À son arrivée avec le Canadien, en 2012, Marc Bergevin comptait pour joueurs de centre David Desharnais, Tomas Plekanec et Lars Eller.  

Le seul jeune centre digne de mention à cette position s’appelait Louis Leblanc, repêché en première ronde trois ans plus tôt, mais son étoile commençait déjà tranquillement à pâlir. 

Dans l’espoir de dénicher un centre de premier plan pour la première fois depuis le départ de Saku Koivu, Bergevin, de concert avec le directeur du recrutement Trevor Timmins, a opté pour Alex Galchenyuk au troisième rang, quelques semaines après l’entrée en poste de Bergevin. 

Galchenyuk a vite montré des grandes promesses, après une demi-saison de 61 points en 33 matchs à Sarnia, dans la Ligue junior de l’Ontario, pendant le lock-out de la LNH. On l’a même promu dès janvier à Montréal, où il a obtenu un très respectable total de 27 points en 48 matchs, plus de 46 points sur une saison complète. 

La suite a été moins concluante. Et le centre repêché un an après lui, le géant Michael McCarron, qui devait produire à l’attaque tout en redressant des torts, n’a jamais percé. 

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Alex Galchenyuk et Michael McCarron

La traversée du désert a duré presque sept ans. Aujourd’hui, le Canadien compte presque trop de bons jeunes centres. Tout s’est accéléré subitement. L’échange de Galchenyuk à l’été 2017 a fourni au CH un centre offensif de premier plan, Max Domi, âgé de 24 ans seulement. Phillip Danault, 26 ans, est devenu l’un des meilleurs centres défensifs de la Ligue, bien supérieur à ce que Lars Eller pouvait donner, autant offensivement que défensivement. 

Même si Ryan Poehling avait constitué le premier choix, 25e au total, en 2017, le Canadien s’est à nouveau rabattu sur un centre, Jesperi Kotkaniemi, au troisième rang au total en 2018. Non seulement Kotkaniemi a-t-il réussi à atteindre la Ligue nationale à seulement 18 ans, mais Poehling a explosé l’hiver dernier en étant nommé le joueur par excellence au Championnat mondial junior et en marquant trois buts à son premier match à Montréal en fin de saison. 

Kotkaniemi a trois points en neuf matchs depuis le début de la saison. Ses performances sont inégales, mais on oublie qu’il vient d’avoir 19 ans. Il était à quelques mois seulement de devenir éligible pour le repêchage de 2019. 

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Jesperi Kotkaniemi

Poehling aurait sans doute entamé la saison à Montréal n’eut été d’une commotion cérébrale subie en match préparatoire. Après un lent départ avec le Rocket de Laval, où il a été blanchi à ses trois premiers matchs, Poehling a amassé quatre points à ses quatre dernières rencontres. 

Dans ce contexte d’engorgement soudain au centre, autant à Montréal que dans le réseau des filiales, l’arrivée de Nick Suzuki, obtenu dans la transaction de Max Pacioretty et repêché une dizaine de rangs avant Poehling par Vegas en 2017, constitue un boni. 

On le voyait plus bas dans la hiérarchie, après une performance en demi-teinte au Championnat mondial junior, mais sa domination dans les séries éliminatoires avec Guelph, dans la Ligue junior de l’Ontario, a ouvert bien des yeux. 

Claude Julien l’utilise à l’aile droite pour l’instant, et il a obtenu trois points en neuf matchs, dont deux buts à ses trois derniers matchs et une fiche de +3, mais on le sent nettement plus à l’aise au centre. Son tour viendra sans doute.

L’organisation a voulu augmenter son taux de succès à cette position et a repêché une abondance de joueurs de centre à compter de la deuxième ronde en 2018 avec les nombreux choix à sa disposition. Jacob Olofsson, Allan McShane, Cam Hillis, Samuel Houde, Cole Fonstad et Brett Stapley ont été repêchés entre la deuxième et la septième ronde en 2018. On ne les attend pas. Leur éclosion constitue un bonus. 

Olofsson, 19 ans, n’a pas encore de points en neuf matchs dans la Ligue d’élite de Suède. Il a été ralenti par une commotion cérébrale en début de saison. Mais il a un rôle important à Skelleftea. On pourra mieux mesurer sa progression au Championnat mondial junior. 

McShane en est à sa quatrième saison dans les rangs juniors. Dans ce contexte, ses 15 points en 11 matchs à Oshawa ne devraient pas nous étonner. Fonstad est dans la même situation. Les deux ont été très discrets au tournoi des recrues. Mais ils ont une chance de recevoir une invitation canadienne pour le Championnat mondial. Ça n’est pas à dédaigner. Houde, 19 ans, mais 20 ans d’ici la fin de la saison, connaît un très bon début de saison lui aussi, à Chicoutimi. 

Cam Hillis est un peu plus jeune. Il a 11 points en autant de rencontres à Guelph et il est leur capitaine. Lui aussi a été très discret au tournoi des recrues. Mais son développement a été ralenti par plusieurs blessures. Stapley pourrait devenir un autre Jake Evans, un joueur à l’éclosion plus tardive dans la NCAA. 

Le Canadien est enfin nanti au centre, comme lors des belles années de Vincent Damphousse, Pierre Turgeon et Saku Koivu… vers la fin du 20e siècle !

Et l’organisation a reçu un beau cadeau en juin avec Cole Caufield, encore disponible au 15e rang, un ailier capable de marquer des buts à la pelle. Il en avait compté 72 en 64 matchs au sein du programme national américain, 14 en seulement sept rencontres au Championnat mondial des moins de 18 ans, et voilà qu’il entame sa carrière dans la NCAA avec Wisconsin à un rythme encore plus endiablé : six buts et sept points à ses quatre premiers matchs !

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Cole Caufield

Dans un élan d’enthousiasme ce weekend, son entraîneur Tony Granato, ancien coach en chef de l’Avalanche du Colorado, est tombé dans les superlatifs. « Cole est dans la même catégorie que Brett Hull, Steven Stamkos et Alex Ovechkin, a confié Tony Granato à Jonathan Bernier, du Journal de Montréal. Il n’a pas encore atteint la LNH, bien sûr, mais ce qu’il a accompli avec l’équipe de développement des États-Unis prouve qu’il est dans une classe à part. Ses statistiques sont plus impressionnantes que celles de Phil Kessel, Auston Matthews et Patrick Kane. »

C’est le coach qui le dit. Prière de ne pas tirer sur le messager !

Un autre ailier droit, Jesse Ylonen, un choix de deuxième ronde en 2018, poursuit son apprentissage en Finlande. Il a ralenti un peu récemment dans la Liiga ; il compte sept points en 13 matchs. 

Le Canadien était représenté par Cayden Primeau, Ryan Poehling, Alexander Romanov, Jesse Ylonen, Jacob Olofsson, Josh Brook et Nick Suzuki au plus récent Championnat mondial junior, en janvier, un nombre de joueurs anormalement élevé. 

Il pourrait y en avoir presque autant cette année avec Cole Caufield, Alexander Romanov, Jesse Ylonen, Jacob Olofsson, Jordan Harris et Mattias Norlinder. 

À écouter

La Presse a lancé récemment sa balado, où nos experts discutent de questions de hockey. Dans ce septième épisode de Sortie de zone, Alexandre Pratt et Guillaume Lefrançois, de La Presse, ainsi que Jeremy Filosa et l’animateur Mario Langlois, du 98,5, reviennent sur les derniers matchs et posent la question : 2019-2020 sera-t-elle finalement l’année des Oilers ?