Un mythe tenace subsiste toujours à Philadelphie. Depuis la mort tragique de Pelle Lindbergh en 1985, les Flyers ont été incapables de trouver un gardien dominant digne de lui succéder.

Le DG des Flyers, Chuck Fletcher, a congédié hier l'entraîneur Dave Hakstol quelques semaines seulement après son entrée en poste. Peut-être le message de Hakstol ne passait-il plus. Peut-être que son système de jeu n'était-il plus efficace. Peut-être y avait-il des frictions entre ses leaders et lui. Mais Hakstol devait aussi se débrouiller avec des gardiens médiocres. En raison des blessures, il en a utilisé cinq cette saison, tous aussi mauvais les uns que les autres.

Le meilleur du lot, Brian Elliott, n'a jamais réussi, en dix ans de carrière, à prouver qu'il pouvait être un solide numéro un. Il a toujours excellé dans des rôles d'auxiliaires, ou en partageant le travail de façon équitable avec un autre numéro un, comme à St. Louis avec Jake Allen.

Au moment du licenciement de Hakstol, Elliott était sur la liste des blessés. Il y restera quelques semaines. Anthony Stolarz, 24 ans, a disputé sept des huit derniers matchs de l'équipe. Stolarz est un choix de deuxième ronde en 2012, qui n'a jamais réussi à s'établir à sa cinquième saison chez les pros. Il a raté une saison complète l'an dernier en raison d'une grave blessure au genou.

En neuf matchs cette saison, sa moyenne de buts alloués s'établit à 3,90. Le pauvre s'est blessé ce weekend et le nouvel entraîneur Scott Gordon accueillera l'espoir de l'organisation, Carter Hart, pour son premier match derrière le banc.

Hart, 20 ans, a joué les héros avec l'équipe canadienne junior l'an dernier au Championnat mondial. Ses débuts chez les professionnels sont plus modestes dans la Ligue américaine avec une fiche de 9-5-1, une moyenne de 3,05 et un taux d'arrêts de ,901.

Hakstol n'a jamais été gâté en terme de gardiens depuis son embauche il y a trois ans et demi. À son arrivée, Steve Mason et Michal Neuvirth se partageaient le travail. En raison des performances en dents de scie de Mason, les Flyers n'ont pas retenu ses services en 2017.

Il a signé un contrat de deux ans avec les Jets de Winnipeg. L'aventure n'a pas duré longtemps. Les Jets ont offert Joel Armia au Canadien un an plus tard afin que le CH avale le salaire de Mason. Depuis le rachat de son contrat par le Canadien cet été, Mason, 30 ans, contemple l'idée de prendre sa retraite. Il est toujours sans travail.

Après la mort de Lindbergh au volant de sa Porsche, à seulement 26 ans, il y a eu Ron Hextall, le DG congédié il y a quelques semaines. Hextall a été spectaculaire, et fort en gueule, pendant une dizaine d'années, mais il ne constituait pas le maillon fort de l'équipe.

Au début des années 2000 le règne de Roman Cechmanek n'a pas été concluant. Il était un gardien doué, certes, mais incapable de résister à la pression. John Vanbiesbrouck, en fin de carrière, a colmaté les brèches pendant deux saisons.

Il y a aussi eu Brian Boucher, tantôt brillant, tantôt médiocre, Robert Esche, Martin Biron, Ray Emery, Boucher à nouveau, bref, jamais de solutions à long terme.

L'actuel président de l'équipe, Paul Holmgren, a décidé en 2011 alors qu'il était DG d'échanger Mike Richards et Jeff Carter pour alléger sa masse salariale et couvrir le gardien Ilya Bryzgalov d'or. Il lui a offert 51 millions pour neuf ans.

Une majorité d'observateurs savaient les statistiques de Bryzgalov embellies à Phoenix par le système de jeu ultra-défensif de l'entraîneur Dave Tippett, sauf Holmgren, de toute évidence.

Pour faire une place encore plus grande à Bryzgalov, Holmgren a échangé le jeune gardien russe Sergei Bobrovsky, qui montrait pourtant certaines promesses, un an après l'arrivée du gardien des Coyotes. Bobrovksy a remporté depuis à Columbus deux trophées Vézina remis au gardien par excellence, tandis que le contrat de Bryzgalov allait être racheté au coût de 23 millions en 2013.

Le nouvel entraîneur Scott Gordon, l'ancien coach des Islanders de New York qui dirigeait le club-école des Flyers depuis trois ans, peut vivre d'espoir. Le DG Chuck Fletcher provient de l'extérieur de l'organisation. Il n'est peut-être pas touché par la malédiction comme Bobby Clarke, Paul Holmgren et Ron Hextall, tous d'anciens joueurs des Flyers, l'ont été.

Au Minnesota, où il a oeuvré à titre de DG pendant huit ans, Fletcher a eu à préparer la relève à un gardien vieillissant, Niklas Backstrom. En janvier 2015, il a offert un modeste choix de troisième ronde aux Coyotes de l'Arizona pour leur gardien auxiliaire Devan Dubnyk, qui tentait de remettre sa carrière sur ses rails.

Les Coyotes comptaient déjà sur Mike Smith comme numéro un et Louis Domingue montrait de belles promesses. Dubnyk est devenu depuis l'un des meilleurs gardiens de la Ligue, deux fois finaliste au trophée Vézina. On souhaite à Fletcher la même grâce à Philadelphie.

- - -

À LIRE 

Belle histoire d'amitié entre Anthony Beauvillier et Samuel Girard racontée par Guillaume Lefrançois. Les deux jeunes hommes s'affrontaient hier soir à Denver. Guillaume y était déjà en attendant l'arrivée du Canadien.