Marc Bergevin a donc assisté aux deux plus récents matchs des Ducks d'Anaheim, à Winnipeg samedi et à Toronto mardi.

Un directeur général se déplace rarement sur place pour épier un adversaire. À moins qu'il n'attende sa propre équipe dans une ville étrangère, où qu'il n'ait un meeting dans le coin la veille ou le lendemain.

Mais il y a parfois aussi de la fumée sans feu. Le Canadien affronte les Ducks ce soir et les Jets mardi. Bergevin peut avoir voulu épier les éventuels adversaires de l'équipe de lui-même. C'est rare, mais ça arrive.

S'il était sur le point de conclure un échange majeur avec les Ducks, Bergevin aurait aussi été plus discret sans doute. Il se serait acheté un billet en douce pour s'installer dans les estrades. Préférablement avec une bonne tuque enfoncée jusqu'au bas du front.

Les Ducks n'en demeureraient pas moins un partenaire d'échange intéressant pour le Canadien. Il s'agit de savoir dans quel camp se rangera Anaheim d'ici la date limite des transactions.

À la suite de leurs deux dégelées subies à Winnipeg et Toronto, les Ducks se retrouvent à trois points d'une place en séries dans l'Ouest, avec quatre clubs à devancer, Colorado, St. Louis, Arizona et Edmonton. Chicago se retrouve deux points derrière.

Les Ducks sont aussi coincés par le plafond salarial, avec seulement 114 000 $ de marge de manoeuvre sans compter les blessés, si l'on se fie au site Capfriendly.

Ils semblent aussi vouloir retenir l'éventuel joueur autonome sans compensation Jakob Silfverberg à long terme. Une augmentation salariale, du moins légère, est à prévoir.

La profondeur des Ducks en défense, du côté gauche surtout, et une attaque vieillissante - seulement trois joueurs de moins de 25 ans dans leur formation - demeure l'aspect le plus intrigant pour les partisans du Canadien.

Acquérir Cam Fowler ou Hampus Lindholm constituerait un coup de circuit. L'un ou l'autre s'insérerait parfaitement à la gauche de Shea Weber et permettrait à Victor Mete, qui fait du très bon travail récemment cela dit, de diminuer sa charge de travail et de rétrograder Mike Reilly d'une place.

Fowler a 27 ans, Lindholm 25 ans. Le premier est sous contrat pour six saisons supplémentaires à un salaire annuel de 6,5 millions. Le second est sous contrat pour trois autres années à un salaire annuel de 5,2 millions. Les deux sont très mobiles et capables de jouer 24 minutes par match contre les meilleurs trios adverses.

Un gestionnaire de la LNH sondé ce matin me disait que Fowler, malgré sa propension à gaffer à l'occasion, était un joueur dont le jeu défensif était sous-estimé.

Mais pourquoi les Ducks se départiraient-ils de l'un de leurs deux meilleurs défenseurs gauchers? La question mérite d'être posée, même si Fowler et Lindholm connaissent une saison plus difficile selon leurs propres standards.

Anaheim peut chercher à alléger sa masse salariale et obtenir du renfort à l'attaque, à court, moyen ou long terme. Ils ont de bons jeunes défenseurs gauchers capables de prendre la relève, du moins à moyen et long terme. Jacob Larsson en est un, Josh Mahura en est un autre.

Bob Murray est l'un des DG les plus actifs de la LNH au chapitre des échanges. Il est aussi très imprévisible. S'il s'accroche à l'espoir de participer aux séries, il n'y a pas grand-chose à espérer des Ducks.

Si Murray pense à moyen et long terme, les choses deviennent plus intéressantes. Mais soutirer un Fowler ou un Lindholm à une organisation imposera un sacrifice douloureux.

Il faudra offrir aux Ducks le choix entre un Ryan Poehling ou un Nick Suzuki et sans doute aussi un autre élément. Si Murray veut de l'aide à l'attaque à plus court terme, il peut aussi s'enquérir de la disponibilité de Jonathan Drouin.

«Avaler» le vilain contrat de Ryan Kesler aurait permis de diminuer le prix à payer pour un éventuel échange, mais Kesler détient une clause complète de non-mouvement.

D'ailleurs, Fowler détient lui aussi une clause partielle de non-échange qui limite beaucoup les possibilités. Ce défenseur américain peut soumettre une très courte liste de quatre clubs pour lesquels il accepterait d'être échangé.

Autre élément à considérer, au risque de briser des espoirs, ce type de transaction majeure survient généralement au cours de la saison morte. Les échanges de Pacioretty, Galchenyuk et Subban sont tous survenus au cours de l'été.

Il ne faut jamais écarter d'emblée l'improbable avec Bergevin et Murray, mais il faut aussi, surtout, se garder une dose de réserve.

Bergevin avait épié le Wild de proche l'an dernier avant la date limite des échanges. Il avait peut-être un plan plus grandiose en tête au départ, mais ses efforts s'étaient finalement soldés par l'acquisition de Mike Reilly pour un choix de cinquième ronde. Une belle addition, cela dit.

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