À un certain moment donné, l'Avalanche du Colorado n'aura pas le choix de s'améliorer. Après Matt Duchene, repêché au troisième rang en 2009, Gabriel Landeskog, choisi deuxième en 2011, et probablement Seth Jones au premier rang en 2013, puisque l'Avalanche a remporté la loterie hier, et qu'on compare Jones à Chris Pronger, Denver finira bien par grimper au classement.

Quoique détenir le premier choix au total n'est pas nécessairement un gage de succès à long terme. Voici d'ailleurs à cet effet le texte que j'ai pondu la veille pour La Presse +.

Une majorité de fans aura les yeux braqués sur la loterie de la LNH, ce soir.

Le gagnant aura la chance de repêcher le meilleur joueur junior au premier rang. C'est sans doute l'objet de convoitise le plus précieux après la Coupe Stanley.

Pourtant, détenir le premier choix au repêchage est loin d'être un gage de succès. Les Oilers d'Edmonton, par exemple, rateront encore les séries éliminatoires après avoir obtenu le premier choix lors de trois saisons consécutives (Taylor Hall, Ryan Nugent-Hopkins et Nail Yakupov).

Edmonton constitue l'un des trois clubs de la Ligue nationale a avoir détenu trois fois le premier choix au total lors des vingt dernières années. Tampa Bay (Roman Hamrlik, Vincent Lecavalier et Steven Stamkos) et Ottawa (Alexandre Daigle, Bryan Berard et Chris Phillips) sont les autres.

Le Lightning a remporté une Coupe Stanley en 2004, mais Hamrlik avait déjà quitté et Stamkos avait 14 ans. Lecavalier a été un acteur important de cette conquête, mais Tampa ne l'aurait pas emporté sans les prouesses de son choix de troisième ronde Brad Richards et d'un petit joueur jamais repêché rejeté par les Flames de Calgary, Martin St-Louis.

L'ancien directeur général du Canadien, André Savard, estime que l'importance de détenir le premier choix varie d'une année à l'autre.

« Si on revient au repêchage de 2005, Sidney Crosby était dans une classe à part et il a sauvé les Penguins de Pittsburgh, dit-il à propos de son organisation. Même chose avec Mario Lemieux en 1984 ou Eric Lindros en 1991 puisque Pat Faloon était le deuxième choix. Par contre, la différence entre les premiers espoirs est moins grande cette année. »

En 2001, Ilya Kovalchuk était dans une classe à part, estimait André Savard. Alors à la tête du Canadien, il avait tout fait pour mettre la main sur le premier choix des Thrashers.

« Ce n'était pas un Crosby ou un Lemieux, mais je l'avais vu jouer à maintes reprises et je le trouvais très spectaculaire. Il n'a peut-être pas atteint le niveau prévu, mais l'effort pour l'obtenir en valait la peine. J'avais offert à Atlanta notre premier choix (7e au total), Ron Hainsey, Marcel Hossa et le choix entre Mathieu Garon ou Jeff Hackett. Ils voulaient José Théodore dans la transaction et j'ai refusé. Je ne l'ai jamais regretté puisque dès l'année suivante, José remportait les trophées Hart et Vézina et sans lui, nous n'aurions jamais atteint les séries. »

Les Thrashers d'Atlanta, les Islanders de New York et les Penguins de Pittsburgh ont obtenu le premier choix à deux reprises depuis 1992. Pittsburgh a remporté la Coupe Stanley grâce à Sidney Crosby et Marc-André Fleury, et aussi Evgeni Malkin et Jordan Staal, repêchés au deuxième rang, mais Atlanta s'est qualifié une seule fois en séries et Long Island n'a pas franchi la première ronde depuis... 1992 !

Il existe d'ailleurs deux écoles de pensées dans la LNH. Ceux qui croient qu'un club puissant se bâtit en terminant dans la cave du classement pendant plusieurs saisons et ainsi repêcher parmi les premiers.

Et il y a les autres qui ne veulent pas sacrifier la saison et qui misent plutôt sur une administration éclairée, capable de dénicher des perles dans les rondes plus tardives et d'effectuer des échanges judicieux.

Les Red Wings de Détroit, par exemple, n'ont pas repêché dans le top 15 depuis 1991. Ils ont pourtant remporté quatre Coupes Stanley et atteint une finale depuis.

Avant de repêcher Adam Larsson au quatrième rang l'an dernier, les Devils du New Jersey n'avaient pas choisi parmi les cinq premiers depuis Scott Niedermayer en 1991. Ils ont pourtant remporté trois fois la Coupe Stanley et atteint la finale deux fois.

Les Bruins de Boston ont remporté la Coupe il y a deux ans grâce entre autres aux joueurs autonomes Zdeno Chara et Tim Thomas, ainsi qu'à des choix de deuxième ronde comme Patrice Bergeron, Milan Lucic, David Krejci.

Les Panthers de la Floride ont pu mettre la main sur Jonathan Huberdeau au deuxième rang en 2011 et sur le défenseur Erik Gudbranson au troisième rang en 2010. Ils ont 25% de chances d'obtenir le premier choix cette année. On verra bien si ça sera suffisant pour sortir du marasme.