La notion de «tanking» prend un autre dur coup ces temps-ci, cette fois à Chicago.

Les Blackhawks occupaient le 29e rang du classement général après 20 matchs.

Pour plusieurs, l'occasion était belle de liquider leurs vétérans, poursuivre cette plongée au classement et espérer remporter la loterie du repêchage et mettre la main sur le jeune centre surdoué Jack Hughes, comme les fans des Blues de St. Louis l'ont cru pendant un moment.

Le DG Stan Bowman a été plus créatif. Il a échangé, le 25 novembre, l'un de ses bons jeunes centres, Nick Schmaltz, pour obtenir Dylan Strome, un jeune homme dont le développement semblait stagner en Arizona.

Strome, 21 ans, avait six points en 20 matchs avec les Coyotes, après avoir échoué à ses quatre années précédentes à s'implanter dans la LNH.

On était en droit de se demander s'il deviendrait un jour le centre espéré. Troisième choix au total en 2015, il avait vu des joueurs repêchés après lui, Mitch Marner, Ivan Provorov, Zack Werenski, Timo Meier, Mikko Rantanen, Mathew Barzal, Thomas Chabot, Kyle Connor, Brock Boeser et Sebastian Aho, entre autres, devenir des piliers au sein de leurs équipes respectives.

Strome constituait, et constitue toujours, le seul joueur parmi les 11 premiers repêchés en 2015 à ne pas avoir disputé 100 matchs dans la LNH.

Mais Bowman voulait recréer une chimie entre Strome et Alex DeBrincat, deux grands complices dans les rangs juniors à Erie. DeBrincat vivait d'ailleurs un passage à vide au moment de la transaction avec trois points à ses 14 derniers matchs, après un départ épatant.

Strome a amassé trois autres points hier, contre les Sénateurs d'Ottawa. Il s'agissait pour lui d'un 21point à ses... 13 derniers matchs. Il a désormais 35 points en 36 matchs depuis son arrivée à Chicago. DeBrincat, lui, a 22 points à ses 13 derniers matchs.

Les Hawks, vous vous en doutez peut-être, ont remporté neuf de leurs onze derniers matchs. Ils se retrouvent désormais à un seul point du Wild du Minnesota et d'une place en séries, avec un match de moins à disputer.

L'éclosion de Strome avec DeBrincat permet au nouvel entraîneur Jeremy Colliton de réunir Jonathan Toews à Patrick Kane au sein du premier trio et de rétrograder Artem Anisimov dans une chaise mieux adaptée à ses capacités au centre du troisième trio.

Avec 60 points en autant de matchs, Jonathan Toews est en voie, à 30 ans, de connaître sa meilleure saison offensive en carrière. Il avait obtenu 76 points en 2010-2011. Kane a déjà 90 points. Son record personnel est de 106.

En défense, Duncan Keith retrouve graduellement ses repères. Erik Gustafsson, bêtement abandonné par Peter Chiarelli en début de règne, a déjà 38 points, en route vers une saison de 55 points. Les Oilers le prendraient bien aujourd'hui.

Le collègue Jean-François Tremblay nous avait présenté un portrait fort sympathique et pertinent de Jeremy Colliton, 34 ans depuis janvier, un jeune coach aux succès étonnants à ses premières expériences en Suède, puis l'an dernier dans la Ligue américaine.

Or, les critiques à son endroit fusaient lors des premières semaines après son arrivée avec quatre maigres victoires en vingt matchs.

Colliton semble désormais bien en selle et surtout, tirer vraisemblablement le meilleur de ses hommes.

Les Hawks gagnent malgré l'absence de leur gardien numéro un Corey Crawford, toujours victime des effets d'une commotion cérébrale. Chicago vient au 30e rang de la LNH au chapitre des buts accordés avec une moyenne de 3,71. Cam Ward, l'ancien numéro un des Hurricanes de la Caroline, tient le fort tant bien que mal.

Chicago connaît du succès grâce à sa force de frappe en attaque, désormais classée septième avec une moyenne de 3,32. L'équipe occupe aussi le dixième rang en supériorité numérique avec un taux de succès de 22%.

Soudainement, ce qui s'annonçait comme une reconstruction s'annonce comme une réinitialisation. Strome a 21 ans. DeBrincat en a 21. Le troisième membre de leur trio, Dominik Kahun, a 23 ans. Patrick Kane et Jonathan Toews ont 30 ans chacun. Il leur reste encore sans doute trois ou quatre grosses années. Brandon Saad, qui a enfin retrouvé vie sous Colliton (12 points à ses 13 derniers matchs), a 26 ans.

La relève en défense est prometteuse avec Henri Jokiharju, Adam Boqvist et Nicolas Beaudin dans l'antichambre de la LNH. Imaginez Chicago avec un gardien de premier plan.

Chicago a aussi obtenu Brendan Perlini dans l'échange de Strome. Perlini est lui aussi un choix de première ronde. Il n'a pas le même succès que Strome avec seulement quatre points en 23 matchs.

Schmaltz et les Coyotes n'ont pas été chanceux. Le jeune homme s'est blessé sérieusement au genou après 17 matchs en Arizona. Il comptait 14 points à sa fiche. On ne devrait pas le revoir avant l'an prochain.

Il n'en demeure pas moins que le DG des Coyotes, John Chayka, vient d'échanger en moins de huit mois deux gros joueurs offensifs, Max Domi et Dylan Strome, tous deux en train d'exploser offensivement avant d'atteindre leurs 24 ans. Strome produit au rythme d'une saison de 81 points. Domi pourrait atteindre la marque des 70 points pour la première fois de sa carrière.

Avec 32 points en 49 matchs, Alex Galchenyuk ne fait pas mal, mais il n'a pas su prouver à son entraîneur qu'il pouvait jouer au centre et sa fiche de -16 est l'une des pires de son équipe.

Les Coyotes ont l'une des pires attaques de la Ligue nationale avec une moyenne de 2,58 buts marqués par match. Aucun joueur n'a amassé 40 points, contre quatre pour le Canadien, par exemple. Le style de jeu ultra-conservateur de l'entraîneur Rick Tocchet ne fait rien pour aider les joueurs à développer leur potentiel offensif.

Chayka devra peut-être y penser, au prochain coup de fil de l'un de ses homologues.

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