On ne donnait pas cher de la peau de l'entraîneur Jared Bednar, un an après son arrivée avec l'Avalanche, l'adversaire du Canadien ce soir à Denver.

Embauché en catastrophe le 25 août 2016, après le départ de Patrick Roy à quelques semaines de l'ouverture du camp d'entraînement, Bednar a vécu une première année catastrophique: fiche de 22-56-4, de loin la pire de la LNH, 21 points derrière la 29e équipe au classement.

Bednar, 45 ans, n'avait pas les cartes de visite de son illustre prédécesseur. Cet ancien défenseur avait passé presque toute sa carrière dans la Ligue de la Côte Est. Quand Roy soulevait ses deux Coupes avec l'Avalanche à titre de gardien, Bednar jouait chaque fois pour les Stingrays de la Caroline du Sud, devant 3000 ou 4000 spectateurs.

À sa retraite, Bednar a occupé le poste d'entraîneur adjoint chez les Stingrays pendant quatre ans. Il a dirigé l'équipe deux ans avant de la mener à la conquête de la Coupe Kelly en 2009.

Bednar a passé quatre autres saisons dans la Ligue américaine par la suite, à Abbotsford, Peoria, Springfield et Lake Erie. On est loin de New York, Boston ou Chicago!

Notre homme s'est finalement fait remarquer au printemps 2016 en remportant le championnat de la Ligue américaine, la Coupe Calder, avec le club-école des Blue Jackets de Columbus. L'exploit était de taille puisque l'équipe a perdu seulement deux matchs sur 17 en route vers la Coupe.

Il a quand même fallu un départ précipité de Roy pour qu'on daigne enfin lui ouvrir les portes de la LNH, après 24 saisons dans les rangs professionnels mineurs.

Quand je l'ai interviewé, en décembre 2016, j'avais découvert un homme affable, modeste et terre à terre. J'imagine qu'on le reste quand on passe vingt ans à dormir dans les autobus ou les motels minables sur le bord de l'autoroute entre les matchs.

«Je me suis développé sur le tard. Je n'étais pas très talentueux. Je n'avais pas les habiletés naturelles pour monter les échelons. Je travaillais fort, par contre. À la mi-vingtaine, je voyais les jeunes promus sans cesse alors que j'étais coincé dans la Ligue de la Côte Est. J'ai su que je devais réorienter ma carrière. Le fait d'avoir coaché longtemps dans la Ligue de la Côte Est m'a aidé à devenir l'entraîneur que je suis aujourd'hui. J'ai fait mes erreurs, je les ai corrigées. À un moment donné, la formule devient plus claire.»

J'étais curieux à ce moment de savoir comment Bednar allait se tirer du pétrin. Il m'était très sympathique en raison de son parcours difficile. Mais l'Avalanche était déjà aspiré vers la cave du classement en ce début décembre et les rumeurs d'échange concernant Matt Duchene et Gabriel Landeskog n'en finissaient plus de circuler, d'autant plus que Joe Sakic les avait mis en vitrine publiquement.

On ne peut pas mener un club à un championnat en perdant seulement deux matchs sur dix-sept sans avoir un certain ascendant sur ses troupes, peu importe la ligue.

Mais je savais aussi que Bednar n'avait pas une grosse réputation et qu'il peinerait à obtenir une deuxième chance si ça ne fonctionnait pas avec l'Avalanche.

Deux ans plus tard, le portrait a changé complètement. L'équipe a décollé en novembre l'an dernier après le départ de Matt Duchene. Elle a participé aux séries avec une fiche de 43-30-9. Nathan MacKinnon a explosé et forme désormais le meilleur trio de la LNH avec Mikko Rantanen, premier compteur de la Ligue, et Landeskog.

L'Avalanche accueille le Canadien ce soir au troisième rang de la division Centrale avec une fiche de 18-10-6. Landeskog est le plus vieux membre du top 6 offensif de l'Avalanche à 26 ans. Aucun autre n'a plus de 24 ans.

En défense, Tyson Barrie a 27 ans, Samuel Girard 20 ans et Nikita Zadorov 23 ans. Le plus vieux, Erik Johnson, a 30 ans.

L'Avalanche attend l'arrivée probable l'an prochain de son quatrième choix au total en 2017, Cale Makar, un extraordinaire défenseur offensif. Makar a 19 points en 16 matchs à Umass-Amherst, dans la NCAA, après avoir amassé huit points en sept matchs au Championnat mondial junior avec le Canada l'an dernier.

En plus de son propre choix de première ronde en juin, l'Avalanche détient aussi celui des Sénateurs d'Ottawa, obtenu pour Duchene. Si le repêchage avait lui aujourd'hui, le Colorado repêcherait au huitième rang, à moins qu'il ne remporte la loterie avec un taux de probabilité de 6% de l'emporter.

Jared Bednar a attendu longtemps sa chance d'accéder à la LNH. Mais il pourrait aussi y demeurer longtemps.

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Charles Hudon ne serait pas sur le marché des échanges et ne souhaite pas déménager, a confié son agent à Richard Labbé. Hudon n'a pas joué lors des neuf derniers matchs. Je ne m'attendais pas à un tel dénouement après sa belle fin de saison l'an dernier. Michael Chaput, Kenny Agostino et Matthew Peca semblent désormais l'avoir devancé dans la hiérarchie.