L'ancien dur à cuire des Oilers, des Penguins et du Canadien parle avec toute la sensibilité dont il est capable du métier de bagarreur au hockey dans une chronique publiée dans le Globe and Mail. Il insiste sur l'aspect psychologique du travail, celui en fait qui fait le plus de ravage auprès de ceux qui le pratiquent.

C'est l'angle qui m'avait plus fasciné dans les confidences de Dave Morissette lorsque j'avais écrit ses mémoires, mais celui qui a pourtant le moins retenu l'attention parce que la plupart des gens avaient accroché au dopage.

Voici un extrait du texte de Georges:



«Je peux encore me rappeler de mon premier match dans la LNH avec les Oilers d'Edmonton, contre les Sharks de San Jose. J'étais sur la patinoire lors de la mise en jeu contre Dave Brown, qui avait la réputation d'être un bagarreur féroce. J'étais si proche de lui que je pouvais l'entendre respirer et je ne pouvais m'empêcher de penser qu'il avait déjà brisé la mâchoire de Stu Grimson d'un seul coup de poing. J'étais obsédé par l'idée qu'il puisse me demander à jeter les gants car je me disais qu'il pourrait me casser la figure à moi aussi. J'ai paniqué et j'ai évité son regard, j'étais penché tellement bas que je pouvais voir la glace entre ses patins jusqu'à mon gardien. J'ai eu tellement peur que je me suis dit à cet instant que je ne me battrais jamais dans la LNH...»



«L'aspect physique n'est pas le plus difficile parce qu'une fois le combat engagé, l'adrénaline coule à flot et vous ne sentez pas la douleur. Le combat demeure psychologique. Un combat commence beaucoup plus tôt que lorsque les gants se jettent. Durant la saison, ça occupe continuellement ton esprit. Tu songes au match qui s'en vient, à celui que tu devras affronter. C'est tellement présent dans ta tête que parfois tu n'arrives pas à dormir, à t'amuser avec tes enfants ou à te concentrer sur un film au cinéma. Le jour des matchs, certains durs suent beaucoup à cause de l'anxiété, ont de la difficulté à avaler quelque chose. On voit souvent deux durs à cuire s'affronter tôt dans un match parce qu'ils veulent régler ça le plus vite possible afin de pouvoir jouer par la suite et ne plus s'inquiéter avec ça. Le combat psychologique est constant parce que lorsque le match se termine, il y en a un autre, et tu dois penser au prochain dur à cuire, et après un certain temps, ça peut te rendre fou»





Georges Laraque ne l'a pas fait pour promouvoir l'abolition des bagarres car il est encore en faveur des combats sur patins (le Dalai Lama n'a pas réussi à le transformer en apôtre de la non-violence...), mais je me permets de saisir le ballon au bond et de rappeler pour ma part que le hockey pourrait très bien s'en passer, qu'il s'agit d'un métier dangereux physiquement et psychologiquement. Faisons les disparaitre!

À ceux qui affirment que l'abolition des bagarres contribueraient à augmenter le nombre de coups dangereux, je vous suggère de consulter Sidney Crosby, Marc Savard, David Booth, Max Pacioretty, Ryan McDonagh, Patrice Bergeron, David Perron, Brian Campbell, Andrei Kostitsyn, Paul Kariya, Eric Lindros, Kyle Okposo et une centaine d'autres...