Un directeur général peut bien analyser, prédire, calculer, il demeure vulnérable devant le pire des facteurs: les impondérables.

Doug Wilson a sacrifié beaucoup pour obtenir Erik Karlsson l’été dernier. Il a offert aux Sénateurs un choix de première ronde en 2020, un choix de deuxième ronde en 2019, l’un de leurs meilleurs espoirs, le centre Josh Norris, et deux joueurs de leur formation régulière.

Il obtenait ainsi le meilleur défenseur offensif de la LNH pour une saison, peut-être plus si Karlsson choisissait de demeurer avec les Sharks pour les prochaines années.

Malheureusement pour les Sharks, l’aine de Karlsson a cédé quelque part en janvier. Le défenseur suédois a tenté quelques retours ici et là, mais n’a jamais pu retrouver l’élan des beaux jours.

Karlsson avait accumulé 27 points à ses 18 matchs précédents lorsqu’il s’est blessé une première fois à la mi-janvier. Il a pris une dernière pause fin mars, début avril, avant de disputer le dernier match de la saison régulière.

Si les Sharks n’avaient pas tant eu besoin de lui, si on n’avait pas tant investi en lui, il n’aurait probablement pas joué en séries éliminatoires. Il a amassé 16 points en 19 matchs de séries, mais ses carences en défensive, encore plus flagrantes avec sa blessure, ont nui à l’équipe.

Karlsson n’était pas en uniforme hier soir à St. Louis lors de l’élimination de l’équipe, pas plus que les vedettes offensives Tomas Hertl et Joe Pavelski, blessés également.

Doug Wilson a payé cher pour Karlsson, mais la transaction n’était pas vilaine en soi. Les Sharks n’ont pas été chanceux au chapitre de la santé. Ce type d’acquisition comporte néanmoins son lot de risques, comme on vient de le constater. Reste maintenant à voir si le DG des Sharks voudra lui offrir un contrat à long terme d’ici le 1er juillet et si Karlsson veut demeurer à San Jose et dans l’Association de l’Ouest.

Le DG des Golden Knights de Vegas, George McPhee, peut lui aussi maudire les impondérables. Il a sacrifié deux de ses meilleurs espoirs, Nick Suzuki et le défenseur Erik Brannstrom, pour deux attaquants réputés et aguerris, Max Pacioretty et Mark Stone. Vegas menait 3-0 en troisième période du septième match, lors de la première ronde. Une mauvaise décision de l’arbitre a donné une supériorité numérique de cinq minutes aux Sharks et l’univers des Golden Knights allait s’écrouler.

Ces deux vétérans seront avec l’équipe l’an prochain, mais Pacioretty a marqué seulement 22 buts et il aura 31 ans en novembre. Stone vient d’avoir 27 ans et il pourra aider Vegas plus longtemps. Mais on perd deux jeunes dont le talent aurait pu aider cette formation pendant dix, quinze ans.

PHOTO JEFF CURRY, USA TODAY SPORTS

Ryan O'Reilly

Les deux finalistes, les Bruins et les Blues, ont été plus prudents. Doug Armstrong a donné un choix de première ronde aux Sabres de Buffalo pour Ryan O’Reilly l’été dernier, mais ce choix allait être transféré de 2019 à 2020 s’il avait été situé dans le top 10 cette année, O’Reilly est un centre numéro un et il n’y a pas eu d’espoir cédé dans la transaction (on a aussi cédé un choix de deuxième ronde en 2021 dans l’échange).

Le choix de première ronde a changé de mains depuis. Il appartient désormais aux Ducks d’Anaheim. Ceux-ci l’ont obtenu des Sabres en retour du jeune défenseur Brandon Montour. Anaheim ne repêchera pas avant le 30e rang puisque St. Louis a atteint la finale.

Contrairement à l’an dernier (pour Rick Nash), Boston a conservé son choix de première ronde ce printemps. Ils ont cédé des choix de deuxième et quatrième rondes pour Marcus Johansson. Les Devils ne repêcheront pas avant le 61e rang avec ce choix de second tour.

À la lumière des événements, et avec aussi l’élimination des Blue Jackets de Columbus au deuxième tour, dans quel camp vous rangeriez-vous, celui des audacieux ou celui des prudents?

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Philippe Cantin n'apprécie pas le flirt de Tiger Woods avec Donald Trump. Il n'est pas le seul. Et selon lui, on peut certainement mêler sport et politique dans le contexte actuel. «Woods a certainement le droit de penser ainsi, écrit notre collègue. Mais à mon avis, les athlètes qui refusent l'invitation de cette Maison-Blanche occupée par Trump respectent encore mieux l'institution de la présidence. Parce qu'ils en ont une conception élevée que le président actuel n'incarne pas.» Bon point.