Vous avez peut-être lu ma chronique de ce matin sur l'excellent travail du responsable du recrutement chez les Blues de St.Louis, Jarmo Kekalainen, qui occupait le même poste avec les Sénateurs d'Ottawa il y a plusieurs quelques années.

Ceux qui me connaissent savent ma passion pour tout ce qui touche le repêchage et la construction d'une équipe. Kekalainen a été très généreux de son temps et nous avons passé un bon moment au téléphone.

Je n'ai évidemment pu tout publier dans La Presse, faute d'espace.  Pour ceux qui s'intéressent à ce domaine autant que moi, voici les citations que je n'ai pu reproduire dans le journal.

 



SUR SA VISION DU MÉTIER :



« À mon avis, les DG les plus brillants ne se mêlent pas du repêchage. Ils se contentent d'acquérir le plus de choix possibles au bon moment, de modifier la position où nous sélectionnons selon les besoins, en collaboration avec le recruteur en chef. Si on regarde les équipes qui ont du succès au repêchage, il y a toujours une bonne collaboration entre le DG et le recruteur en chef. Ils ne se mêlent pas de la composition de la liste. Mais ils nous appuient pour rendre notre travail plus facile. »

         « Repêcher est la première étape du processus. Il faut aussi que les recruteurs, le directeur général et les entraîneurs soient sur la même longueur d'ondes. Il faut qu'ils aient confiance en leurs recruteurs et placent les joueurs repêchés dans les bonnes situations. Ces aspects sont aussi importants que le recrutement lui-même. Si la direction et les entraîneurs ne croient pas dans les joueurs qu'on repêche, ça ne va pas être très productif. Il faut nous faire confiance. Nous, les recruteurs, avons vu si souvent les joueurs que nous repêchons, nous les connaissons tellement que ça peut être frustrant si tu n'es pas sur la même longueur d'ondes que le reste des membres de la direction. Heureusement, j'ai toujours été placé dans de bonnes situations et de telles situations difficiles ne se sont jamais produites. »

 



SUR LE REPÊCHAGE DE 2006, QUI LUI A PERMIS DE METTRE LA MAIN SUR ERIK JOHNSON AU PREMIER RANG :

« Nos dirigeants nous ont fait confiance et ne sont pas intervenus même si nous avions le premier choix au total. Ce ne fut pas un choix facile. Nous avions trois joueurs qui étaient très proches dans nos évaluations. Mais le choix fut unanime à la fin. J'aimerais entendre un recruteur affirmer publiquement qu'il n'aurait pas pris Erik Johnson au premier rang cette année-là. »

 



À PROPOS DE SES DEUX PREMIERS REPÊCHAGES, QUI N'ONT PAS BIEN TOURNÉ

 « Shawn Belle ne fut pas le meilleur choix lors de ma première expérience avec les Blues en 2003, en effet, dit-il. Nous avions dû inverser notre choix de première ronde avec les Devils parce qu'on nous avait accusé de maraudage et ça a déjoué nos plans. Les joueurs qui étaient prioritaires sur notre liste n'étaient plus disponibles. Shea Weber et Patrice Bergeron étaient encore libres et nous aurions dû les choisir. Mais imaginez-vous que je n'avais même pas eu l'occasion de voir Bergeron à l'oeuvre. D'où l'importance d'être appuyé par une équipe de recruteurs solides parce qu'un responsable du recrutement ne peut parcourir seul les quatre coins du globe. J'ai eu à faire certains ajustements en cours de route.»

 



SUR SON CHOIX SENTIMENTAL :



« Question difficile à répondre, mais j'opterais pour T.J. Oshie, notre choix de première ronde (24e au total) en 2005 qui a déjà un impact au sein de l'un de nos trios offensifs. Nous l'avons repêché alors qu'il jouait pour l'équipe de son école secondaire. Je ne sais pas si vous avez déjà assisté à un match d'une équipe secondaire, mais c'est extrêmement difficile d'évaluer le talent de ces jeunes joueurs et de faire des projections. Je suis allé souvent le voir. Notre recruteur dans la région, Mike Antonovich, l'adoraient mais au début, je ne voyais pas ce qu'il voyait. J'y suis retourné à maintes reprises avant de finalement voir en lui un talent. Ce fut un long processus mais pour toutes ces raisons, c'est devenu l'un de mes choix favoris. »

 



COMPARAISON ENTRE PIETRANGELO, REPÊCHÉ 4e AU TOTAL EN 2008, ET JOHNSON, REPÊCHÉ 1e au TOTAL EN 2006 :

« Ce sont deux grands défenseurs droitiers qui sont des joueurs d'impact. Johnson est plus puissant et athlétique. Pietrangelo s'en remet davantage à sa vision, à son sens du jeu et à ses instincts. Pietrangelo doit travailler son patin. Johnson ratera la saison au complet mais on nous dit qu'il sera remis à 100% de son intervention chirurgicale au genou. »