Ken Holland serait sur le point d’accepter l’offre des Oilers d’Edmonton et ainsi devenir le huitième directeur général de leur histoire.

Il a peut-être même déjà signé son contrat de 25 millions pour cinq ans au moment où vous lisez ces lignes. 

Malgré sa fiche éloquente avec les Red Wings de Detroit, l’embauche de Holland ne fait pas l’unanimité à Edmonton. Plusieurs se demandent si les Oilers ne se tournent pas vers le passé et non vers l’avenir.

Les Red Wings ont remporté trois Coupes Stanley sous le règne de Holland, en 1998, 2002 et 2008, mais l’équipe n’a pas remporté une seule ronde lors des six dernières années et raté les séries pour la troisième saison consécutive ce printemps.

Holland, 63 ans, a entamé son règne de DG chez les Red Wings en juillet 1997. Les fondations étaient solides. Le vénérable Scotty Bowman dirigeait le club, Steve Yzerman en était le capitaine, Brendan Shanahan, Nicklas Lidstrom, Larry Murphy, Martin Lapointe et les Russes Sergei Fedorov, Slava Kozlov, Igor Larionov et Viacheslav Fetisov constituaient un formidable noyau.

Les Wings ont d’ailleurs remporté la Coupe Stanley dès sa première année en poste. Holland n’avait pas profité du travail des autres puisqu’il avait contribué à bâtir cette formation à titre de directeur du recrutement amateur, puis d’adjoint au directeur général, au cours des dix années précédentes.

Holland a réussi l’exploit de maintenir les Red Wings au sommet malgré les retraites successives d’Yzerman, Shanahan et compagnie. L’arrivée des Zetterberg, Datsyuk, Kronwall, Franzen, Holmstrom ont facilité la transition. Le DG y a greffé des joueurs importants sur le marché des joueurs autonomes ou par des échanges : Chris Chelios, Brian Rafalski, Brett Hull, Luc Robitaille, Dominik Hasek.

Holland a eu du flair, mais il avait aussi un budget presque illimité. En 2002, année de leur avant-dernière Coupe Stanley, Detroit versait 64 millions en salaires. La moyenne de la LNH se situait à 37 millions. Seulement 11 autres clubs avaient une masse supérieure à 40 millions, et à peine quatre à plus de 50 millions. Les Hurricanes de la Caroline, qu’ils avaient vaincus en finale, avaient presque la moitié de leur masse salariale à 33 millions.

La retraite du légendaire défenseur Lidstrom en 2012 et les effets du plafond salarial, instauré en 2005, ont compliqué le travail de Holland. Les Wings ont gagné une seule ronde de séries éliminatoires depuis le départ de Lidstrom.

Même s’ils ont entamé une phase de rajeunissement il y a quelques années, les Red Wings présentent la masse salariale la plus imposante de la Ligue nationale, un cadeau empoisonné pour le nouveau directeur général Steve Yzerman.

Quelques exemples :

– Justin Abdelkader touchera 4,25 millions en moyenne pour les quatre prochaines années, il a 32 ans et obtenu 19 points la saison dernière.

– Darren Helm touchera 3,8 millions pour les deux prochaines années, il a 32 ans lui aussi et obtenu seulement 17 points.

– Frans Nielsen a 35 ans et il lui reste encore trois années de contrat à une moyenne salariale de 5,2 millions. Il a marqué dix buts et amassé 35 points l’an dernier.

– Trevor Daley en sera heureusement à la dernière année d’un contrat qui le paye en moyenne 3 millions. Il avait un rôle plus limité cet hiver et était aux prises avec des maux de dos chroniques.

Yzerman hérite tout de même d’une jeune équipe au potentiel intéressant avec l’émergence de Dylan Larkin, Andreas Athanasiou, le progrès des jeunes défenseurs Filip Hronek et Dennis Cholowski et l’arrivée éventuelle des jeunes Filip Zadina (rappelé en fin de saison) et Joe Veleno.

Mais rien de garanti pour autant une relance à Detroit, toujours à la recherche d’un dauphin pour le gardien Jimmy Howard, 35 ans, et de véritables joueurs d’impact pour mieux appuyer Larkin.

Holland était peut-être devenu trop confortable à Detroit. Un changement d’air lui fera peut-être grand bien. Comme par exemple dans le cas de Jim Rutherford, fort efficace à son arrivée à Pittsburgh après une fin de règne désastreuse en Caroline.

Le nouveau DG des Oilers héritera de deux des centres les plus talentueux de la LNH en Connor McDavid et Leon Draisaitl, mais il reste beaucoup de travail à faire pour relancer les Oilers. Les prochaines années nous en révéleront beaucoup sur le flair de Holland. Souhaitons-lui un dénouement plus heureux que celui de son prédécesseur Peter Chiarelli…

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