Au moins une bonne nouvelle dans ce triste dossier: à court terme, l'échec de l'expérience Karl Alzner ne représente pas de problème pour le Canadien au plan salarial.

Le CH a encore beaucoup d'espace au sein de sa masse salariale, plus de sept millions, et le renvoi d'Alzner permettra d'ajouter un million supplémentaire à cette somme.

Il n'y aurait donc en principe aucune urgence à l'échanger ni cette année ni l'an prochain d'ailleurs puisque l'organisation ne sera pas coincée non plus au plan salarial en 2019-2020.

Le Canadien n'aurait pas à offrir un espoir à un autre club afin de se débarrasser de son contrat, comme l'ont fait par le passé les Blackhawks de Chicago ou les Jets de Winnipeg pour se conformer au plafond.

Le renvoi d'Alzner à Laval, dans la Ligue américaine, ne constituerait pas un drame non plus. Le seul espoir digne de ce nom en défense s'appelle Cale Fleury et il joue à droite. À gauche, on retrouve les Tchèques Michal Moravcik et David Sklenicka qui, à moins d'un miracle, n'atteindront jamais la LNH.

Maxime Lamarche, un défenseur droitier de 26 ans, est même appelé à jouer à gauche pour combler le vide laissé par le rappel de Brett Kulak, me confiait ce matin le descripteur des matchs du Rocket sur les ondes du 91,9 Sports, Anthony Marcotte.

Les équipes de la Ligue américaine, vouée au développement des jeunes, ont droit à cinq vétérans en uniforme par match. Le Rocket en a quatre actuellement depuis le rappel de Michael Chaput et Kenny Agostino. Il y a donc une place disponible pour Alzner.

Voilà le cas de Alzner réglé pour cet hiver, à moins d'un revirement de situation inattendu. Pour la suite, la logique dicte un rachat de contrat lorsque la période de rachats s'ouvrira, soit entre le 15 et le 30 juin, ou encore 48 heures après la conquête de la Coupe Stanley, jusqu'au 30 juin.

À compter de cet été, il restera trois ans de contrat au défenseur de 30 ans, à un salaire annuel de 4,26 millions. Le Canadien devra lui verser les deux tiers de son salaire, excluant son boni protégé de 1,5 million.

Pour s'en débarrasser, Geoff Molson devra lui signer un chèque de 6,4 millions. Il économisera en revanche 3,2 millions. En redistribuant la somme du rachat, le salaire de Alzner sera comptabilisé ainsi au sein de la masse salariale de l'équipe:

• 2019-2020: 1,069 million

• 2020-2021: 4,194 millions

• 2021-2022: 2,194 millions

• 2022-2023: 1,069 million

• 2023-2024: 1,069 million

• 2024-2025: 1,069 million

Au plan sportif, cependant, les déboires de Alzner font très mal à l'équipe. Quand Marc Bergevin lui a offert 23,1 millions pour cinq ans le 1er juillet 2017, il devait constituer un pilier à gauche d'une défense amputée d'Andrei Markov, Alexei Emelin, Nathan Beaulieu et Mikhail Sergachev.

Ses piètres résultats offensifs ne laissaient pas présager qu'il puisse remplacer Markov (d'ailleurs on avait encore espoir à ce moment de ramener le Russe), mais on comptait sur lui pour assurer une bonne stabilité au sein du top quatre avec le départ des trois autres.

Il y avait cependant des signes inquiétants chez lui. Il avait été exclu du top 4 à Washington à sa dernière saison là-bas. Son temps d'utilisation moyen avait chuté sous la barre des 20 minutes. Il avait été utilisé à peine plus de 15 minutes par match en séries. Certains ont évoqué une blessure à l'aine. Or, l'avenir nous aura appris qu'on avait décelé chez lui un net ralentissement.

Quand Andrei Markov a refusé la dernière offre du Canadien, on s'est tourné vers Mark Streit dans l'espoir qu'il lui reste encore un peu d'essence dans le réservoir. Il y avait aussi David Schlemko, obtenu pour un choix de cinquième ronde, Jakub Jerabek, Brandon Davidson et Joe Morrow.

Un an et demi plus tard, on revient à la case de départ. Streit n'a pas duré plus d'un match. Jerabek, Morrow et Davidson ont changé d'organisation moins d'un an après leur arrivée. Le premier a valu un choix de cinquième ronde en 2019, le second un choix de quatrième en 2018 (depuis échangé pour un choix de quatrième ronde des Flames en 2019), tandis que le troisième a été perdu au ballottage.

Schlemko se retrouvera donc vraisemblablement à la gauche de Shea Weber ce soir contre les Hurricanes de la Caroline. Brett Kulak, obtenu pour deux joueurs de Ligue américaine le 1er octobre (Rinat Valiev et Matt Taormina), aura sa chance à la gauche de Jeff Petry. Jordie Benn et Victor Mete, dont c'était le match le plus accompli de la saison samedi, formeront la troisième paire.

Mete pourrait remplacer Schlemko éventuellement si celui-ci ne fait pas le travail, a prévenu le coach hier. Après un début de saison épatant, Mike Reilly a ralenti. L'entraîneur n'a pas été très patient dans son cas, malgré sa mobilité et une fiche respectable de -1 dans un rôle exigeant.

Il faut espérer, pour le bien du Canadien, que Victor Mete retrouve son élan de l'an dernier, que Reilly joue comme il le faisait en début de saison. Et espérer à moyen et long terme trouver une perle au repêchage en juin 2019, un Charlie McAvoy gaucher, en attendant l'éclosion du jeune Jordan Harris, un secret bien gardé, à Northeastern, dans la NCAA.

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À LIRE  

Shea Weber est donc de retour au jeu ce soir. Le vestiaire du Canadien a bien changé depuis son dernier match il y a un peu moins d'un an, rappelle Guillaume Lefrançois. Max Pacioretty, Alex Galchenyuk, Tomas Plekanec, Byron Froese, Daniel Carr, Jakub Jerabek et maintenant Karl Alzner, de même que les entraîneurs Daniel Lacroix et Jean-Jacques Daigneault ont tous changé de camp depuis.