Les Blues de St. Louis viennent de réaliser l'un des retours les plus spectaculaires de l'histoire récente du hockey.

À la mi-saison, le 2 janvier, période où l'on a généralement déjà séparé les hommes des enfants, les Blues occupaient le dernier rang du classement général de la LNH.

Les fans de l'équipe commençaient déjà à se consoler à l'idée d'accueillir l'un des deux meilleurs espoirs du repêchage de juin, Jack Hughes ou Kaapo Kakko. 

L'entraîneur avait déjà été congédié quelques mois plus tôt, mais des rumeurs d'échange entourant les stars de l'équipe, Alex Pietrangelo et Vladimir Tarasenko, entre autres, ne s'atténuaient pas.

Le DG Doug Armstrong n'était pas à l'abri des critiques après avoir payé très cher l'été précédent pour amener du renfort à sa formation déjà aguerrie.

Or depuis cette date sombre où ils ont coulé au dernier rang, les Blues ont maintenu une fiche de 26-10-3.

Non seulement St. Louis a-t-il obtenu vendredi sa qualification pour les séries éliminatoires, mais avec leur victoire d'hier en prolongation contre l'Avalanche, les Blues devancent désormais les Predators de Nashville (ils ont le même nombre de points, mais les Blues ont plus de victoires en temps réglementaire et en prolongation) et ils s'approchent à deux points des Jets de Winnipeg et du premier rang de la division Centrale.

La collègue du quotidien Los Angeles Times, Helen Elliott, rappelle l'exploit ce matin: les Blues deviennent la septième équipe depuis 1967 à atteindre les séries éliminatoires après avoir occupé le dernier rang du classement général après le 1er janvier.

Ils sont aussi la seule équipe à participer aux éliminatoires après avoir congédié leur entraîneur-chef pendant la saison, contrairement à  Los Angeles, Chicago, Anaheim, Philadelphie, Edmonton et Ottawa.  

La grosse histoire à St. Louis demeure l'émergence du jeune gardien Jordan Binnington, dont l'histoire n'est pas sans rappeler celle d'Andrew Hammond, surnommé le «Hamburglar», il y a quelques années à Ottawa.

Binnington, 25 ans, un choix de troisième ronde des Blues en 2011, était bien loin dans la hiérarchie des gardiens de l'équipe en début de saison.

On l'a rappelé en désespoir de cause le 9 décembre en raison des contre-performances de Jake Allen, du départ de Chad Johnson et de la blessure au gardien numéro 3, Ville Husso.

Binnington n'a pas raté sa chance. En 30 matchs, il montre une fiche de 22-5-1, une moyenne de 1,85 et un taux d'arrêts de ,928. On parle désormais de lui comme d'un candidat au trophée Calder remis à la meilleure recrue, même si Elias Pettersson demeure le favori.

Le jeune homme était pourtant loin de la LNH. Il a même été renvoyé dans la Ligue de la Côte Est au début de la saison 2017-2018, mais il a refusé de s'y rapporter. On l'a alors prêté au club-école des Bruins de Boston à Providence parce qu'on n'avait pas de place pour lui dans la Ligue américaine.

Je croyais que c'était terminé pour moi avec l'organisation, qu'ils avaient abandonné», confiait-il récemment sur le site de CBC.

Mais Binnington a aussi admis ses torts. «J'aurais pu y mettre plus d'efforts à l'entraînement lors des étés précédents. Je me suis trouvé un bon mentor, Andy Chiodo. Il m'a aidé à retrouver ma confiance.»

L'entraîneur Craig Berube, nommé à titre intérimaire après le congédiement de Mike Yeo le 20 novembre, a aussi instauré un système de jeu défensif plus imperméable, et il a eu la bonne idée de réunir Ryan O'Reilly, Brayden Schenn et Vladimir Tarasenko au sein d'un même trio. Les Blues ont une fiche de 17-2 lorsque ces trois-là jouent ensemble.

St. Louis vient au 18e rang au chapitre de la moyenne de buts marqués, avec deux marqueurs de 22 buts ou plus, Tarasenko et O'Reilly, mais ils se classent au quatrième rang pour les buts accordés par match.

«C'est gros, confiait Craig Berube aux journalistes à propos de la qualification de l'équipe en séries. Mais ça n'est pas terminé. Nous sommes loin d'avoir accompli ce que nous voulons faire. Nous avons un bon club de hockey, ils ont atteint les séries, il reste encore beaucoup de hockey à jouer.»

Qui veut affronter cette équipe n'ayant pas grand-chose à perdre?

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