L’été est presque terminé et la solution miraculeuse n’a pas eu lieu. 

Les Blue Jackets de Columbus se retrouvent à quelques semaines de l’ouverture du camp d’entraînement dépourvus de leur gardien numéro un, de leur meilleur compteur, de leur centre numéro un... et aussi de leur président. 

Dépourvus également d’un choix de première ronde, de deux choix de deuxième et de deux espoirs, sacrifiés pour obtenir Matt Duchene et Ryan Dzingel, deux joueurs de location. 

L’énorme coup de poker du printemps a fonctionné partiellement. On a éliminé le Lightning de Tampa Bay en quatre matchs, la surprise des séries, mais les réjouissances n’ont pas duré longtemps. Columbus a été éliminé en six matchs par les Bruins de Boston en deuxième ronde. 

Le DG Jarmo Kekalainen affirme néanmoins ne rien regretter. Aurait-il vraiment pu dire le contraire? «Ce fut une décision d’organisation, des propriétaires jusqu’aux hommes de hockey, confiait-il cette semaine à Greg Wyshynski. Nous voulions garder ce groupe de joueurs intact et voir jusqu’où nous pourrions aller. Ce fut un risque calculé. Nous croyions pouvoir nous le permettre en raison de notre profondeur au chapitre des espoirs. Nous avons battu Tampa et chauffé Boston. Nous avons prouvé que nous étions des aspirants à la Coupe Stanley. Nous n’allions pas échanger (Sergei) Bobrovsky et (Artemi) Panarin pour des espoirs et des choix. Les offres ne suffisaient pas à nous convaincre de faire le contraire.»

Duchene, obtenu des Sénateurs pour un choix de première ronde et deux jeunes joueurs, vient d’obtenir 56 millions pour sept ans des Predators de Nashville. Ottawa a repêché le jeune défenseur Lassi Thomson au 19e rang avec ce choix. 

Panarin a signé pour sept ans et 81 millions avec les Rangers de New York. Bobrovsky a obtenu 70 millions pour sept ans des Panthers de la Floride. Dzingel a accepté un contrat plus modeste, 6,75 millions pour deux ans des Hurricanes de la Caroline. Seul Duchene se retrouve dans l’autre Association. 

PHOTO VLADIMIR SIMICEK, AGENCE FRANCE-PRESSE

Elvis Merzlikins

Kelalainen comptera sur le gardien letton Elvis Merzlikins, 25 ans, pour combler le vide laissé par Bobrosvky. Merzlikins domine depuis quelques saisons en Suisse et il a brillé lors des deux derniers Championnats du monde au sein des formations lettones dirigées par Bob Hartley. 

L’entraîneur John Tortorella comptera encore sur une solide défense, peut-être la meilleure de la LNH. Seth Jones, Zack Werenski et David Savard forment un incroyable top 3. En santé, Ryan Murray constitue un quatrième défenseur de luxe. Markus Nutivaara pourrait jouer sur un top 4 de bien des clubs. Vladislav Gavrikov et Dean Kukan complètent le portrait. 

Le manque de profondeur se fait sentir davantage à l’attaque. Pierre-Luc Dubois revient à sa position de centre numéro un, occupée avant l’arrivée de Duchene. Mais il perd son ailier Panarin. On en demandera davantage d’Alexander Wennberg, décevant depuis deux ans après une saison de 59 points. 

Cam Atkinson, Josh Anderson, Boone Jenner et Oliver Bjorkstrand sont toujours avec l’équipe et on misera sur l’émergence du jeune Français Alexandre Texier et peut-être aussi du choix de première ronde en 2018, Liam Foudy. 

L'équipe n'a pas eu de choix de première ronde en 2017 et 2019, et n'a pas repêché avant la quatrième ronde cet été. Ça amincit une banque d'espoirs.

Malgré tout, Kekalainen dit ne pas avoir supplié Matt Duchene de rester. «C’était un peu une décision mutuelle. Céder un deuxième choix de première ronde à Ottawa et ensuite lui donner un gros contrat, c’était une décision difficile pour nous aussi.»

PHOTO RUSSELL LABOUNTY, USA TODAY SPORTS

Artemi Panarin

Kekalainen a néanmoins tout fait pour retenir Panarin, révèle-t-il à ESPN. «Nous avons fait un effort de dernière minute pour lui montrer que la taille du contrat ne constituait pas un obstacle. Personne ne peut le remplacer. On devra le faire par comité. Dubois a seulement 20 ans. Anderson commence à émerger. Bjorkstrand produit à un rythme de 40 buts lors des 40 derniers matchs.» 

Le DG des Blue Jackets ne semble pas trop inquiet pour la situation des gardiens. «Elvis attend patiemment depuis quelques saisons en Europe. Niklas Backstrom a percé dans la LNH (avec le Wild du Minnesota) à 28 ans après avoir longtemps joué en Finlande. Jonas Hiller avait l’âge d’Elvis quand il a joint les Ducks. Elvis est une vedette en Suisse et une vedette au Championnat mondial. Le temps nous dira. Je ne veux rien enlever à Bobrovsky, mais les gardiens apprécient jouer pour une défense comme la nôtre. Disons ça comme ça.»

Kekalainen rappelle que les Blue Jackets avaient amassé 108 points avant l’arrivée de Panarin et Dubois. «Laissons les gens nous sous-estimer…»

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