Connor McDavid est un jeune homme discret. Et patient.

Son cri du coeur, en début de semaine, a donc fait tout un boucan. Et secoue encore tout l'Edmonton sportif ce matin.

«Élevé, très élevé, a-t-il répondu lorsqu'un confrère lui a demandé de mesurer son niveau de frustration, après l'élimination officielle des Oilers. Nous voulons être des séries. Je veux être des séries. Je ne suis pas heureux. L'été sera long. Ce fut une saison folle. Nous avons changé d'entraîneur, nous avons changé de directeur général. Ce fut une saison en montagnes russes très drainante émotivement.»

L'avenir à court et moyen terme? «On n'a même pas de directeur général, alors c'est difficile de se prononcer sur la prochaine saison. Il y a beaucoup de choses à régler. J'espère qu'ils mettront le bon candidat en place et qu'il pourra constituer une bonne équipe.»

La dernière phrase est lourde de sens. Le DG déchu, Peter Chiarelli, a hérité du premier choix au repêchage, Connor McDavid, à son entrée en poste en 2015. Il comptait aussi sur trois autres premiers choix au total, et le troisième de 2014, Leon Draisaitl. Mais il n'a jamais su constituer une «équipe».

Le vétéran chroniqueur Robert Tychkowski lance un message sans équivoque au propriétaire et au président de l'équipe ce matin: ils doivent être à l'écoute de leurs joueurs.

«McDavid n'a pas parlé en capitaine frustré par l'élimination de l'équipe, écrit-il. Il ne dit rien par accident. Ses commentaires sont toujours bien mesurés. C'est l'un des interlocuteurs les plus posés et laconiques du milieu. Il mesure bien la portée immense de ses propos.» 

McDavid rate donc les séries pour la troisième fois en quatre ans. Il vient pourtant de connaître une troisième saison consécutive de 100 points ou plus et en aurait probablement obtenu quatre s'il n'avait pas subi une grave blessure à sa première saison.

Le jeune prodige des Oilers a 115 points jusqu'ici, sa meilleure production en carrière. Draisaitl en compte 102. Vient ensuite Ryan Nugent-Hopkins avec 67 points. Après eux, le meilleur attaquant, Alex Chiasson, a 36 points.

À deux, McDavid et Draisaitl ont marqué 39% des buts de leur équipe cette saison. Si on ajoute Nugent-Hopkins, le taux passe à 52%. Le manque de profondeur est criant.

Les Oilers deviennent la première équipe depuis 1989-1990 à détenir deux compteurs de 100 points ou plus sans pour autant participer aux séries éliminatoires.

Les plus optimistes à Edmonton pourront s'inspirer des Penguins puisque ceux-ci ont remporté la Coupe Stanley l'année suivante.

Les Penguins avaient changé d'entraîneur au cours de l'été. Bob Johnson avait été nommé en poste par le DG Craig Patrick, lui-même entraîneur intérimaire à la place de Gene Ubriaco la saison précédente.

Scotty Bowman a aussi été embauché par Patrick à titre de directeur du développement des joueurs et recruteur.

Un certain Jaromir Jagr, cinquième choix au total en juin 1990, avait connu une première saison remplie de promesses, à seulement 18 ans, avec 57 points, dont 27 buts.

En décembre 1990, le DG a aussi obtenu le défenseur Larry Murphy des North Stars du Minnesota pour deux joueurs marginaux. Un vol qualifié.

Lemieux a raté la première moitié de la saison et les Penguins ont remporté seulement 12 de leurs 31 premiers matchs, mais son retour a eu un effet positif immédiat.

Vers la fin de la saison, Craig Patrick a réalisé un autre échange, l'un des plus importants de l'histoire du hockey, en échangeant John Cullen, Zarley Zalapski et Jeff Parker pour obtenir Ron Francis, Ulf Samuelsson et Grant Jennings.

Cette transaction allait transformer les Penguins et leur donner l'un des meilleurs duos de centres offensifs de l'histoire du hockey avec Lemieux et Francis.

Les Oilers sont loin de ce scénario de rêve. Ils comptent un formidable duo de centres avec McDavid et Draisaitl. Mais ils n'ont pas de Paul Coffey et de Larry Murphy en défense. Ils n'ont pas de Tom Barrasso devant le filet, plutôt un obscur gardien finlandais de 30 ans, Mikko Koskinen, rapidement embauché pour trois saisons supplémentaires par Peter Chiarelli.

Le Jaromir Jagr des Oilers n'a pas encore été repêché. Ils ont 6% de chances de remporter la loterie, 6,3% de repêcher deuxième, 6,7% de repêcher troisième et 73% de repêcher huitième ou neuvième.

Les avis sont partagés sur leur meilleur espoir en défense, Evan Bouchard, mais plusieurs jeunes font bien dans la Ligue américaine, parmi lesquels Tyler Benson et le défenseur Ethan Bear. Le quatrième choix au total en 2016, Jesse Puljujarvi, semble toujours aussi perdu à Edmonton. Il a neuf petits points, dont quatre buts, en 46 matchs.

Il faut d'abord trouver un DG, et un bon. Un candidat avec une vision Ă  moyen et long terme, capable de relancer patiemment cette organisation comme l'ont fait Steve Yzerman et Julien BriseBois Ă  Tampa, Brendan Shanahan et Kyle Dubas Ă  Toronto ou Kevin Cheveldayoff Ă  Winnipeg.

La liste de candidats au poste de DG s'allonge à 10 ou 13 noms, selon le collègue Elliotte Friedman.

Mais peu importe l'élu, aura-t-il les coudées franches? Vous avez un propriétaire, Daryl Katz, qui contredit ses recruteurs en 2012 pour les forcer à repêcher Nail Yakupov à la place de Ryan Murray; un président, Bob Nicholson, qui règle déjà le sort de l'attaquant Tobias Rieder, récemment, lors d'une rencontre avec les détenteurs d'abonnements de saison; Wayne Gretzky, Kevin Lowe et Craig MacTavish parmi les hauts gradés de l'organisation; Keith Gretzky, le frère de l'autre, à titre de DG intérimaire.

Bonne chance Ă  Connor McDavid.

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À LIRE 

Si c'était à refaire, Paul Byron aurait affronté à nouveau MacKenzie Weegar à poings nus. Il regrette seulement de ne pas avoir su que son adversaire était gaucher. Byron a effectué un surprenant retour hier soir. On ne sait dans quel état neurologique il se trouvait, mais il a disputé un bon match et réalisé un jeu important sur le premier but de son équipe. Le Canadien est à égalité avec les Blue Jackets et à un point des Hurricanes, avec deux matchs à disputer pour chaque club. Le CH quitte pour Washington cet après-midi en prévision du match de demain soir. J'y serai également.