Ce que confirme Marcotte. «On a parlé beaucoup de patinage, d'entraînement, eux me demandaient tout le temps de quoi ils avaient besoin pour s'améliorer, quel genre d'entraînement je pouvais leur proposer de faire une fois qu'ils seraient de retour à la maison..., décrit l'entraîneur. Tout était strictement sportif.»