À quelques heures du match d'hier contre l'Avalanche du Colorado, Claude Julien a annoncé qu'un «comité» de défenseurs allait se charger d'épauler Shea Weber à gauche pour contrer le meilleur trio de la LNH.

Finalement, le fameux «comité» allait être constitué d'un seul joueur, un colosse de 6 pieds 1 pouces à la longue barbe rousse, un peu trop lent pour le hockey moderne.

Jordie Benn venait d'être rayé de la formation pour un match de la plus haute importance contre les Bruins lundi. Deux jours plus tard, on lui demandait d'affronter Nathan MacKinnon, Gabriel Landeskog et Mikko Rantanen.

Le Canadien a subi une défaite honorable de 2-1 contre le Colorado. Mais Benn a joué comme Benn, un modeste défenseur de troisième paire. Avec Shea Weber, qui n'est déjà pas le plus mobile, le duo a eu besoin de gros arrêts de Carey Price pour survivre.

Ça nous ramène à une réalité brutale. Et Guillaume Lefrançois l'a rappelé avec justesse dans son analyse du match hier. On n'a toujours pas solutionné le problème de la défense à gauche. Rappelez-vous, dans les semaines qui ont suivi le départ de Markov, en 2017. Claude Julien parlait de faire appel à un «comité» pour pallier son absence.

Mark Streit, Joe Morrow, Jakub Jerabek, Brandon Davidson et Rinat Valiev n'ont pas réussi à s'accrocher au «comité» l'an dernier.

Brett Kulak a créé illusion pendant quelques matchs. Mais un défenseur de 24 ans ballotté entre la LNH et la Ligue américaine depuis le début de sa carrière, et acquis en retour de deux joueurs de ligues mineures, ne devient pas un numéro deux instantanément.

Kulak a été rayé de la formation hier pour faire une place à Benn. Le défi était trop grand pour lui avec Weber. Mais est-il vraiment pire que Schlemko ou Benn au sein d'une troisième paire?

Dans un monde idéal, Mike Reilly serait le défenseur rêvé pour jouer à gauche de Weber. Rapide, très doué physiquement, génère de l'attaque. Reilly était d'ailleurs pressenti à titre de défenseur de premier plan à sa sortie de la NCAA en 2015. Toutes les équipes de la LNH auraient rêvé de le mettre sous contrat.

Mais Reilly n'arrive pas à gagner la confiance de ses entraîneurs. Certains à l'interne parlent de problème d'écoute. On ne veut sans doute pas qu'il devienne un autre de ces jeunes parvenus comme Nathan Beaulieu et on l'utilise avec parcimonie, toujours prêt à lui donner des conséquences au moindre relâchement.

Reilly, 25 ans, a néanmoins joué en moyenne 20 minutes et plus à ses quatre derniers matchs depuis son utilisation de neuf petites minutes contre Chicago il y a une dizaine de jours. Il a obtenu 13 tirs en quatre matchs, avec une fiche de +1.

Victor Mete semblait avoir de bonnes jambes en première période après avoir disputé quelques matchs avec le Rocket de Laval. Mais il était de retour à droite, une position qu'il n'a pas occupée l'an dernier. Mete a finalement eu droit à 12 petites minutes, le plus faible total chez les défenseurs du CH. L'entraîneur ne lui fait visiblement pas confiance. Pourtant, l'équipe tirait de l'arrière en troisième période et quelques présences avec Shea Weber auraient sans doute pu contribuer à générer un peu plus d'attaque.

On allait oublier Karl Alzner, dans la Ligue américaine avec son salaire de six millions cet hiver. Rien à ajouter.

Les choses se corsent au classement. Les deux défaites consécutives du Canadien, combinées à la victoire des Penguins hier, permettent à Pittsburgh de s'approcher à un point de Montréal et de la dernière place disponible pour accéder aux séries, avec un match de plus à disputer.

Marc Bergevin sait sans doute déjà s'il veut s'accrocher à l'espoir de participer aux séries ou s'il maintien son plan de réinitialisation.

Un défenseur gaucher de premier plan coûtera cher. Le nom de Jake Muzzin revient souvent dans les conversations. Muzzin est le défenseur le plus utilisé à Los Angeles après Drew Doughty.

Bergevin a déjà résisté l'été dernier à la tentation de céder Ryan Poehling ou son choix de première ronde pour Ryan O'Reilly. Celui-ci aurait comblé sur le champ un vide au centre. On voit mal le DG du Canadien craquer pour un défenseur de 29 ans dont le contrat viendra à échéance à la fin de la saison 2020.

Sous son règne, Bergevin n'a d'ailleurs jamais échangé de choix de première ronde ou d'espoir de premier plan pour des solutions à court terme.

Ne rêvez pas non plus à Duncan Keith. Le défenseur de 35 ans a beaucoup ralenti et il détient aussi une clause de non-mouvement. Il peut refuser toute transaction, et l'équipe qui détiendra ses droits en 2021 devra obligatoirement le protéger en prévision du repêchage de l'élargissement des cadres en vertu de cette clause. Keith aura alors 38 ans.

On l'a souvent répété ici, Bergevin doit cibler un défenseur gaucher de 24 ans ou moins s'il veut sacrifier un actif important. Comme il l'a fait lors de l'échange de Drouin pour Sergachev ou Domi pour Galchenyuk. À cet égard, les Flyers de Philadelphie ou les Ducks d'Anaheim pourraient être de bons partenaires d'échange.

Sinon, on ferme les yeux, on prie et on espère voir le «comité» limiter les dégâts, comme c'est le cas depuis le début de la saison. Peut-être le jeune Josh Brook, 19 ans, sera-t-il assez convaincant du côté gauche lors du Championnat mondial junior - même s'il tire de la droite - pour permettre au CH de voir en lui une solution l'an prochain.

Mais ça serait lancer le jeune dans la gueule du loup, d'autant plus que les défenseurs droitiers confortables à gauche ne sont pas légion. Il y a eu Teppo Numminen à une certaine époque, mais il était l'un des seuls.

À court terme, pourquoi ne pas donner à Mike Reilly sa chance, ou plutôt donner enfin à Shea Weber un partenaire rapide et doué offensivement? Et vivre avec les carences du jeune Mete à la gauche de Petry, à défaut de subir les carences des vétérans Benn et Schlemko.

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Jean-François Tremblay est en Arizona en prévision du match de ce soir entre le Canadien et les Coyotes et il nous parle du nouveau jeune noyau en Arizona. Clayton Keller, 20 ans, et Nick Schmaltz, 22 ans, semblent avoir une bonne chimie. Alex Galchenyuk se retrouve à gauche du deuxième trio avec Derek Stepan et Christian Fischer. Galchenyuk a 11 points, dont trois buts, en 23 matchs, et une fiche de -6 à ses cinq derniers matchs. Il fait mal paraître son DG John Chayka. Celui-ci paraît mieux dans l'échange pour Schmaltz, raconte Jean-François.