Le Canadien et les Rangers se ressemblent à plusieurs égards... ou se ressemblaient du moins.

Pendant plusieurs saisons, Montréal et New York ont dominé l'Association de l'Est grâce à un gardien de premier plan et une défense hermétique, à défaut de grandes vedettes à l'attaque.

Le Canadien a remporté trois championnats de division depuis 2013 et atteint deux carrés d'as en 2009 et 2014. Les Rangers ont fait un pas de plus: trois carrés d'as et une finale après avoir éliminé le Canadien en demi-finale en 2014.

La chute a néanmoins été brutale pour les deux équipes l'an dernier. Les Rangers ont terminé 24e au classement général, le Canadien 28e.

À la différence du CH, qui a proposé une «réinitialisation», pourvue d'une phase de rajeunissement, les Rangers ont carrément annoncé une reconstruction.

Jusqu'ici, les résultats sont conformes aux termes employés. Les Rangers devancent les Red Wings de Detroit dans la cave du classement dans l'Est avec trois victoires en neuf matchs. Le Canadien joue au-delà des espérances avec une seule défaite en temps réglementaire en huit matchs.

New York ne pouvait se permettre une formule semblable à celle du Canadien. Contrairement à ses rivaux, les Rangers ont sacrifié leurs choix au repêchage pendant trop d'années.

Entre 2013 et 2016, soit quatre cuvées, les Rangers n'ont pas repêché une seule fois en première ronde. Et deux fois, ils n'ont pas eu droit de parole avant la troisième.

Parmi les 20 joueurs repêchés en 2014, 2015 et 2016, aucun n'a disputé un match complet dans la LNH. Seul le gardien Brandon Halverson a eu droit à 13 minutes, l'an dernier, par mesure d'urgence. Il joue dans la Ligue de la Côte Est depuis le début de la saison.

Le choix de première ronde en 2013 a été cédé aux Blue Jackets pour Rick Nash. On avait aussi donné Artem Anisimov et Brandon Dubinsky dans la transaction. Celui de deuxième ronde avait permis d'acquérir Ryan Clowe.

Les Rangers ont cédé deux choix de première ronde, ceux de 2014 et 2015, pour acquérir Martin St-Louis. Le Québécois a joué seulement 18 mois pour les Rangers, mais ceux-ci n'auraient probablement jamais atteint la finale sans lui.

Le choix de première ronde de 2016 a permis d'obtenir Keith Yandle. Ce défenseur américain n'a jamais semblé à l'aise à New York et il a été échangé à nouveau moins de deux ans plus tard pour des choix de quatrième et sixième rondes. Mauvais retour sur l'investissement.

Au cours de la même période, le Canadien, avec un nombre plus important de choix au repêchage, a pu repêcher des joueurs qui, aujourd'hui, participent efficacement au processus de réinitialisation.

Les recruteurs du CH ont frappé plusieurs prises en 2013, mais avec quatre choix parmi les 55 premiers, ils ont pu mettre la main sur Artturi Lehkonen, cinq points en huit matchs depuis le début de la saison.

Le premier choix de 2015, Noah Juulsen, 21 ans, vient au troisième rang chez le Canadien au chapitre du temps d'utilisation depuis le début de la saison.

En 2016, le choix de Mikhail Sergachev au neuvième rang a permis d'obtenir Jonathan Drouin. L'acquisition de Victor Mete en quatrième ronde constitue un boni.

Voilà quatre acteurs importants dans le plan de relance du Canadien, contrairement aux Rangers qui n'en ont eu aucun de ces quatre mêmes cuvées.

Le nouveau DG des Rangers, Scott Gorton, a eu l'intelligence de rectifier le tir. Il a repêché deux fois en deuxième ronde l'an dernier, Lias Andersson au septième rang et Filip Chytil au 21rang. Il a aussi bénéficié de trois choix au repêchage en 2018, Vitali Kravtsov (9e), K'Andre Miller (22e) et Nils Lundkvist (28e).

Le Canadien a pris une longueur d'avance avec ses repêchages de 2013 à 2016, mais il pourrait la conserver puisqu'il a continué à faire le plein de choix depuis deux ans.

Le sort a aussi voulu qu'il repêche au troisième rang pour la deuxième fois depuis 2012. Alex Galchenyuk a permis d'acquérir Max Domi et Jesperi Kotkaniemi a déjà un impact à Montréal malgré ses 18 ans. Nick Suzuki s'est ajouté à la banque d'espoirs dans la transaction de Max Pacioretty.

Contrairement à six des neuf premiers choix en 2017, Andersson n'a pas réussi à s'accrocher à un poste dans la LNH malgré les ouvertures offertes aux jeunes. Au moins, il a presque un point par match dans la Ligue américaine depuis le début de la saison. Chytil a deux aides en neuf matchs.

Le nouvel entraîneur des Rangers, David Quinn, suit le plan directeur de l'organisation. En défense, Brady Skjei, 24 ans, et Neal Pionk, 23 ans, la grande surprise chez les Blue Shirts, sont les plus utilisés, devant les vétérans Kevin Shattenkirk, Adam McQuaid, Mark Staal et Brendan Smith.

L'entraîneur des Rangers ne fait pas de cadeaux. Malgré une grosse fin de saison l'an dernier après avoir été obtenu des Bruins (16 points en 20 matchs), Ryan Spooner a été retranché de la formation récemment.

Il faudra aussi songer à une relève à Lundqvist. Celui-ci aura 37 ans à la fin de la saison. Le dauphin pressenti s'appelle Igor Shestyorkin, 22 ans, un choix de quatrième ronde en 2014. Le jeune homme fait tout un tabac dans la KHL et avec la Russie lors des grands championnats, mais il faudra voir comment il s'adapte à la LNH, s'il décide de faire le saut en Amérique du Nord prochainement.